C’est probablement le plus grand saint russe, disons le plus populaire car les merveilles de Dieu sont cachées aux yeux des hommes. Légende vivante ce moine est entré au monastère à 19 ans puis sa vie se déroula en quatre étapes : 16 années de cénobitisme, 16 années d’érémitisme en pleine forêt, 15 années mixtes et enfin 8 années comme staretz et fondateur du couvent de femmes de Divéyevo. Ces statistiques voilent plutôt qu’elles ne montrent un itinéraire spirituel d’une étonnante verticalité. Il avait appelé sa cabane d’ermite « Mont Athos », mais au Mont Athos il n’y a ni ours ni loup ni brigands de profession que côtoya Séraphin dans sa forêt. Par ailleurs on prévoit des repas, même espacés, dans un monastère. Séraphin se contentait de la verdure environnante et parvenait à nourrir un ours qui lui rendait quelques services en échange.
Il accueillait ses visiteurs en s’écriant : ma joie ! et de fait sa présence remplissait de joie les plus accablés. Sa prière devenue perpétuelle le protégeait contre bien des raisons de se décourager et la Mère de Dieu, accompagnée d’apôtres et d’anges, intervint à plusieurs reprises. La rencontre de Séraphin avec Motovilov, un laïc à la recherche du Saint Esprit, est bien connue, rappelons la phase finale :
Alors le Père Séraphin me prit par les épaules et les serrant très fort dit : Nous sommes tous les deux, toi et moi, en la plénitude de l’Esprit Saint.Pourquoi ne me regardes-tu pas ?- Je ne peux pas, Père, vous regarder. Des foudres jaillissent de vos yeux. Votre visage est devenu plus lumineux que le soleil. J’ai mal aux yeux … – N’ayez pas peur, ami de Dieu. Vous êtes devenu aussi lumineux que moi. Vous aussi vous êtes à présent dans la plénitude du Saint Esprit, autrement vous n’auriez pas pu me voir.
Séraphin fut chargé par la Vierge de fonder un monastère de femmes qu’il voulut protéger contre l’Antichrist en faisant creuser un fossé , de moins d’un mètre de profondeur , qui entoure encore aujourd’hui le monastère reconstruit de Divéyevo là où fut fabriquée la bombe atomique russe. 1
Canonisé en 1903 par ordre du Tsar Nicolas II, lors de cérémonies imposantes, les reliques de Séraphin furent cachées à Pétersbourg dans la basilique Notre Dame de Kazan devenue un musée de l’athéisme pendant le régime soviétique. On les retrouva après la chute du communisme pour les transporter à Sarov dans un sanctuaire remis à neuf.
Peu avant sa mort, celui que la Vierge appelait Lioubimitché moï (mon préféré) la vit et s’écria : O Vierge bénie et toute pure Souveraine, Mère de Dieu puis se relevant il s’entretint familièrement avec Elle et l’entendit lui déclarer qu’il serait bientôt au Ciel. Il est de notre race disait-elle.
Comme saint François pour l’Occident, Séraphin est une véritable icône vivante de la spiritualité de l’Orient et plus particulièrement de la plus grande Église orthodoxe, dont Séraphin avait prophétisé les épreuves effrayantes au XXe siècle.
Patrick de Laubier+
Source : http://www.anneedusacerdoce.org/
