L’expression de François Fillon, « voter pour le moins sectaire », a frappé juste ! Qui est et qui n’est pas suspect de sectarisme ? Le Petit Larousse dit qu’un sectaire est un personnage peu recommandable : « Partisan, intolérant et étroit d’esprit, d’une secte religieuse ou philosophique, d’un parti politique ». C’est court mais précis.
J’ai assisté, médusé, aux extrêmes protestations des membres et « partisans » des partis de gauche, front de gauche et communiste compris : je n’ai pas entendu grand-chose venant d’autres partis. En général les plus coupables protestent d’autant plus vigoureusement de leur innocence qu’ils sont certains de pouvoir se le permettre vu qu’ils sont l’incarnation même de la vérité politique… Les gens de droite ont longtemps cru que leurs adversaires de gauche avaient raison sur ce point : jamais ils n’ont imaginé que les socialistes pouvaient être, purement et simplement, des « sectaires ».
Premier point indiqué par le Petit Larousse, « partisan » : s’il y a bien une culture profondément « partisane » dans les divers partis politiques, on peut considérer qu’elle est particulièrement virulente chez les gens se retrouvant en famille du côté des révolutionnaires républicains : quand le marxisme avait le vent en poupe, la grande foule des intellectuels n’avait que louanges à offrir à Staline, Mao et Pol-Pot. Que tombereaux d’ordures à déverser sur la tête du sombre dictateur-président de droite Augusto Pinochet, mais aucune sur la tête du sombre dictateur-président socialiste Salvador Allende…
Deuxième point, « l’intolérance » : il s’agit d’une vertu chez les socialistes, ils ont démontré ce postulat lors du pseudo débat concernant la loi dite Taubira : c’est ainsi que fut offert au peuple français l’impensable spectacle de la chasse aux manifestant pacifiques de la Manif pour tous qui refusaient cette loi. Le Ministère de l’intérieur a dépensé des dizaines de millions d’euros pour faire courir d’un point à l’autre de l’Hexagone ses troupes de policiers et de gendarmes. Jamais on n’a vu un tel déploiement – fatalement fort coûteux – et qui se poursuit alors que notre Police manque de matériels informatiques et d’armes susceptibles de mettre nos défenseurs à égalité avec les bandits et autres brigands surarmés… La responsabilité du ministre est engagée et je crains que des comptes lui soient demandé si un gendarme ou policier devait être tué parce qu’insuffisamment armé…
J’entends bien que chez les militants frontistes de droite l’on entend parfois des noms d’oiseau « s’envoler » vers leurs accusateurs diabolisateurs : ces derniers, du même coup, démontrent, et depuis longtemps, leur intolérance vis-à-vis d’un parti qui, jusqu’à présent, n’a jamais été interdit d’élection, ce qui signifie qu’il a toujours été considéré par la justice comme composés de républicains avouables, certes forts en gueule quoique respectueux de la langue française, ce dont ne peuvent pas se vanter nos présidents et ministres depuis Pompidou.
J’ai, quant à moi, entendu et lu des discours incroyables lancés contre les invalides mentaux de droite opposés à ces merveilles conceptuelles que sont le mariage des semblables, la « procréation » de nos futurs concitoyens grâce à l’intervention de machines et la possibilité de se vouloir femelle ou mâle ou un mélange des deux en dépit des apparences biologiques… Ce qui arrive parfois comme une faiblesse de l’être devrait donc devenir la norme ?
Quant à l’étroitesse d’esprit, troisième point soulevé par le dictionnaire, il faut convenir qu’il devient parfois difficile de faire le tri… La pensée politique semble en France une discipline intellectuelle méprisée, surtout peut-être, vu les résultats, par les institutions chargées de former nos futurs élus, Science-Po et ENA comprises. Quand nos représentants officiels s’expriment, j’ai souvent, trop souvent, l’impression qu’ils n’entendent pas grand-chose aux soubassements philosophiques qu’ils devraient posséder, même quand il s’agit d’un agrégé tel Vincent Peillon. Les arguments qui fondent en effet leur doctrine politique sont le plus souvent d’un verbiage confondant quand il ne s’agit pas de conceptions idéologiques inquiétantes : les références et admirations de celui que je viens de nommer sont d’un révolutionarisme arriéré qui fait froid dans le dos.
Il est vrai que la philo est devenue une discipline des plus relâchée… et peut-être des plus dangereuses de ce fait. Les philosophes officiels sont particulièrement à craindre…
Ce qui est dérangeant, c’est l’ignorance dont font montre nombre de nos députés et sénateurs : ils disposent par exemple d’une doctrine sociale qu’il serait aisé d’adapter à nos visions de ce que devrait être l’action politique, sociale et économique : celle même de l’Église. Ceux qui en font mention sont si peu nombreux qu’ils ne peuvent évidemment pas peser sur leurs collègues. D’ailleurs, s’ils tentaient de le faire, ils seraient aussitôt rejetés dans les ténèbres extérieures de la République, « là où sont pleurs et grincements de dents »… L’Église, pensez-donc !…
François Fillon n’a pas soufflé mot sur ceux qu’il considère comme « plus » sectaires que les autres : il serait pourtant utile, sinon nécessaire, de savoir leurs noms avant qu’ils ne soient élus ou réélus ! Tout aussi nécessaire : que soit rédigé un code spécifique propre à reconnaître d’un côté les partis vraiment pestiférés et de l’autre côté les moins atteints.
Serait-il possible qu’existassent des politiciens pas du tout sectaires, c’est-à-dire non-partisans, non-intolérants et non-étroits d’esprit ? Mon lecteur éprouvera quelque difficulté à comprendre où se trouve le nid le plus fourni en ce type d’oiseaux rares…