SANS VERITES, OU EST LA « CONSCIENCE » ? - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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SANS VERITES, OU EST LA « CONSCIENCE » ?

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Mrs. Pelosi: Personal beliefs cannot stand in the way of abortion rights . . . . . . Quelle garantie pour la liberté de « conscience » ? Cette grave question, liée principalement, bien entendu, au droit à l’avortement, a été posée lors du récent débat républicain en Caroline du Sud (ndt : sur l’investiture du candidat du parti aux élections présidentielles de 2012) par le professeur Robert George. L’amendement Hyde-Weldon a été introduit dans les lois fédérales afin de protéger les médecins et les infirmières qui refuseraient de se rendre complices d’un avortement. Mais la réforme de la santé (dite « Obamacare ») a amené l’administration à prendre de nouveaux règlements qui affaiblissent sensiblement ces protections, tant pour l’avortement que pour la contraception. Le mouvement en faveur du mariage de même sexe a ouvert un nouveau front : lorsque ce type de mariage a été légalisé au Massachusetts, obligation fut faite aux agences d’adoption de faire droit aux demandes de placement d’enfants auprès de couples homosexuels ou de mettre un terme à leur activité. Les agences catholiques, contraintes de choisir, ont résolu de fermer plutôt que de se soumettre. Il suffit d’ailleurs de lois interdisant toute discrimination sur la base de « l’orientation sexuelle. » Un photographe qui exprimerait son refus de couvrir un mariage homosexuel pourrait ainsi se voir sanctionner, même hors de la reconnaissance légale de ce mariage. Sous la question des droits de la « conscience », se cache une inquiétante vérité qui n’ose pas dire son nom : le sens donné à la « conscience » a été dégradé dans nos lois tout comme le sens donné à la « religion ». Jean Paul II nous a rappelé avec force que la « conscience » implique le recours à un lot de normes morales objectives extérieures à nous-mêmes. A l’inverse, la tendance du droit est d’accepter comme droits de conscience toute croyance personnelle intense. Il existe dès lors un risque, qu’avait souligné le Juge à la Cour Suprême Joseph Scalia, que nous approuvions une organisation dans laquelle « chaque conscience serait à elle-même sa propre loi ». Les lois sur l’objection de conscience ont été élaborées au temps du Dieu des Chrétiens et des Juifs. Ceci est devenu « la foi dans un Etre suprême », elle-même dépassée. La Cour Suprême a étendu cette notion aux droits de jeunes gens, athées affichés, qui néanmoins adhéraient à des convictions politiques ou éthiques que les juges traitèrent comme équivalentes à une conviction « religieuse ». Sur la base de cet arrêt, on pourrait imaginer une situation dans laquelle les lois auraient interdit l’avortement mais où un groupe de croyants entendraient se voir reconnaître leur droit en conscience à pratiquer des avortements sur la base de leurs croyances propres. Ainsi serait consacrée la religion de l’irréligion. Il y a des années,… lorsque nous nous posions la question de la protection de la liberté religieuse, quelques juristes se rebiffaient à l’idée de devoir protéger sous ce vocable les droits de tous ceux qui se réclameraient d’une secte religieuse, y compris par exemple si le syndicat des prostituées de Californie, connu alors sous le sigle de « coyote », toute éthique surannée mise à part, revendiquait un tel statut. Les juristes refusaient de s’embarrasser de telles questions, préférant s’en remettre aux catégories traditionnelles de « religion » que tout le monde connaissait. Il revient bien entendu au droit de faire les distinctions nécessaires au nom de normes morales spécifiques. Les lois ne peuvent pas autoriser sous couvert de religion des veuves à se faire brûler vives ni même les parents Témoins de Jéhovah à refuser des transfusions de sang à leurs enfants. Le droit ne saurait échapper à la définition de ce qu’est une religion légitime. Le droit peut se réclamer de la définition de James Madison : « notre devoir envers notre Créateur et la manière de s’en acquitter. » Par Créateur, il entendait alors le Dieu d’Israël ; par devoirs, ceux qui découlaient de Ses commandements. Fort de cette définition, le droit est fondé non pas seulement sur des croyances mais sur des vérités professées sur l’Auteur des lois de nature et leur valeur morale. Le problème est alors de savoir ce que deviennent les droits de la « conscience » en l’absence de ce corps de vérités. La cause de la « conscience » est une noble cause mais nous brandissons cette cause au sein d’une culture qui ne nous comprend plus comme nous nous comprenons nous-mêmes. On croit tout autour de nous que nous ne faisons qu’invoquer des croyances personnelles intenses quand nous invoquons nos droits de conscience sur l’avortement. Ainsi Nancy Pelosi (ndt : chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants), opposée à l’amendement Hyde-Weldon, estimait-elle que l’on ne pouvait invoquer des « croyances » à l’endroit de droits constitutionnels comme celui à l’avortement. « C’est la loi, dit-elle. Un droit constitutionnel ne saurait être passé sous silence. »  Son approche était que le droit est fondé sur des raisons que chacun qui est sujet de droit peut faire siennes. Aucun groupe religieux ne cherche à s’exempter des lois sur l’homicide sous couvert de « croyances » selon lesquelles la victime ne serait pas vraiment humaine. Cette prétention radicale n’a été formulée essentiellement que par les religionnaires séculiers de ce pays. Ce que l’on ne veut pas comprendre, c’est que lorsque nous invoquons les droits de la conscience face à l’avortement, nous ne demandons pas que l’on respecte nos « croyances ». Nous voulons introduire en droit le fait que la liberté d’avortement est fondée sur les pires erreurs de la raison. Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2011/conscience-in-a-culture-without-truths.html