« Un culte très lié à la France » - France Catholique
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« Un culte très lié à la France »

La figure de saint Michel est honorée en France depuis treize siècles. Rétrospective avec Catherine Vincent, médiéviste, co-auteur de la somme Saint Michel (éd. du Cerf).
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Le Mont-Saint-Michel.

Le Mont-Saint-Michel.

© Matt Hardy – pexels

Comment le culte de saint Michel est-il arrivé en France ? Catherine Vincent : Après des hypothèses selon lesquelles il serait arrivé d’Irlande, pays christianisé par saint Patrick, il est désormais plus probable que le culte de saint Michel soit arrivé, comme l’ensemble du christianisme, par les régions méridionales. Ainsi, une chapelle dédiée à saint Michel est attestée à Arles, dans la première moitié du VIIe siècle. À cette époque, saint Michel tient un rôle politique et il est le saint des élites franques : en tant que prince de la milice céleste, il est naturellement perçu comme un protecteur. Il était aussi perçu tel quel par les membres des grandes familles, qui diffusent ensuite le culte auprès de leurs proches, qui font de même auprès de la population… Dès le début, on retrouve saint Michel dans les cimetières… Pourquoi ? Très tôt, on reconnaît à saint Michel la qualité de « psychopompe » : par sa nature angélique, il est très proche de Dieu et on lui attribue donc la qualité d’acheminer l’âme du défunt dans le séjour céleste, un concept encore assez peu défini durant cette première moitié du Moyen Âge. Étant celui qui achemine l’âme dans l’au-delà, cela explique que sa dévotion se retrouve dans les chapelles des cimetières. Dans la même perspective, on trouve rapidement des chapelles Saint-Michel en hauteur, entre le monde des hommes et le monde divin… À partir du XIe siècle et la réforme grégorienne, le culte devient plus « spirituel »… Il faut comprendre que la réforme grégorienne n’est pas qu’une réforme institutionnelle. Elle prétend christianiser la société en développant un discours pastoral rappelant que chaque fidèle est responsable de son salut ! Jusque-là, on considérait que les moines portaient le salut de tous par leur prière. Les clercs du Moyen Âge avaient les pieds sur terre : on ne pouvait jamais ranger l’épée qui verse le sang, alors il fallait montrer clairement qu’il y avait là, tout de même, une voie de salut possible. Ainsi, à l’initiative des membres du clergé, la figure de Michel est mobilisée non pas tant pour justifier le combat terrestre et la fonction des chevaliers, mais pour essayer de donner au combat une autre dimension, de l’accompagner d’un point de vue pastoral.  Il y a certes de justes causes à la force armée, mais la cause ultime, c’est la lutte contre les forces du mal, à l’image de saint Michel, constamment en guerre contre l’ange déchu. Ce que l’universitaire Esther Dehoux a souligné : contrairement à d’autres représentations de saints qui tuent des dragons, le Diable que combat Michel est toujours vivant. Le combat n’est donc jamais terminé. Retrouvez l’intégralité de l’entretien dans le magazine.
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Livre Saint Michel
Livre Saint Michel
Saint Michel, collectif, éd. du Cerf, octobre 2022, 253 pages, 49 €.