Est-il possible qu’une jeune esclave puisse convertir un pays entier sans jamais sortir de sa condition ? C’est en tout cas l’exemple donné par Ninon – on l’appelle aussi Nino ou Nina en Géorgie, Nouné en Arménie, les Arabes et Grecs l’appellent Théognoste, « que Dieu connaît », les Romains « Christiana ».
Originaire de Cappadoce, elle est enlevée par des pillards et vendue comme esclave en Géorgie. En ce pays, on adore encore les astres et les arbres. Nina, elle, est chrétienne. Elle parle librement de sa foi. Comme elle est agréable avec tous, on vient un jour lui montrer un enfant mourant. Elle le prend, prie pour lui. Il guérit. Cette histoire fit le tour de la ville. La reine Nana, malade elle aussi, en profita pour visiter Nina ! Elle guérit aussi à sa prière. Son époux, Mirian, trop content, veut remercier Nina. « Mais elle méprise l’or et dédaigne l’argent, explique sa femme. Le seul cadeau qui lui plairait, c’est que nous adorions ce Christ qui m’a guéri sur sa prière. » Le roi hausse les épaules et s’en va, n’y comprenant rien. Quelque temps plus tard, il se perd à la chasse. Il repense à ce Christ de Nina. Et le voilà sur le bon chemin.
À son retour, il rencontre Nina qui lui conseille de bâtir une église à Mzkheta, proche de Tbilissi, aujourd’hui centre patriarcal de l’Église orthodoxe de Géorgie. Chose faite. On écrit à Constantin pour demander que des prêtres viennent évangéliser le royaume. Chose faite aussi.
Ainsi, sans coup férir, la Géorgie fut convertie grâce à une petite esclave qui, de son côté, continua de parler du Christ plus à l’est. Elle meurt à Bodbe où elle est enterrée. Depuis le Ve siècle, une église est bâtie à cet endroit. Elle est vénérée en Géorgie le 14 janvier, en Arménie le 29 octobre. Des ménées grecques (livres liturgiques du rite byzantin, NDLR) la nomment au 27 octobre, le martyrologe romain le 15 décembre.
Célébrités
Malheureusement, en France, le prénom de Ninon est entaché par la vie trouble de la courtisane Ninon de Lenclos (1620-1705). En Bretagne, il est aussi un diminutif de Gwennin, évêque de Vannes au VIIe siècle.
Pensée spirituelle de saint Paul
« Ce qui est faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort. »
Courte prière
« Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière et ne m’a pas repris son amour » (Psaume 65).
