Rome et la « Co-rédemption » : un choix de mots capital - France Catholique
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Rome et la « Co-rédemption » : un choix de mots capital

Le dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié le 4 novembre Mater populi fidelis, une note sur les titres mariaux. Le choix des mots est capital – ne faisons pas dire au texte ce qu’il ne dit pas. Extraits.
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© Pascal Deloche / Godong

« La dévotion mariale, suscitée par la maternité de Marie, est ici présentée comme un trésor de l’Église. Il ne s’agit pas de corriger, mais bien de valoriser, d’admirer et d’encourager la piété du peuple de Dieu fidèle qui, en Marie, trouve refuge, force, tendresse et espérance parce qu’elle est une expression mystagogique et symbolique d’une attitude évangélique de confiance dans le Seigneur que l’Esprit-Saint lui-même inspire librement aux croyants.

Sur le titre de « Co-rédemptrice »

[…] Compte tenu de la nécessité d’expliquer le rôle subordonné de Marie au Christ dans l’œuvre de la Rédemption, l’utilisation du titre de « Co-rédemptrice » pour définir la coopération de Marie est toujours inopportune. Ce titre risque d’obscurcir l’unique médiation salvifique du Christ et peut donc générer une confusion et un déséquilibre dans l’harmonie des vérités de la foi chrétienne, parce qu’« il n’y a de salut en personne d’autre », car « il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous devions être sauvés » (Ac 4, 12). Lorsqu’une expression nécessite des explications nombreuses et constantes, afin d’éviter qu’elle ne s’écarte d’un sens correct, elle ne rend pas service à la foi du Peuple de Dieu et devient gênante. Dans ce cas, elle n’aide pas à exalter Marie comme la première et la plus grande collaboratrice dans l’œuvre de la Rédemption et de la grâce, parce que le danger d’obscurcir la place exclusive de Jésus-Christ, Fils de Dieu fait homme pour notre salut, le seul capable d’offrir au Père un sacrifice d’une valeur infinie, ne serait pas un véritable honneur pour la Mère. En effet, en tant que « servante du Seigneur » (Lc 1, 38), elle nous indique le Christ et nous demande : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le » (Jn 2, 5).

Sur le titre de « Médiatrice »

[…] Une prudence particulière s’impose dans l’application de l’expression « Médiatrice » à Marie. Face à une tendance à élargir le champ de la coopération de Marie sur la base de ce terme, il convient d’en préciser à la fois la portée précieuse et les limites. […] D’une part, nous ne pouvons pas ignorer le fait qu’existe un usage commun du terme « médiation » dans les domaines les plus variés de la vie sociale, où il s’entend simplement comme coopération, aide, intercession. Par conséquent, il est inévitable qu’il soit appliqué à Marie dans un sens subordonné, et en aucune façon il n’a pour but d’ajouter une efficacité ou une puissance à l’unique médiation de Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme. […] D’autre part, il est évident qu’il y a eu une forme de médiation réelle de Marie pour rendre possible l’Incarnation du Fils de Dieu dans notre humanité, car il était exigé que le Rédempteur fût « né d’une femme » (Ga 4, 4). Le récit de l’Annonciation montre qu’il ne s’agit pas d’une médiation purement biologique, puisqu’il met en évidence la présence active de Marie […].

[…] En même temps, nous devons nous rappeler que l’unicité de la médiation du Christ est « inclusive », c’est-à-dire que le Christ rend possibles diverses formes de participation à l’accomplissement de son dessein salvifique de sorte que, en communion avec lui, nous pouvons tous être, d’une certaine manière, des coopérateurs de Dieu, « médiateurs » les uns pour les autres (cf. 1 Co 3, 9). C’est précisément parce que le Christ a une puissance infiniment suprême qu’il peut promouvoir ses frères et sœurs pour les rendre capables de coopérer vraiment à la réalisation de ses desseins. Le concile Vatican II a affirmé que « l’unique médiation du Rédempteur n’exclut pas, mais suscite au contraire une coopération variée de la part des créatures, en dépendance de l’unique source ». C’est pourquoi « il faut élucider le contenu de cette médiation participée, qui doit rester guidée par le principe de l’unique médiation du Christ ». Il est vrai que l’Église prolonge dans le temps et communique partout les effets de l’événement pascal du Christ et que Marie a une place unique dans le cœur de l’Église mère. »