« Sainte Thérèse, sainte de la confiance » - France Catholique
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Dieu le Père. Un amour tendre et exigeant
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« Sainte Thérèse, sainte de la confiance »

C’est en s’abandonnant à Dieu que l’on prend la mesure de son amour. Entretien avec Guy Baret, écrivain et journaliste, qui vient de faire paraître Thérèse de A à Z.
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Sainte Thérèse recueillant pour les âmes la « divine rosée du Salut ».

Il existe de nombreux livres sur sainte Thérèse. Pourquoi celui-ci, et sous cette forme ?

Guy Baret : Je suis tenté de dire qu’il n’y aura jamais assez de livres sur sainte Thérèse ! Mon ouvrage propose une approche thématique de son œuvre et non linéaire, avec plus d’une centaine d’entrées. Pas pour se substituer à la lecture d’Histoire d’une âme mais pour en faciliter l’accès à ceux qui la découvrent et permettre à ceux qui en sont familiers d’en approfondir certains aspects, notamment ce qu’en dit la psychanalyse ou les différentes interprétations de sa nuit de la foi.

L’idée d’abandon pour Thérèse est essentielle. Comment la comprendre ?

Saint Jean de la Croix, dont Thérèse était familière, nous rappelle que nous serons jugés sur l’amour, comme Jésus l’enseigne au chapitre 25 de l’Évangile de Matthieu. Mais comment arriver à l’amour ? Par la confiance, dit Thérèse, et pour parvenir à la confiance, il faut passer par l’abandon. « Seul l’abandon me livre/En tes bras, ô Jésus/C’est lui qui me fait vivre/De la vie des élus », dit-elle dans un de ses poèmes : c’est l’unique voie qui conduit à cette « fournaise divine » qu’est la charité.

Certains voient dans « Histoire d’une âme » une sorte de mièvrerie. D’autres, au contraire y décèlent une ténacité et une force de caractère peu communes. Comment l’expliquez-vous ?

Ce sont souvent les mêmes, mais à des moments différents ! Nombreux sont ceux qui ont été déroutés et dissuadés d’aller plus loin dans la lecture d’Histoire d’une âme à cause de son style et qui, ayant dépassé la forme – celle de la littérature de son temps –, ont fini par découvrir le fond. C’est le cas de Mgr Guy Gaucher qui est devenu son meilleur biographe, du théologien Maurice Bellet, des écrivains Gilbert Cesbron ou François Mauriac qui écrit à son frère qu’il a « enfin découvert » Thérèse de l’Enfant-Jésus en passant « à travers toutes les déformations imbéciles et toutes les roses en pâtisserie ».

La façon dont Thérèse envisage le purgatoire ne montre-t-elle pas la profondeur de sa confiance en Dieu ?

Tout à fait ! Ce qu’elle dit du purgatoire illustre le fait qu’elle était en rupture avec une spiritualité encore marquée par le jansénisme. À son frère spirituel, l’abbé Bellière, missionnaire, qui s’inquiétait de son sort éternel, elle répond : « Écoutez jusqu’où doit aller votre confiance ! Elle doit vous faire croire que le purgatoire n’est pas fait pour vous, mais seulement pour les âmes qui ont méconnu l’Amour miséricordieux, ou qui ont douté de sa puissance purificatrice. Avec ceux qui s’efforcent de répondre à cet amour, Jésus est “aveugle” et ne “compte pas”, ou plutôt il ne compte, pour les purifier, que sur ce feu de charité qui “couvre toutes les fautes” et surtout sur les fruits de son perpétuel sacrifice. Oui, malgré vos petites infidélités, vous pouvez espérer d’aller droit au ciel, car le bon Dieu le désire encore plus que vous et il vous donnera sûrement ce que vous aurez espéré de sa miséricorde. C’est votre confiance et votre abandon qu’il récompensera ; sa justice, qui connaît votre fragilité, s’est arrangée divinement pour y parvenir. Seulement, en vous appuyant sur cette assurance, veillez bien d’autant plus à ce qu’il ne perde pas en amour ! »

Thérèse de A à Z, Guy Baret, éd. du Cerf, 2025, 304 pages, 21,90 €.