Tempête au sein de l'Église - France Catholique
Edit Template
Pontificat de François - numéro spécial
Edit Template

Tempête au sein de l’Église

Copier le lien

C’est dans la dégradation de la morale catholique depuis Vatican II que se trouvent les racines des problèmes familiaux. Nombre de catholiques — 80%, nous dit-on — ont depuis des décennies un style de vie conjugale axé sur la contraception, et cette perversion a abouti (comme Paul VI le prévoyait) à une dégradation morale chez les catholiques, mariés ou célibataires, une explosion des divorces et de l’infidélité conjugale, l’approbation par des catholiques membres de majorités politiques 1 de l’avortement et du mariage gay, et — nouvelle venue — la pornographie appréciée par les hommes adultes et jeunes. Des théologiens radicaux lancent déjà des pétitions en vue d’une révision de l’enseignement de l’Église en vue de le libéraliser à propos de sexualité.

La solution, selon certains responsables de l’Église, semble résider dans une approche plus « pastorale » de ces questions, mais non dans l’engagement d’une réforme morale de l’Église. Puisque depuis des décennies les chefs ont été remarquablement silencieux sur la contraception, la seule approche plus « pastorale » à laquelle on pourrait penser serait d’inciter les gens à ne pas croire que de telles pratiques sont moralement condamnables, relevant du péché mortel, et donc devraient les priver du sacrement de l’Eucharistie.
La solution pastorale au divorce suivi du remariage a consisté à ouvrir grandes les portes des procédures d’annulation, à tel point que, semble-t-il, n’importe qui peut l’obtenir, il suffit de la solliciter. D’évidence, c’est pour beaucoup un souci mineur en Allemagne, et les responsables de l’Église à Fribourg ont décidé d’inviter les couples d’unions adultérines [divorcés remariés] à revenir et se sentir bienvenus pour recevoir la Sainte Communion. À l’intervention de Rome pour annuler cette décision l’Archevêque de Munich et Fribourg a déclaré que ce n’était pas fini pour les évêques allemands, quoi qu’en dise Rome !

Voyons, cet archevêque pense-t-il vraiment qu’inviter des couples adultères à la Communion amorcera un remplissage des églises allemandes désertées? Ou pense-t-il qu’adoucir l’enseignement sur la contraception — qui fera tomber à coup sûr de 20% à presque 0% la proportion de catholiques fidèles à l’enseignement de l’Église — est susceptible de regonfler la file des fidèles catholiques allemands à la Sainte Communion?

N’a-t-il pas remarqué ce qui est advenu dans l’Église d’Angleterre qui a adopté de tels arrangements pastoraux dès les années 1930? Non, je soupçonne cyniquement une arrière-pensée financière, un accroissement du nombre de fidèles entrainant un accroissement des retours fiscaux de la part du gouvernement en faveur de l’Église catholique [en Allemagne]. Pardon, mais je persiste à penser que c’est plus plausible qu’un vague espoir de ranimer la foi d’anciens catholiques.

L’Église catholique des pays occidentaux a vraiment besoin d’une sérieuse révision morale. Les scandales de prêtres pédophiles étaient un signe de l’époque, partie visible de l’iceberg des questions morales du clergé. Les évêques ont soigneusement camouflé le problème bien plus grave de l’homosexualité chez les prêtres et — spécialement en Europe — le problème grandissant de prêtres entretenant des relations immorales avec des femmes. Ceci expliquerait la question latente du mariage des prêtres posée au sein de la hiérarchie en Europe.

Cette tempête provient d’un enseignement moral erroné, tel que la notion d’une « option fondamentale » que Jean-Paul II et Benoît XVI se sont efforces de contrer. On en est actuellement au point de croire au salut universel tant en théorie qu’en pratique. Le pouvoir malfaisant de « l’option fondamentale » consiste à penser que presque aucun péché ne peut l’inverser puisque cette option est orientée vers Dieu. Et donc la contraception n’est pas un obstacle sur mon chemin direct vers le paradis, ni l’avortement, ni l’homosexualité, ni aucune autre perversion imaginable, meurtre, génocide ou autre. Rien de tout celà ne comptera au final.

Et pourquoi donc rien de tout celà n’importe? Simplement parce qu’en définitive tout le monde se retrouvera au paradis quoi qu’il arrive puisque Dieu n’a sans doute pour seul souci que nous y accueillir tous. Car si quelqu’un manquait, celà signifierait que Dieu a manqué à l’amour ; telle est l’opinion d’un théologien actuel très populaire parmi de nombreux catholiques conservateurs, particulièrement parmi les membres d’âge moyen de la hiérarchie d’Allemagne et d’autres pays européens.

Le professeur Ralph Martin vient de publier « Will many be saved? » (Combien seront sauvés?), un ouvrage magnifique sur ce sujet de la théologie du salut pour tous et ses effets négatifs sur l’évangélisation ; formons le vœu qu’il soit lu prochainement par de nombreux évêques. Il ne s’agit pas seulement de théorie, de nombreux exemples sont cités, dont des éloges funèbres qui canoniseraient n’importe qui — y-compris d’illustres grands pécheurs.

Tout comme l’approche populaire de l’option fondamentale pour une existence morale, la notion de salut pour tous sape tout effort véritable de réforme morale au sein de l’Église. Il est facile de convaincre les gens que le mode de vie importe peu, pourvu qu’on soit gentil envers les autres et qu’on ait confiance en la miséricorde de Dieu. Les Anglicans n’ont guère réussi avec une approche pastorale fondée sur cette sorte de doctrine.

Je suis persuadé que le prochain Synode (2014) sur la Famille et l’Évangélisation échappera à une telle insanité. Je pense essentiellement qu’il en sera ainsi parce que les Synodes sont de plus en plus composés d’évêques non européens ayant assisté à la spirale mortelle des églises du vieux continent et de l’Église Anglicane.Ils semblent décidés à éviter de telles erreurs. En fait, on voit déjà un effet bénéfique du Synode : Il a incité certains évêques anglophiles à annoncer la couleur.


Le Père Mark A. Pilon, prêtre du diocèse d’Arlington, Virginie, est titulaire d’un doctorat en Théologie Sacrée de l’Université Santa Croce à Rome.

Source : The Perfect Ecclesial Storm

Combien seront sauvés ?

  1. Mme Sebelius (soi-disant catholique), Ministre de la santé du gouvernement Obama, Mme Pelosi (soi-disant catholique), présidente du groupe Démocrate au Congrès, défendent farouchement le système « Obamacare » pour la contraception, l’avortement, la stérilisation. M. Kennedy, juge à la Cour suprême, soutient en permanence la cause du mariage homosexuel.