Voici quelques semaines je parlais d’une adorable dame anglaise me disant qu’elle ne pourrait tout simplement pas élever sa fille dans la religion catholique car elle ne pourrait l’élever dans une religion qui interdit la contraception. Sur le coup, je trouvai bizarre ce motif de choix d’une religion; j’en pense toujours autant, mais voici une autre histoire qui bat le record.
Je connais un jeune homme au cœur bouleversé, brisé, car la mère de sa fiancée catholique a annoncé à sa fille qu’elle n’assisterait à son mariage qu’à la condition qu’ils acceptent d’utiliser des contraceptifs. Elle insiste: « J’ai élevé une fille intelligente, indépendante assez brillante pour être admise dans une grande Université. Cette fille devrait avoir assez de bon sens pour échapper à l’esclavage de règles énoncées par une horde de vieillards célibataires portant la robe à Rome.»
Gentiment dit, non ? Et tellement tolérant !
Passons sur le faux-sens, une « soutane » n’est pas vraiment une « robe », non plus que le vêtement traditionnel d’un Africain. Aurait-elle osé appeler « robe » le grand « Boubou » d’un Africain? Vraisemblablement pas, étant assez évoluée pour songer à une grande Université pour sa fille. Tant qu’on y est, oublions l’évidence, constatée par tous ceux qui sont allés à Rome, que les membres actifs du Vatican ne sont pas tous des « vieillards chenus ». Aurait-elle osé dire: « comment peux-tu écouter les conseils d’une bande de vieillards Africains, Asiatiques, Latino-Américains de Rome?» Sans doute pas.
« Célibataires », oui, je lui concède cette épithète. Mais critiquer les gens prenant conseil de prêtres célibataires à Rome au sujet de la sexualité, c’est tout comme critiquer ceux qui suivent l’avis de moines Tibétains sur le consumérisme. Est-ce qu’on dit: « oh! comment allez-vous demander à un moine bouddhiste son avis sur votre façon de faire vos courses, alors qu’il n’a jamais mis les pieds dans un supermarché?» Bien sûr que non! Pourquoi pas?
Eh bien, parce que l’anti-catholicisme est le dernier préjugé à la mode chez nous. Ce que nul n’envisagerait de dire à propos d’autres communautés sera dit des Catholiques sans aucune retenue. Un niveau d’incompétence qui serait embarrassant dans d’autres domaines — on ne dirait pas une ânerie dans le genre « toutes les nègres aiment les pastèques » — n’empêchera personne de proférer des inepties sur les catholiques et le catholicisme.
Mais voici ma question: Où est cette « tolérance » tellement encensée? Qui veut contraindre qui? Ces prêtres catholiques de Rome dictent-ils vraiment son comportement conjugal à cette jeune femme, ou bien est-ce sa mère? Qui cherche à engager le dialogue? Le Magistère dont les membres ont rédigé des centaines de pages fortement raisonnées sur le sujet; ou une mère qui, en termes vagues, prononce la condamnation de sa fille « assez sotte pour ne même pas penser à la pilule » ?
Les Catholiques qui acceptent l’enseignement de leur Église sur ce sujet doivent constamment faire face à cette sorte d’ignorance et d’intolérance. Demandez à une catholique ayant récemment consulté un Obstétricien-gynéco combien ces médecins sont choqués par le refus d’une ordonnance de contraceptif et quelle attitude de « grande personne » ils prennent devant ce refus « puéril ». Demandez à une catholique enceinte de nos jours comment les médecins l’ont traitée pour son refus de diagnostic prénatal.
Bien des femmes m’ont demandé ces dernières années si « la loi les oblige » à subir une amniocentèse en vue de détecter une anomalie. Ma réponse est: « NON », pas encore. Mais dans de nombreux endroits les médecins insistent, certainement pour se mettre à l’abri d’éventuelles poursuites judiciaires au cas où l’enfant à naître aurait un problème le rendant « indésirable ».
Qui, en de telles circonstances est vraiment dans le camp de la « liberté des femmes »? Qui oblige les femmes à se plier à sa volonté, qui tente de persuader les femmes de faire un choix « informé et responsable » quant à leur propre fertilité? La mère qui refuse d’assister au mariage de sa fille si elle n’accepte pas de pratiquer la contraception permet-elle à sa fille de faire son propre choix « informé et responsable » pour sa fertilité? Ou bien fait elle le choix pour sa fille au nom de la prétendue autorité maternelle?
Comment se fait-il que cette « liberté » selon ces gens est toujours une liberté vis-à-vis du Catholicisme? La liberté pleinement et authentiquement catholique apparaît rarement sur l’écran radar de telles bonnes âmes « tolérantes ».
Un souvenir personnel: lorsque j’ai annoncé à mes parents que je me convertissais au Catholicisme ils furent profondément scandalisés et choqués, eux, ces deux personnes qui m’avaient toujours déclaré « ce qui est bien selon toi est bien.» Tout ce qui était « bien », comme je l’ai découvert, ne l’était qu’à condition de ne pas suivre la voie catholique. La « liberté » était toujours la liberté devant les « contraintes » qu’ils n’approuvaient pas, et jamais la liberté d’être « différent » devant les réalités contre-culturelles.
Franchement, comme ils m’avaient élevé — portant les valeurs de liberté et d’autonomie au-dessus de tout — j’ai eu envie, plein d’indignation, de raccrocher le téléphone en me disant « qui sont-ils donc pour contester ma décision?» Mais alors, et ce commandement embarrassant d’honorer père et mère? Ironie, c’est le sens de la liberté et de l’autonomie qu’ils m’ont inculqué qui m’a donné envie de raccrocher à leur nez, et c’est la foi catholique tant méprisée par eux qui m’a fait rester en ligne.
Je savais bien alors, et je sais toujours où se trouve la véritable liberté. Il y a bien des gens qui veulent nous refuser cette liberté, joli paradoxe, « au nom de la liberté ». Ces gens tournent en rond depuis bien longtemps. Ils sont du même genre que ceux qui conseillaient à Sainte Perpétue au moment de son exécution: « reniez le Christ en paroles, personne ne s’inquiètera du fond de vos pensées personnelles.»
Mais son cœur à elle savait bien où était la véritable liberté.
Randall Smith est professeur de théologie à l’Université St. Thomas, Houston (Texas).
Illustration: Sainte Perpétue. Son cœur à elle savait bien où était la véritable liberté.
Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/freedom-from-catholicism.html