Tête chercheuse du gouvernement qui dérange régulièrement notre cher et vieux pays comme un chien dans un jeu de quilles, le jeune ministre de l’Économie Emmanuel Macron vient de jeter une pierre dans l’Eden des fonctionnaires en déclarant « non justifié » l’emploi à vie qui caractérise principalement leur statut. De quoi provoquer l’émoi des gros bataillons et de la vieille garde du Parti socialiste, affolés d’avance à la perspective de réactions vengeresses de leur électorat habituel largement composé de… fonctionnaires, et de surcroit mécontents de voir remettre en cause un « acquis » dont ils bénéficient souvent eux-mêmes…
Certains ont réclamé la tête du ministre, coupable de crime de lèse-privilège dans la France d’après 1945, date de l’indéboulonnable et sacro-saint « Statut de la Fonction publique ». Alors, alarmés, le Président de la République et le chef du gouvernement Manuel Valls ont dû déployer des trésors d’énergie, voire de diplomatie, pour apaiser la colère des mécontents, en s’efforçant d’annuler l’effet Macron auprès des défenseurs des emplois garanti à vie, sans pour autant désavouer trop ouvertement leur ministre. Un exercice d’équilibre délicat, à l’approche d’échéances électorales non moins difficiles.
La Macron-économie doit rester un art tout en finesse : même si elle peut s’autoriser quelques écarts de langage, elle doit éviter de contrarier à l’excès les intérêts personnels, tout particulièrement ceux des détenteurs du service public, jaloux de leurs avantages acquis. Que l’intérêt général du pays doive attendre au fil d’une évolution des mentalités qui progresse, c’est une autre affaire. Cependant, après le tabou des 35 heures, voilà une autre vache sacrée qui rumine dans son pré carré. « Comment voulez-vous gouverner un pays où il y a 300 sortes de fromage ? » disait autrefois De Gaulle…
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