Reine des Cieux, je Vous salue. - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Reine des Cieux, je Vous salue.

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Vivant une ére de valeurs démocratiques — appréciable car donnant désormais la parole à ceux qui étaient baillonnés (mais comme pour toutes les voix modernes, c’est un peu trop bruyant), et critiquable en ce sens que les idées et les idéaux sur la hiérarchie se sont effondrés — nous sommes devenus réticents devant les vertus de la monarchie.

Bien sûr, on peut affirmer avec conviction que la Chrétienté a effectivement aboli la monarchie temporelle en révélant que l’esclave et le citoyen libre sont égaux aux yeux de Dieu. Ou, comme l’exprime ce catholique secret Shakespeare:
« Votre ver est pour vous l’unique menu impérial: nous engraissons des animaux pour nous engraisser, et nous nous engraissons pour engraisser les asticots, votre roi grassouillet et votre mendiant décharné sont deux menus différents, deux plats pour une seule table: une seule fin.»

L’infâme roi Claudius, entendant son neveu en appelle à la raison, et Hamlet, souriant, faisant l’idiot, répond « un homme peut pêcher un poisson avec un asticot qui a mangé du roi et manger ce poisson qui a mangé le ver », preuve de démocratie où un peu de roi peut transiter dans l’intestin d’un mendiant.

Il est bon de penser qu’Elizabeth II est reine d’Angleterre depuis plus de six décennies, et la monarchie est bien à sa place — et n’est nullement déshonorée d’exister parmi les autres « -archies », « -ocraties », et « -ismes » que nous tolérons en ce bas monde, qui nous paraît si souvent stérile, mais une chose semble certaine: ceux dont le mode de vie plait à Dieu sont destinés à vivre en éternité sous un régime qui ressemble davantage à une monarchie qu’à une république démocratique.

Voilà pourquoi nous pouvons dire de Notre-Dame : Reine des Cieux.

Plus précisément, au moins avec des mots terre à terre, pourrions-nous dire qu’elle est la Reine-Mère au Paradis, puisque le Christ Roi est notre seul véritable souverain. Notre destin se trouve au Royaume de Dieu.

Et notre roi est un paradoxe au-delà de tout paradoxe. Comme Paul l’écrivit aux Philippiens, il était un roi:

.

Lui, de condition divine

ne retint pas jalousement

le rang qui l’égalait à Dieu.

.

Mais il s’anéantit lui-même,

prenant condition d’esclave,

et devenant semblable aux hommes.

.

S’étant comporté comme un homme,

il s’humilia plus encore,

obéissant jusqu’à la mort,

et à la mort sur une croix.

.

Aussi Dieu l’a-t-il exalté

et lui a-t-il donné le Nom

qui est au-dessus de tout nom,

.

pour que tout, au nom de Jésus,

s’agenouille, au plus haut des cieux,

sur la terre et dans les enfers.

.

et que toute langue proclame,

de Jéus Christ qu’il est Seigneur,

à la gloire de Dieu le Père. (Ph, 2:5-11)

Si j’ose dire, bien des Américains auront de la peine à s’agenouiller quand viendra le temps.

Après l’élection de 2008 [Obama] ma femme et moi dinions avec une femme de gauche (pur sucre, élevée dans des langes rouges, en fait), qui, parlant du nouveau futur président, disait « Barack ». Je n’ai pas voté pour cet homme, mais j’étais choqué, et, tant pour ma femme que pour moi-même, si je n’ai pas relevé ce manquement, c’est par simple courtoisie envers cette femme. Et j’ai un peu mieux compris de quelle façon tant d’Américains se considèrent tous égaux.
Tous égaux (ou qui devraient l’être) devant la loi, celà va de soi. Et nous savons que pour Dieu nous sommes tous également aimés et jugés. Mais les soldats saluent leurs officiers, et les citoyens américains s’adressent (ou devraient s’adresser) au Chef des Armées en disant « M. le Président.» L’idée que lors d’une réunion officielle quelqu’un ose appeller M. Obama « Barack » est aussi incongrue — grave manquement — que si, lors d’une audience papale, quelqu’un s’adressait au Saint Père en l’appelant « Jorge ».

Si des gens s’imaginent que le paradis est comme le chouette bistrot du coin où on peut appeler « oh, Jésus » Celui qui, derrière le bar, tire des demis de bière, il y a erreur, ils n’iront pas au paradis pour boire un coup, ils iront griller, à coup sûr. Pour toujours.

Le paradis dont Paul, citant Isaïe (Is 64:3) nous parle dans sa première épitre aux Corinthiens (1 Cor, 2:9), et que nous sommes incapables d’imaginer, n’a rien d’une jolie petite ville tranquille au fond de l’Amérique des années 1890. C’est la joie en pleine gloire. Un endroit où nous serons un avec notre roi, en adoration au pied du trône de Dieu: le soleil dont nous serons les rayons.
Qui connait les cantiques que nous chanterons ?

1954 était une année mariale avec en conclusion la publication par Pie XII de « Ad Caeli Reginam » sur notre Reine des Cieux. Le pape cite les textes montrant clairement qu’elle a reçu une position éminente et privilégiée du fait de la dignité royale de son Fils. Le monde acceptait naguère l’idée que rois et reines régnaient de droit divin, mais il n’y a ni rois ni reines au paradis, seulement un Roi et une Reine Mère.

Il est donc juste et bon de nous agenouiller à l’église. Attitude parfaite.
Nos prières les plus constantes et, peut-être, notre but essentiel dans l’existence, doivent nous faire cultiver l’humilité, inspirée par l’amour, et nous faire adopter l’attitude appropriée en vue de la vie dans le monde à venir.

Rédigé en ce jour de la fête de Notre-Dame de Guadalupe.

Épitre de Saint Paul: traduction tirée de la Bible de Jérusalem

Tableau : Madone aux lis. William Adolphe Bouguereau, 1899.

http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/hail-holy-queen.html