The Catholic Thing : cinq ans! - France Catholique
Edit Template
Pontificat de François - numéro spécial
Edit Template

The Catholic Thing : cinq ans!

Copier le lien

Notre « Catholic Thing » — « Affaires catholiques » — est un assemblage de plein de petites choses. Et au total elle est immensément plus grande que la somme de ses composants. En vérité, bien des mouvements se sont constitués à partir d’un ou plusieurs éléments; le puritanisme est issu de l’ascétisme, l’hédonisme est né des plaisirs du monde, le scientisme provient du don divin de notre domination sur terre, une espèce de paganisme environnemental au service de la création.

On ne peut négliger une partie quelconque de l’ensemble. Sans la cohésion, les éléments séparés risquent de devenir trompeurs. Une vérité a toujours de l’influence, ce qui explique pourquoi beaucoup de gens touchés par une vérité s’imaginent détenir toute la vérité.

C’est ce qui s’est produit au cours de ce dernier demi-siècle. Ma paroisse en est un exemple flagrant. Nous avons trois prêtres brillants et pieux, animant une solide communauté en pleine expansion. Mais le bâtiment de l’église est comme ces théatres en rond tant à la mode à l’époque de sa construction, vers 1960.

Les catholiques étaient alors fortement attachés à une de ces idées: les nouvelles églises — reflet de Vatican II — devaient, pensait-on, encourager un face-à-face de la communauté avec le Christ au centre. Ce qui, sans aucun doute, était un des éléments constitutifs du Catholicisme au cours des âges.

Malheureusement, on avait laissé tomber bien d’autres sujets. Les fonts baptismaux de ma paroisse sont coincés dans une minuscule antichambre, ajoutée comme après-coup — impossible d’y faire tenir une grande famille pour assister à l’entrée d’un nouveau-né dans la vie de la foi.

Il n’y a pas d’allée centrale pour l’entrée de la fiancée à son mariage. Pas d’emplacement approprié pour le cercueil dans l’aire circulaire qui entoure l’autel lors de funérailles. De bien des sièges, on se tord le cou si on veut voir le prêtre qui prononce son homélie.

Bref, les constructions de cette époque — tout comme l’Église elle-même en général — semblaient fixées sur quelques vérités catholiques mais avaient perdu toute la perspective offerte par la Catholicité.

Inutile d’insister sur la parabole que celà pourrait inspirer. Mais une lueur d’espoir se manifeste: notre curé, prêtre jeune et dynamique, envisage la construction d’une nouvelle église de style Roman/moderne parfaitement adaptée à tout ce qu’une église doit offrir à ses fidèles aux différentes étapes de la vie.

À notre façon, depuis 2008, l’équipe de « The Catholic Thing » avance dans le même esprit. Il y a cinq ans, le deux juin, je publiais mon éditorial inaugural, présentant notre pensée et notre projet. Dans ma première phrase, et je le crois encore plus fermement maintenant, je disais « la « Catholic Thing » [« Affaires catholiques »] — réalité concrète et historique du catholicisme — est la plus opulente tradition culturelle du monde.»

Réunis pour démarrer ces pages — le regretté Ralph McInerny, Michael Novak, Hadley Arkes, George Marlin, Austin Ruse, et d’autres encore — nous étions conscients de la tendance, particulièrement aux USA, à prendre l’Église catholique pour un organe susceptible d’évoluer au fil du temps, un peu comme notre Constitution des États-Unis est actuellement triturée pour lui faire dire le contraire de ce pourquoi elle a été écrite, sous prétexte que c’est un « document vivant ».

Nous avions à l’esprit cette lettre que Belloc écrivit à Chesterton peu après la conversion de ce dernier:

« je suis porté intellectuellement au scepticisme, et physiquement à la plus grande sensualité. Une sensualité telle que les vertus pour maîtriser les sens ne sont pour moi que paroles. Mais je les accepte comme véridiques et m’efforce de les entendre autant que possible comme un homme en plein combat. Quant au doute s’insérant dans l’âme, je trouve combien il est faux; une tendance, certes pas une conclusion. Ma conclusion — comme pour tout homme l’ayant découverte — c’est la Foi. Concrète, personnelle, formatrice. Du solide, pas de la théorie. Elle, la foi.»

Du concret, pas des théories! Voici la « Catholic Thing » que nous proposerions au monde — aux catholiques. Non pas une idée parmi tant d’autres, mais une réalité vivante ayant survécu aux hauts et aux bas des cultures et des civilisations et qui survivra sans aucun doute à notre propre civilisation.
Nous savions bien que pour de nombreux catholiques — étant donné le chaos dans l’enseignement de l’Église après le Concile Vatican II — nous ne serions guère plus compréhensibles que pour des non-catholiques.

On nous accuse, par certains commentaires publiés sur notre site, nous, nos évêques, et même parfois le pape, de parler avec arrogance au nom de Dieu — méthode classique pour tenter de faire taire les gens. Mais nous ne nous sommes — je parle en mon nom, la hiérarchie est capable de se défendre elle-même — jamais arrogé une telle prétention.

Pourtant, comme tous les catholiques authentiques, nous croyons que Dieu a choisi de Se révéler et de révéler Ses intentions sur les hommes de façon compréhensible pour les simples humains. En soutenant ces vérités, nous ne parlons pas à la place de Dieu, mais nous ne permettrons pas que les autres récusent la parole de Dieu, toute Sa parole.

Et — nous ne sommes pas toujours d’accord entre nous sur la façon de l’exprimer — nous croyons que la parole de Dieu doit trouver sa place dans un monde qui comprend bien des choses de mieux en mieux, sauf ce qui Le concerne.

Mesurant nos performances à l’aune commune, nous pouvons être satisfaits de notre travail au cours de ces cinq années. Nos lecteurs sont de plus en plus nombreux, nos articles sont régulièrement traduits en plusieurs langues, et — ce qui me tient personnellement à cœur — beaucoup de gens nous disent trouver dans « The Catholic Thing » bien plus que sur nombre d’autres sites internet.

Mais nous ne nous arrêtons pas à la mesure matérielle. Notre nouveau pape a hardiment choisi un nom riche en significations catholiques. Et pour les années à venir, nous nous efforcerons au sein de « The Catholic Thing » de suivre, sous les auspices de François, le petit pauvre d’Assise, le conseil qu’il donnait fréquemment à ses frères : « recommençons, recommençons encore, nous n’avons encore rien fait.»