1/ Quels sont pour vous les 3 traits marquants de l’expérience et des échanges du synode ?
Ce qui m’a beaucoup marqué est qu’il s’agit là d’une expérience spirituelle, à la différence d’autres forums internationaux auxquels j’ai participé. C’est bien en fonction du Christ et de la mission de l’Eglise que nos réflexions s’organisent.
On a pu remarquer une belle liberté de parole dans l’assemblée. Dans la fidélité au Magistère, les prises de position pouvaient prendre une grande différence d’inflexion, donnant la possibilité à des évêques qui vivaient des situations de détresse matérielle ou pastorale, de prendre la parole de la même manière que les représentants des grands diocèses d’Occident.
Le sentiment est celui d’une évolution dans le synode, d’une grande diversité dans l’approche. Certains diocèses africains peuvent se demander si la nouvelle évangélisation peut s’appliquer à des régions qui ne connaissent qu’à peine la première évangélisation. Malgré les mutations socio-culturelles qui touchent directement ou indirectement tous les pays, nous avons pris conscience, au fil des sessions, que nous ne formions qu’une seule humanité dans un monde de globalisation de la communication et des échanges, et que nous ne pouvions pas ne pas affronter ensemble le même défi, qui est celui de l’annonce de Jésus-Christ.
2/ Quelle intervention des pères synodaux vous a le plus interpellé ?
Au cours du synode, certains évêques ont fait part de leur témoignage de leur rencontre personnelle avec le Christ. Je pense à un évêque du continent nord américain dont la vocation a pris naissance dans l’engagement chrétien de ses parents ; également aux interventions de laïcs parfois frappantes, comme ce jeune Italien de 23 ans qui a interpelé très courageusement les évêques sur ce que le peuple chrétien, et les jeunes en particulier, attendaient d’eux.
3/ Qu’en retirez vous concrètement de nouveau pour votre diocèse ?
La nouvelle évangélisation est devant nous comme le grand défi du 3ème millénaire pour les communautés chrétiennes. La conversion pastorale des évêques, des prêtres, et des responsables laïcs à laquelle nous appelle la nouvelle évangélisation, passe par un effort de sanctification personnelle. Jean-Paul II, dans Pastores dabo vobis, évoquait un nouveau style de vie pastorale pour les prêtres. Avant de faire et d’entreprendre, notre première responsabilité est de se laisser saisir par le Christ. La nouvelle évangélisation doit également changer notre regard sur nous-mêmes et sur le monde. Nous nous apitoyons sur la perte d’héritage chrétien en Occident ou sur l’exculturation du christianisme. Il y a comme une fatigue de croire chez beaucoup de chrétiens. Le christianisme n’est pas simplement un héritage à sauvegarder, ou une mémoire à entretenir. Il est aussi une espérance : l’avenir de l’humanité. Il est devant nous. Nous devons apprendre à détecter les signes avant-coureurs de christianisme, c’est-à-dire adopter une posture prophétique. Nous devons discerner tout autant les attentes, les initiatives, les signes précurseurs, qui sont plus nombreux que nous le pensons.
J’emporterai avec moi comme le grand cadeau du synode cette espérance. L’espérance du synode nous montre que l’évangélisation passe par la communion autour du St Père. Cette communion que nous avons à vivre avec l’Eglise n’est pas seulement affective, mais magistérielle, et elle s’accomplit dans la liturgie, autour du témoignage des apôtres et des saints. C’est la grâce que nous avons pu vivre pendant ces journées à l’occasion des grandes célébrations d’ouverture du synode, présidées par Benoît XVI, et des cérémonies de canonisation sur la place St Pierre.
Pour aller plus loin :
- La petite Brésilienne... Communiqué de Mgr Dominique Rey
- Conclusions provisoires du Synode sur la Parole de Dieu
- PREMIERE MISE EN PERSPECTIVE « MISSIONNAIRE » DU RAPPORT FINAL DU SYNODE DE LA FAMILLE
- Entretien avec Mgr Cattenoz + 12 interviews flash sur le forum Communion & Evangélisation
- Un nouveau souffle chez nos évêques ?