Le bébé noir est-il une espèce en voie de disparition ?
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(L’hebdomadaire) The Economist, sous le titre « une guerre mondiale contre les nouveaux-nés de sexe féminin », a récemment décrit la pratique de l’avortement sélectif selon le genre.
Certaines régions d’Inde et de Chine ont aujourd’hui une population de plus de 120 nouveaux-nés masculins pour 100 de sexe féminin ; dans la province chinoise de Hubei le ratio est de 135 pour 100. (Le périodique médical) The Lancet a indiqué dès 2006 qu’il y avait un déficit de cent millions de filles dans le monde du fait de cette pratique qui, de manière intéressante, concerne principalement en Inde les catégories riches et hautement éduquées.
Même ces publications qui ont rendu ce service d’alerter l’opinion sur ces alarmants déséquilibres de genre évitent tout jugement de valeurs sur l’avortement en soi. The Economist nous rappelle la ligne officielle de la rédaction – l’inepte pétition que l’avortement doit être « sûr, légal et rare ». Prudemment, il s’avance jusqu’à noter que « les effets cumulatifs de telles actions individuelles sont catastrophiques pour les sociétés », ce qui donne l’impression que le phénomène serait acceptable s’il était sexuellement équilibré. Sans condamner le fait en soi toujours et partout, on ne peut que se lamenter de son déséquilibre en pratique.
En 2009, le British Medical Journal a publié les résultats d’une enquête démographique représentative à l’échelon national conduite en Chine qui montrent qu’il y avait en 2005 trente-deux millions d’hommes de plus que de femmes de moins de vingt ans. Les auteurs de cette étude ont préféré écrire qu’il y avait eu en 2005, « un excèdent de 1,1 million de naissances de garçons » – plutôt que de décrire ce déséquilibre comme un déficit de filles. On concevra qu’il est possible de deviner beaucoup de choses derrière cette bizarre déclaration, mais elle apparaît avoir été délibérément préméditée.
La récente découverte que 41 pour cent de l’ensemble des grossesses dans la ville de New York se terminent par un avortement provoqua un choc. C’est le double de la moyenne nationale. Le chiffre au sein des Africains-Américains est de 59,8%, supérieur à celui de l’Europe de l’Est qui détient le taux le plus élevé d’avortements au monde ; selon le rapport du Lancet de 2007, cette dernière région (affligée de sept décennies de socialisme paralysant) enregistrerait encore 105 avortements pour cent naissances.
Ne serait-il donc pas excessif de dire qu’il se mène une guerre contre les bébés afro-américains ? L’évêque auxiliaire de Washington D.C., Martin Holley, ne le pense pas ; il relève que sans les treize millions d’avortements au sein de la communauté noire depuis l’arrêt Roe v. Wade (1973), l’actuelle population noire d’Amérique se serait accrue d’un tiers. Dr. Alveda King (nièce du Dr. Martin Luther King Jr) ne mâche pas ses mots non plus en disant que « la grande ironie de l’histoire est que l’avortement a fait plus que ce que le Ku Klux Klan avait jamais rêvé ».
Plus d’un tiers de l’ensemble des avortements en Amérique se produisent parmi les Noirs. Selon une enquête du CDC, le nombre des avortements parmi les Noirs-Américains dépasse l’ensemble des sept principales causes de décès : maladie cardiaque, cancer, infarctus, accident, diabète, homicide, et maladie respiratoire chronique (pour la première fois, la publication du rapport du CDC sur l’avortement de l’année dernière a été retardée mais elle serait apparemment imminente).
Il est curieux de voir comment l’avortement a fini par dévorer des groupes spécifiques – les Noirs aux Etats-Unis, les femmes en Asie – les mêmes groupes dont ses avocats prétendent se faire les champions. Cela ressemble étrangement aux schémas de victimisation des formes les plus virulentes de socialisme.
La différence principale entre nazisme et communisme réside dans le type de groupe qui se retrouve finalement prisonnier de la toile d’araignée du pouvoir. L’Allemagne nazie a mis en œuvre son type particulier de socialisme à travers le prisme de la race – et la cible fut les juifs. L’Union soviétique (où sévissait également l’antisémitisme) a mis l’accent sur les distinctions de classe ; la promesse d’un paradis des travailleurs a jeté des travailleurs sans pouvoir au goulag ou sous la terre. Les deux idéologies furent des « cousins germains » intellectuels, pas totalement distincts ainsi que Jean-François Revel l’a abondamment montré dans son livre : La grande parade. Essai sur la survie de l’utopie socialiste (2000). Toutes deux furent des « dictatures de l’idée ». Toutes deux supposaient « l’abolition de l’individu… de l’être humain. »
L’homme soviétique, écrit Revel, ne devait plus être qu’un « rouage dans la grande machine à meuler du socialisme », et traité comme « une molécule au sein de l’organisme social ». Ceci est ce qui précisément arrive aussi avec l’avortement. La vie naissante est regardée comme une collection de « molécules » – un groupement de cellules – entièrement subordonnés au grand « organisme ». Quel est le « droit à la vie privée » sinon un totalitarisme privé, lorsque le gouvernement autocratique de la mère l’emporte sur l’être humain en développement et sans pouvoir ? Pour la mère qui a décidé d’avorter, le bébé est le dernier résistant.
Seul quelqu’un d’engagé dans la défense à tout prix de « la décision originelle de la mère » pouvait voter contre la protection des bébés qui ont survécu à une tentative d’avortement, comme Barack Obama le fit outrageusement. La sauvagerie de ce « médecin » de Philadelphie qui redoublait d’efforts pour prendre la vie des bébés qui avaient échappé à une première tentative n’est pas fondamentalement différente de ce qu’Obama pense devoir être la loi nationale.
Tel est l’homme qui s’évertue à socialiser le secteur de la santé (un sixième de l’économie) et qui tente, à chaque occasion et avec une grande duplicité, de collectiviser « le droit à la vie privée ». Léonid Brejnev (ancien premier secrétaire du parti communiste soviétique) pensait que la « morale consistait en ce qui sert les intérêts du Communisme ». Il semble qu’Obama ait conclu que la morale consistait en ce qui sert les intérêts du planning familial, auquel il s’est référé – froidement – comme le « pourvoyeur d’un filet de sécurité ».
Les contrôleurs de la pensée du 1984 de George Orwell n’auraient pu dire mieux. Le planning familial absorbe déjà des centaines de millions de subventions de l’Etat, affiche de brillants profits, et détient d’abondants actifs. Qui savait que pourvoir un « filet de sécurité » pouvait être aussi rentable ? Je suppose qu’il se trouve toujours des mercenaires pour tuer.
Qu’est ce que la culture de mort sinon, comme Jean-Paul II l’a écrit dans Evangelium Vitae, « une guerre des puissants contre les faibles » ?
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Source : Private Totalitarianism, Writ Large
http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/private-totalitarianism-writ-large.html
Pour aller plus loin :
- Journées capitales en prévision
- Le totalitarisme chinois et l’Église catholique
- Conseil de l’Europe : la pratique de sélection prénatale en fonction du sexe nécessite de restreindre l'accès à l’avortement
- 2 février 2014 : manifestations capitales !
- Totalitarisme, anarchie, et nos désillusions croissantes