Un combat victorieux et incessant - France Catholique
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Un combat victorieux et incessant

Surmonter l’autisme : c’est ce que réussit chaque jour Valentin, 19 ans, atteint d’un autisme dit de « haut niveau », qui a intégré une prestigieuse école parisienne. Pour cela, il s’est battu sans faillir aux côtés de ses parents et de professionnels dévoués.
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Valentin le 31 mars dernier dans l’émission «  Zone Interdite  », sur M6

Valentin le 31 mars dernier dans l’émission «  Zone Interdite  », sur M6

Les Français ont découvert Valentin le 31 mars dernier dans l’émission « Zone Interdite », sur M6. Interviewé par Ophélie Meunier devant le mythique amphithéâtre Émile Boutmy de Sciences Po, à Paris, ce jeune homme athlétique – étudiant en deuxième année et licencié dans trois clubs de basket – délivre un message simple : c’est sa capacité « à vivre avec les autres » qui lui permet chaque jour de marquer des points face à l’autisme. Une punchline pleine d’espoir et d’énergie qui lui a valu d’être partagée sur les réseaux sociaux, non sans susciter parmi les commentaires, quelques observations dissonantes : ce témoignage, déploraient certains internautes manifestement touchés dans leur entourage, serait trop « idyllique », à mille lieux des difficultés rencontrées dans les familles.

Incroyable parcours

De fait, l’approche bienveillante du documentaire n’a guère évoqué l’incroyable parcours qui fut le sien, et celui de ses parents, pour en arriver là. Lisa Salamandra Thiercelin, sa mère, se souvient de la petite enfance de son aîné : « Valentin revient de très loin, confie-t-elle à France Catholique. À l’âge de trois ans, il ne parlait toujours pas, sinon par écholalie, c’est-à-dire en répétant les derniers mots ou syllabes qu’il entendait. Avec mon mari, nous ne savions rien de l’autisme. Mais nous avons eu de la chance : quand le diagnostic a été posé, une cousine m’a orientée vers la méthode ABA ».

Cet acronyme (cf. magazine p. 30-31) désigne une méthode d’apprentissage développée à partir des années 60 par le docteur Ivar Lovaas. Elle est fondée sur la spécificité des capacités cognitives des jeunes autistes, en particulier visuelles. Ils permettent d’obtenir des résultats parfois spectaculaires, à condition de démarrer le plus tôt possible.

Convaincus du potentiel de cette méthode, peu développée en France et encore moins prise en charge, les parents décident de partir aux États-Unis, alors que leur bébé n’a pas encore atteint l’âge de 3 ans et demi. En quelques semaines, la petite famille a changé de vie. Valentin développe rapidement l’usage de la parole, apprend à lire, devient même bilingue tandis que se nouent des contacts affectifs de plus en plus étroits avec son entourage.

Deux ans plus tard, les spécialistes qui le suivent sont formels : il peut retourner en France et entamer un parcours scolaire dans des établissements classiques. Et de fait, ses parents – tous deux artistes-peintres – franchissent l’océan en sens inverse et gagnent la campagne bourbonnaise où ils sont installés depuis.

Faut-il pour autant parler d’une méthode miracle ? Surtout pas, tempère Lisa Salamandra, qui est aujourd’hui référente régionale de l’association Asperger Aide France. La méthode ne les a jamais dispensés d’entourer Valentin du maximum d’attentions depuis leur séjour américain et jusqu’à aujourd’hui. « La méthode ABA ne guérit pas et la situation reste toujours compliquée en ce qui concerne les interactions sociales. Rien n’aurait été possible sans les personnes exceptionnelles qui ont entouré Valentin par la suite. Je songe en particulier à une directrice d’école ou à une orthophoniste qui ont été exceptionnelles. Ou encore à une AVS-i qui allait jusqu’à partir en voyage scolaire avec Valentin ».

À l’âge de 19 ans, Valentin fait désormais face au défi de l’autonomie. Certes, à Sciences Po, il peut bénéficier de conditions d’accueil remarquables, mais tout ne se présente pas aussi simplement pour le jeune provincial. Beaucoup de portes se sont fermées dans sa quête d’un logement, avant qu’un foyer d’étudiants ne lui ouvre grandes ses portes. Sa persévérance n’a pas fini d’être sollicitée.

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Rens. : www.aspergeraide.com