Retour à J.-P. Snyers : je ne suis pas étonné non plus par la réflexion que l’ancien évêque d’Amiens aurait faite, qui m’alarme bien davantage – je n’ai ni lu ni entendu dire que le Père Ringlet ne croyait pas en la résurrection ou la mettait en doute ou la travestissait en ‘’rumeurs’’ –, car cette réflexion sort de la bouche du successeur d’un apôtre : pour être exact, je dois avouer combien je suis scandalisé jusqu’au plus profond de mon être, sans pour autant que je veuille passer une pierre autour du cou de son auteur, cela ne regarde que Dieu, si toutefois le passage incriminé, très maladroit, signifie l’absence de foi en la résurrection, peut-être certifiée par le contexte (je l’espère pour ce monseigneur) : « ’’La résurrection du Christ ne relèverait en fait que d’une somme de rumeurs. Je sais aussi que la présentation de cet article de foi, à travers les images trompeuses de résurrection, de sortie du tombeau, de passage à travers les murs, etc., gênent un certains nombre de croyants’’… Qui dit cela ? Un athée ? Un franc-maçon ? Un agnostique ? Non, un évêque ! Lequel ? Monseigneur Jacques Noyer, évêque émérite d’Amiens. » (selon le site Riposte catholique).
Je ne sais si d’être émérite supprime la possibilité d’un gâtisme précoce, mais je sais que bafouer aussi lourdement le témoignage des apôtres et des évangélistes devrait lui mériter, si le propos est vérifié, d’être illico viré de la communion universelle des catholiques et autres chrétiens : si preuve est donnée de la négation de la vie ressuscitée en Jésus, ce dont j’aimerai être certain : quoique je trouve, à l’évidence, que jamais un propos semblable n’aurait dû être écrit tel quel. J’aurais rédigé autrement, par exemple : « La résurrection du Christ, prétendent certains, notamment agnostiques ou protestants, ne relèverait en fait que d’une somme de rumeurs : une telle conception, des plus hérétique, n’est évidemment pas catholique ». Mais est-ce ainsi que la phrase d’origine a été pensée ?
J’aurais également écrit la phrase suivante tout autrement : « Je sais aussi que la présentation de cet article de foi à travers les images trompeuses de résurrection, de sortie du tombeau, de passage à travers les murs, etc., gênent un certains nombre de croyants’’… qui deviendrait : « Je comprends que parfois la présentation de cet article de foi à travers l’interprétation abusive qu’en donnent certaines images trompeuses de fausse résurrection puissent gêner un certain nombre de croyants ». J’aurais également posé la question de savoir en quoi ‘’croyaient’’ ces ‘’croyants’’ pour les situer à leur juste place : hors ou dans l’Église ? … Cet évêque semble gêné par « la traversée de murs, de fenêtres », de portes fermées : les apôtres eux aussi, du moins au début, étaient plus que ‘’gênés’’, quelque peu épouvantés… Ne pensaient-ils pas à un fantôme ou ectoplasme ?
Ce qui en vérité me choque ici, c’est que ce prêtre, tout évêque qu’il soit, semble ne rien avoir compris de l’état d’être en lequel Jésus se trouve une fois ressuscité : il n’obéit plus aux lois qui gèrent l’espace-temps. Point ! Et donc n’est en rien arrêté par ce qui bloque nos neurones. Son corps est toujours son corps mais se retrouve ‘’spiritualisé’’, soit justement sorti de la condition biologique. Saint Paul énonce le fait, mais il ne comprend pas ce que cela veut dire, sauf le principal : Jésus appartient désormais au Royaume de Dieu tel qu’il se trouve être dans l’invisible ou l’éternité. C’est ce que j’aurais aimé lire au lieu de cette phrase qui supprime l’élan vital de la foi, sa réalité, sa prégnance, son éclat !
Je me suis, plus haut, fait la réflexion que cet évêque, tout émérite qu’il soit, « mériterait d’être illico viré de la communion universelle des catholiques ». L’expression est-elle trop forte, trop vulgaire, sévère ? Elle est comme je suis, hélas ! Mais qu’un évêque ose, à haute voix et peut-être par écrit, s’élever au-dessus des témoignages dont saint Jean précise que le sien, en tout cas, « est véridique », ajoutant que « Jésus a accompli encore bien d’autres actions : si on les relatait toutes, le monde ne suffirait pas, je le crois, à contenir les livres qu’on en écrirait ».
Je m’emploie personnellement à tenter de mieux saisir ce qui est dit, comme je le puis, sans doute aucun maladroitement mais avec une conviction que j’accroche de toute mon âme et de tout mon esprit à celle de Jean le Bienaimé, le disciple préféré parce que le plus proche de la pensée et des mots de Jésus.
Que fait d’ailleurs au sein de l’Église un tel évêque, oublieux de ce qu’il devait et continue devoir enseigner, jetant à la poubelle l’aveu de saint Paul, que si l’on ne croit pas en la résurrection du Sauveur, il n’y a plus qu’à aller se vautrer dans les bouges de la chair et de ceux de l’intellectualisme athée ? Ce qui signifie en clair que l’on s’est rejeté soi-même de cette communion ecclésiale en laquelle seule, personnellement, je trouve mes certitudes, mes joies, mon bonheur, mon assurance, ma vie, mon amour.