La situation s’est à nouveau tendue ce jeudi dans l’Est de l’Ukraine, avec plusieurs morts parmi les combattants pro-russes et un blessé dans l’armée ukrainienne, malgré l’accord de « désescalade » signé huit jours avant à Genève par les chefs des diplomaties ukrainienne, russe, américaine et européenne. Ces nouvelles victimes ont été causées lors de l’intervention de blindés ukrainiens contre le bastion séparatiste de Sloviansk, à mi-chemin entre Kharkov et Donetsk, dans le cadre de l’opération « antiterroriste » décidée au début du mois par le gouvernement pro-européen de Kiev.
Depuis le Kremlin, Vladimir Poutine a condamné cette intervention de l’armée ukrainienne, la qualifiant de « crime sérieux contre son propre peuple »…, et a averti que cela « aurait des conséquences ». Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a reformulé cette menace avec une précision sans précédent, en déclarant que Moscou est prête à intervenir si ces intérêts sont menacés « comme ils l’avaient été en Ossétie du Sud », c’est-à-dire… en Géorgie en 2008, où Moscou avait envoyé ses chars d’assaut. L’armée russe occupe depuis lors la région, ainsi qu’une seconde région géorgienne, l’Abkazie : ces deux occupations permettent de couper les voies d’approvisionnement éventuel de l’Occident en ressources énergétiques venues d’Azerbaïdjan, et renforcent ainsi le monopole du gaz russe.
Du côté occidental, le président américain Barack Obama accuse la Russie de « ne pas respecter ni l’esprit ni la lettre » de l’accord de désescalade signé à Genève, et menace Moscou de nouvelles sanctions, tout en souhaitant une concertation internationale à ce sujet. Selon la diplomatie allemande, « chaque jour qui passe rend une solution de plus en plus difficile à trouver »… Moscou répond en accusant les Etats-Unis et l’Union européenne de « fomenter une révolution » en Ukraine…
Cependant, les autorités ukrainiennes de Kiev assurent avoir repoussé un assaut d’un groupe armé prorusse contre une base militaire proche de Sloviansk, et avoir repris le contrôle de la mairie de Marioupol, ville côtière de la mer d’Azov située au Nord-Est de la Crimée, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière russe. Mais dans ce climat d’affrontements meurtriers, la tenue des élections présidentielles annoncées par Kiev pour le 25 mai prochain semble devenue problématique, même si elle peut être assortie d’un référendum général sur l’organisation structurelle future de l’Ukraine.
Denis LENSEL