« Si quelqu’un M’aime il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, Il demeurera chez lui, Nous irons demeurer auprès de lui… » Demeurer !… Être présent par amour tel un hôte très cher, de prédilection… Avant même que nous songions à L’inviter chez nous, ne serait-ce que l’instant d’une prière, Dieu se dévoile proche et intime, à la seule condition d’être, en vérité, « aimé » de nous ! Aimé d’un amour de reconnaissance et de fidélité.
Reconnaître donc qui Il est, ce qu’Il accomplit ! Sans jamais pouvoir s’arrêter de prononcer cette « reconnaissance », cet aveux d’évidence intérieure, cette certitude bienheureuse qu’Il est « notre » Créateur, « notre » Sauveur, notre « Hôte » divin, présent en nous, si discrètement et bien avant que nous soyons en mesure de L’entendre et de formuler, ne fut-ce que très approximativement, son Nom dont le Pater noster nous demande de célébrer la sainteté !
« Nous irons ! », dit Jésus : au vrai, la Sainte Trinité au complet se déplacera, ne serait-ce que parce qu’aucune des Trois Personnes ne peut se séparer des deux autres, comme allant de son côté. Jésus peut l’affirmer, parce qu’aimer c’est déjà vouloir cette présence, la « mendier », une présence qui « demeure » en l’être osant cette affirmation impensable, indicible ! Présence en effet désirée par le Père, le Fils et l’Esprit Saint, eux qui n’ont pourtant nul besoin de notre amour puisque connaissant, éprouvant, en ce Dieu unique qu’Ils constituent, un amour infini.
Nul besoin ? Ce Dieu unique, ayant voulu notre présence, notre amour dans le trop plein de cet infini, vient comme nous offrir de L’aimer, librement, gracieusement, sachant que, seulement en cet amour émanant de son triple amour premier, nous serons en mesure d’éprouver la Joie d’un Bonheur sans mélange, qui vient de Lui et seulement de Lui : telle une respiration bienheureuse, une inspiration d’un parfum éternel.
Jésus ne parle pas d’un amour fusionnel : la place des « personnes » est respectée infiniment. En Dieu, l’amour dit de fusion n’existe pas : lui donner ce nom d’amour est un abus de langage, une confusion mentale. « Vous avez entendu mes paroles : Je pars puis Je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque Je m’en retourne en la maison du Père… »
Tout acte en Lui est acte d’amour envers le Père, et par là obéissance aux demandes comme aux vœux et aux désirs de ce Père infiniment aimé : il doit en être de même en ce qui nous concerne : notre amour avoué envers le Fils signifie adoration de sa divinité dont Il entend partager avec nous le bonheur ; obéissance à ses demandes comme à ses vœux et désirs.
Rien de romantiquement imbécile1 dans l’amour selon Dieu le Père, et donc selon le Fils : il s’agit de vivre et de donner sa vie sans restriction.