Ronald Knox parle « du dégoût moderne envers la religion » - France Catholique
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Ronald Knox parle « du dégoût moderne envers la religion »

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Dès l’annonce par le pape Benoit XVI qu’il abdiquait de la chaire de Saint Pierre, les laïcs ont commencé à réclamer que le Sacré Collège choisisse un pontife moins rigide et plus progressiste ; en d’aurtes termes, un pape qui répudierait les enseignements de l’Eglise sur la chasteté, le mariage des homosexuels, le divorce, la contraception, l’avortement et le célibat des prêtres.

En tête des revendications venait le New York Times, qui a consacré de nombreuses premières pages, en frontispice, à critiquer sévèrement l’Eglise et Benoit XVI. Dans ses pages de tribune libre, il publiait jusqu’à la nausée, les habituels vieux critiques catholiques tels que Garry Wills et Hans Küng.

Au moment où les laïcs ont réalisé que le Pape François n’est pas un Sud-Américain adepte de la théologie de la libération, mais un catholique romain authentique, une campagne de diffamation a commencé contre lui. On l’a faussement accusé d’avoir été sympathisant des dictatures en Argentine, et d’être responsable de la mort de deux jésuites ouvertement rebelles (qui étaient, eux, des théologiens de la libération).

Ne soyons pas découragés par ces comportements vicieux : les attaques contre l’Eglise, et les réclamations pour qu’elle abandonne les dogmes ne sont pas nouvelles. Les objections des laïcs à de nombreux enseignements de l’Eglise remontent à des générations antérieures et parfois même à des siècles antérieurs.

Pour avoir une idée de ces batailles passées, je recommande aux lecteurs de se tourner vers les écrits de ce converti anglais : Monseigneur Ronald Knox.
Ronald Arbuthnott Knox (1885-1957) fils et petit-fils d’évêques anglicans, a fait ses études à Eton, puis à Oxford, est devenu membre du « Trinity College » puis clerc anglican en 1912. Alors qu’il était aumônier à Oxford, il s’est converti au catholicisme en 1917, et deux années plus tard, a été ordonné prêtre. Prédicateur renommé, essayiste, et auteur littéraire, il a publié une abondante collection de sermons, d’enseignements pour des retraites et d’émissions de radios.

Comme ses contemporains G.K. Chesterton, Hilaire Belloc et Martin d’Arcy, Knox était champion de ce que T.S. Eliot appelait « les choses permanentes ». Il croyait que pour combattre efficacement les modernistes, il suffit de  « faire confiance à la vraie tradition pour déterminer ce que l’on doit croire, et au bon sens pour déterminer ce qu’est la vraie tradition ».

Les ancêtres des modernistes contemporains qui aujourd’hui promeuvent le panthéisme en cosmologie, et le volontarisme en éthique, colportaient la même chose au temps de Knox. Il a écrit qu’il existait :


« des philosophes qui s’interrogent sur l’utilité de la pensée elle-même comme  méthode pour arriver à une vérité spéculative ; Il y a des psychologues qui nient la réalité du libre arbitre de l’homme ; il y a des anthropologues qui évacueraient la religion en la présentant comme un illusion infantile ; et pendant ce temps-là, dirigeant leurs coups plus directement contre l’Eglise à laquelle j’appartiens, des historiens trouvent toujours des failles à nos actions, et des prophètes contemporains nous attaquent pour étroitesse d’esprit auprès du tribunal du progrès humain. »

Pour contrer ces assauts, et d’autres, contre la foi, Knox a rédigé un livre apologétique classique sous le titre : La foi des catholiques (1927).

Dans le premier chapitre, « Le dégoût moderne pour la religion », il concède que des « agitateurs, des journalistes et des charlatans » ont eu un impact négatif, qui a fait que la religion « comme élément de la vie publique anglaise a décliné régulièrement et visiblement ».

Par exemple, au début du XX° siècle, l’Eglise d’Angleterre a subi un déclin des vocations, une diminution des dons de charité, un affaiblissement de la religiosité dans les lieux publics et une diminution des laïcs sur les bancs d’église. En réaction, les hautes Eglises anglicanes ont paniqué et abandonné beaucoup des doctrines héritées de leur passé catholique. Non seulement elles ont toléré « que s’expriment des opinions que leurs parents auraient qualifiées d’hérétiques », mais en plus elles ont été « contaminées par leur environnement et ont perdu la substance de la théologie alors qu’elle embrassaient son ombre ! »

Pour se mettre au goût du jour, les dogmes chrétiens fondamentaux ont été « de plus en plus sujet s à la critique et à des ajustements ». Des ministres du culte anglicans larges d’esprit ont prêché que l’enfer n’existait plus et ont dit presque la même chose à propos du péché. Leurs églises sont devenues des endroits qu’on venait visiter, non pour entendre le message de l’Evangile, mais pour écouter de la belle musique et ensuite se faire servir du thé et des biscuits.

Knox conclut que le déclin de la fréquentation de l’église marche la main dans la main avec le déclin des dogmes : « Le citoyen moyen attend de n’importe quelle religion à laquelle il appartient, qu’elle soit une religion révélée ; et si la doctrine du christianisme est u ne doctrine révélée, pourquoi passer son temps à la discuter et à la réajuster? Les stocks (il a formulé sa question dans un contexte commercial) sont-ils un investissement sûr, alors que ceux qui les possèdent sont si pressés de les brader n’importe comment ? »

C’est précisément ce qui est arrivé aux principales confessions protestantes des États Unis. La réduction de leurs doctrines à des platitudes à la mode n’attire plus les gens sur les bancs de l’église, mais au contraire a démotivé des fidèles face à des institutions qui n’ont plus l’air de tenir à grand-chose.
Le catholicisme américain a souffert de pertes similaires après Vatican II, pour un certain nombre des mêmes raisons. Des évêques hésitants, des prêtres et des religieuses rebelles, et des théologiens révisionnistes ont semé la confusion dans les paroisses, les écoles et les collèges paroissiaux. Résultat : la pratique hebdomadaire est passée de 75 pour cent en 1960 à 25 pour cent en 1980.

Pendant les pontificats de Jean Paul II et de Benoit XVI, l’Eglise a une fois de plus promu et défendu son enseignement fondamental, et les résultats sont prometteurs : l’Eglise se développe et croît rapidement en Afrique et en Asie ; une génération de  « prêtres de Jean Paul II » a été ordonnée ; Des ordres de religieuses fidèles au Magistère ont des listes d’attente ; et les évêques « branchés » des années 70 ont été à peu près tous remplacés par d’autres plus orthodoxes.

Mais l’effort pour ré-instiller la doctrine que c’est Dieu et non pas l’homme qui est la mesure de toute chose est loin d’être à son terme. Cela va prendre des années de patience et de dur labeur pour réparer deux générations de dommages.

Aucun doute que le pape François continuera le travail de ses deux prédécesseurs, et serait d’accord avec les observations de Mgr Knox : comme catholiques, « nous devrons faire face de plus en plus au regard furieux d’un monde hostile. C’est pourquoi nous devons nous serrer plus que jamais autour de nos évêques, notre clergé, nos églises, nos écoles ; nous devons être des catholiques actifs, instruits, combattifs si nécessaire, pour faire face aux besoins de l’âge nouveau »


Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/ronald-knox-on-the-modern-distaste-for-religion.html

Photo : Mgr Ronald Knox