Résurrection ou réincarnation ? - France Catholique
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Résurrection ou réincarnation ?

42 % des catholiques ne croient pas en la Résurrection et 7 % croient en la… réincarnation. Face au subjectivisme omniprésent, une mise au point s’impose.
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Résurrection du Christ.

Résurrection du Christ.

© Pascal Deloche / Godong

Tout est à refaire. Après quasiment deux millénaires de christianisme en Occident, il est frappant de voir comme nous sommes revenus au point de départ. Au sein de la population française, par exemple, les enquêtes d’opinion nous apprennent que 10 % des gens seulement croient à la résurrection des corps. Et cerise sur le gâteau, 7 % disent croire à la réincarnation1. On trouve même des « chrétiens » – amateurs d’ésotérisme – pour affirmer que la réincarnation était le véritable message évangélique, malheureusement dissimulé par l’Église.

Sur cette question, comme sur la plupart des questions religieuses, nos contemporains ont tendance à penser que les opinions que l’on professe relèvent des goûts et des couleurs. « Tu crois à la résurrection ? Ah oui, pourquoi pas. Mais moi, finalement, je préfère la réincarnation. C’est plus zen, et puis j’ai toujours rêvé d’être un chat ! » À l’encontre de ce subjectivisme déchaîné, je voudrais rappeler quelques faits.

Une idée non chrétienne

Premier fait : l’idée de réincarnation – selon laquelle l’âme humaine, après la mort, recommence une vie terrestre dans un autre corps, humain ou animal –est totalement étrangère à la Révélation abrahamique. La transmigration des âmes, que l’on trouve dans les religions de l’Inde, ou dans les cultes orphiques grecs, est absente des livres hébraïques. Il est bien vrai que, dans le judaïsme ancien, on a longtemps hésité sur le destin des défunts. Mais les différentes positions, dans ce débat théologique, partageaient un point commun : un très fort sens de l’individualité personnelle, en chair et en os.

L’alternative a donc été tout de suite claire : ou bien l’anéantissement total (Qo 3, 19), ou bien la survie personnelle définitive, c’est-à-dire la résurrection des corps (Is 26 ; Ez 37). Il n’y avait, en tout cas, aucune place pour l’entre-deux que représente la réincarnation, qui suppose une survie diminuée, sans véritable maintien de l’identité personnelle.

Deuxième fait : l’affirmation selon laquelle on trouverait dans les évangiles des versets favorables à la réincarnation, qui auraient été recouverts tardivement par la doctrine de la résurrection, ne résiste pas à l’examen. Il s’agit d’un bobard de charlatan, soutenu en son temps par l’actrice Shirley McLaine dans ses divers livres de témoignages sur « ses 144 vies ». Les versets les plus souvent cités à l’appui de cette thèse fantaisiste (Lc 9, 7 ; Mt 11, 14 ; 17, 11) font référence au questionnement des disciples, qui se demandent si Jésus est « Élie ou un autre prophète qui serait revenu ».

Y voir des allusions à la réincarnation, c’est ignorer le contexte culturel juif, et ne pas même lire le texte jusqu’au bout : car, à chaque fois, la question posée est de savoir si Élie – qui était monté au ciel avec son corps, sans mourir (2 Rois 2, 1-12) – ne serait pas, tout simplement, « redescendu ». Nulle réincarnation là-dedans ! Le message le plus constant des évangiles, fixé dès le Ier siècle, en parfaite continuité avec Isaïe et Ézéchiel, c’est la résurrection (Lc 20, 27).

Concept irrationnel

Troisième fait : la doctrine de la réincarnation est rationnellement insoutenable. Il existe en effet un lien très étroit entre l’âme humaine et son corps ; l’idée qu’une âme humaine puisse migrer dans un corps de grenouille ou de buffle semble n’avoir tout simplement aucun sens.

C’est comme dire qu’un système d’exploitation d’ordinateur, une fois la machine détruite, pourrait servir à faire fonctionner un grille-pain ou une calculatrice. Il faudrait supposer une telle transformation de l’âme qu’on voit mal en quoi il s’agirait toujours de « la même ».

Et même si on limite la réincarnation à une transmigration au sein de l’espèce humaine, on voit mal comment une âme qui perd le sentiment de son identité et de sa continuité avec sa vie précédente – ce qui est le cas général, puisque les « souvenirs » de vies antérieures sont extrêmement rares et peu crédibles – peut vraiment être considérée comme « la même âme ». Il semble bien, en effet, que l’identité d’un esprit soit inséparable de son sentiment de continuité. Dans ces conditions, si tout ce qui reste de l’idée de réincarnation est que « quelque chose de moi » – qui n’est pas vraiment moi – se retrouvera dans les autres, la doctrine devient banalement vraie, c’est-à-dire inintéressante.

À ce niveau de généralité, tout le monde est d’accord pour dire que les atomes qui nous constituent aujourd’hui se retrouveront demain dans un arbre, dans une limace ou dans un président de la République. Bien pauvre idée de l’immortalité ! Et quelle consolation y trouver ?

Une doctrine qui évite le Jugement dernier

Quatrième fait : la doctrine de la réincarnation, surtout vivante dans la tradition hindo-bouddhiste, est prise complètement à contresens par les Occidentaux qui tentent de l’accommoder. Pour deux raisons :

— Pour le bouddhiste, à la différence de l’Occidental, le but d’une vie réussie n’est pas de se réincarner, mais de cesser de se réincarner pour atteindre le nirvana, c’est-à-dire à la disparition du moi personnel, qui n’est qu’une illusion.

— L’Occidental trouve cette doctrine « zen » et « cool », car elle évite le Jugement dernier, mais elle est moralement assez terrifiante : selon l’idée du « karma », chaque personne subit dans son incarnation présente les châtiments mérités durant sa vie précédente. La doctrine tend ainsi à rendre ceux qui y croient insensibles aux malheurs des innocents, présentés comme des coupables.

Bref, la doctrine de la réincarnation semble une rationalisation métaphysique de la société de castes de l’Inde ancienne, bien plus qu’une doctrine spirituelle. Elle est donc à la fois anti-biblique, irrationnelle et moralement inacceptable. 

  1. Sondage CSA-Le Monde des religions de 2007.