Une existence consacrée à la vie : Richard Collier. - France Catholique
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Une existence consacrée à la vie : Richard Collier.

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Tard le soir, dans la tempête de neige. Mais pour Rich Collier c’était toujours tard, dans la nuit, sous une neige aveuglante : aller chez un juge pour obtenir sa signature sur une décision de justice. Cette fois-ci, il s’agissait d’une adolescente de 14 ans que ses parents voulaient contraindre à avorter.

Mûre ou pas, selon les critères des adultes à propos de maturité, elle ne voulait pas avorter. Rich trouva le juge chez lui à minuit pour l’autorisation de prendre en charge la jeune fille. À 1h. du matin il arriva chez elle, devant persuader ses parents. Elle était tellement anxieuse cette nuit-là de contacter Rich qu’elle se précipita par la fenêtre pour venir au-devant de lui, comme si le document qu’il avait pouvait lui apporter le soulagement.

Mais ce n’était sans doute pas tant le document que son propre sentiment, et l’exemple de Rich, roulant dans les pires conditions sans autre intention que sauver l’enfant qu’elle portait. Ce témoignage moral aida à adoucir les parents et à les persuader d’accepter le choix de leur fille.

Ceci s’est passé voici seize ans, et maintenant la famille et les amis de Rich se réunissent à Princeton pour célébrer sa mémoire. Rich a été enlevé par un cancer le jour de Noël. Bien trop jeune — 63 ans, en pleine force de l’âge. On l’avait toujours classé parmi les « super-juristes », spécialiste au civil dans le monde des affaires. Mais il était aussi brillant, intraitable, tenace, comme juriste au service du mouvement pro-vie.

Sa fille et ses deux garçons étaient maintenant mariés, et avaient tous trois des enfants. Et cette jeune fille qui avait alors quatorze ans — maintenant trente, assistait aussi à la veillée avec sa fille adolescente, une adorable jeune femme.
Au cours de la même année où il était allé à son secours, il avait roulé sous la neige pour plaider auprès d’un autre juge, mais avec des perspectives bien moins prometteuses. Au tribunal de Somerville, New Jersey, une femme de 33 ans était poursuivie pour trafic d’héroïne. Enceinte de cinq mois et demi elle demandait à être mise en liberté pour aller avorter.

L’information était parvenue à Rich du Centre juridique de Morristown pour la Défense de la Vie. Sans mandat, Rich se présenta au Tribunal comme représentant l’enfant. Devant un auditoire incrédule et réticent il déclara: « Je représenterai avec toute la vigueur nécessaire mon client …. ce bébé a un droit inaliénable à la vie, nul ne peut le lui retirer.»

Mais, argument intéressant, Rich proposa que son association avance la caution afin que cette femme soit libre de prendre sa décision. Le juge ne considérait pas qu’il eût le pouvoir de protéger l’enfant à naître. Il n’agirait qu’en vue de laisser le libre choix à la femme. Mais Rich, une fois de plus, eut gain de cause. Sortie de prison, et libre d’aller avorter, elle fit le choix inverse, la vie pour son enfant.
Relisant mes vieux documents après le sécès de Rich, je suis tombé sur un récit qu’il m’avait préparé dix ans plus tôt, avec le soin porté pour un témoignage. Il mettait au propre la vie et le récit d’une courageuse infirmière d’un hopital du New Jersey. Elle avait découvert que des médecins de son hopital pratiquaient des avortements tardifs, mettant au monde des enfants viables puis les isolant afin qu’ils meurent dans une pièce destinée aux déchets. [NDT: dans certains États des États-Unis on pratique encore ce qu’on appelle pudiquement « l’avortement tardif ». Mise à mort préalable (ou non) de l’enfant, puis élimination. On cite de nombreux cas d’enfants ayant survécu à ces procédés barbares, alors que la Cour Suprême discute doctement ces jours-ci pour décider à quel avancement de grossesse (20 semaines ?) un enfant à naître pourrait souffrir en cas d’avortement.].

Rich avait suivi de près mon travail sur l’encadrement et la promulgation de « l’Acte de protection des enfants nés viables ». Il se jeta dans la tâche de compilation afin d’introduire une requête à ce sujet. Cependant, au Ministère de la Justice, même sous la présidence de George W. Bush, nous nous sommes heurtés à des obstacles de procédure tels que nous risquions la défaite. Finalement, nous avons dû remonter aux textes initiaux pour faire aggraver lourdement les sanctions.

Pourtant, Rich ne s’est jamais avoué vaincu. Tenace jusqu’à la fin de sa vie, toujours prêt à plaider encore et encore pour renforcer « l’Acte de protection des enfants nés viables » afin d’accomplir tout ce que notre loi prévoyait. Le père de Rich avait servi au F.B.I. , ce qui semble avoir influencé son comportement par attachement à la loi. Rich avait poursuivi ses études à Harvard, joué au foot-ball, et j’ai l’impression que la ténacité qu’il montrait sur le stade l’accompagna toujours dans sa défense de la vie à toutes ses étapes.

Pour sa chère épouse Janet, et pour Megan, Sean et Matthew, la perte est insondable. Mais face au deuil que partagent ses amis reste le don de l’énergie et de l’espoir qu’il a apporté à la défense de la vie.

Rich avait conservé dans ses papiers une méditation de Jean-Paul II sur la signification du Paraclet. Jésus avait cité l’Esprit Saint comme le « Paraclet ». Jean-Paul II remarquait que « parakletos » signifie littéralement « celui qui est appelé » (celui qu’on appelle au secours). Il est donc le défenseur, l’avocat, tout comme le médiateur assume la tâche d’intercession.

C’était Rich, un intercesseur. Et si le Paraclet ne peut passer à cause de la tempête de neige, nous savons bien qui ira.

Richard F. Collier – Paix à sa mémoire.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2014/rich-collier-a-life-in-full.html