Quand Lisieux prie les saints pour les vocations - France Catholique
Edit Template
Rechristianiser la France
Edit Template

Quand Lisieux prie les saints pour les vocations

Pour répondre à la crise des vocations, la paroisse de Lisieux organisait une veillée de prière, à l’occasion du centenaire de la canonisation du Curé d’Ars, de saint Jean Eudes et de sainte Thérèse de Lisieux.
Copier le lien

© Fred de Noyelle / Godong

Trois figures de la vie consacrée, trois saints élevés sur les autels il y a cent ans. Il faudra bien leur intercession pour susciter de nouvelles vocations religieuses en France ! À la veille de l’anniversaire de la canonisation de saint Jean Eudes et du saint Curé d’Ars, et quelques jours après le centenaire de la canonisation de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, une veillée était organisée à Lisieux pour prier pour les vocations, le vendredi 23 mai. Un moment favorable, selon le Père Quentin Leclerc, vicaire de la paroisse de Lisieux et aumônier des jeunes, qui avait placé ce temps de prière sous le patronage de ces trois figures de la vie consacrée, dont il avait rassemblé des reliques au pied de l’autel dressé pour l’occasion dans la chapelle du lycée Frémont, à quelques pas de la cathédrale.

Destinée aux jeunes de l’aumônerie – une bonne trentaine – et aux fidèles de sa paroisse, la veillée avait été préparée par des lycéens, sous la houlette de leur aumônier. Après l’homélie du prêtre et la lecture d’un Évangile sur l’appel du Christ, quelques jeunes se sont succédé au micro pour retracer la vie de ces trois saints.

Trois vies exemplaires

Le Père Leclerc fait partie de la fraternité Saint-Jean-Marie-Vianney, une association de prêtres diocésains fondée en 1990 pour donner un souffle nouveau au sacerdoce. En présentant à cette jeune assistance l’exemple de ces trois vies consacrées à Dieu et à l’Église, il espère répondre au manque préoccupant de prêtres et de religieux dans sa paroisse, Sainte-Thérèse en Pays d’Auge, qui fut pourtant celle de la sainte : « Dans notre diocèse de Bayeux-Lisieux, il n’y a pas eu d’ordination depuis sept ans, et la prochaine ne sera que dans cinq ou six ans, confie-t-il, sans cacher son inquiétude. Pour nous, jeunes prêtres, cette question des vocations nous travaille beaucoup et je pense qu’il faut faire prier la paroisse. »

« Dieu appelle toujours ceux dont l’Église a besoin »

Seulement 105 prêtres ont été ordonnés l’an dernier pour toute la France, contre 140 il y a dix ans et plus de 500 il y a soixante ans. Dieu appelle-t-il donc moins au sacerdoce aujourd’hui ? « Non ! Dieu appelle toujours ceux dont l’Église a besoin », répond avec conviction le vicaire, qui pointe notamment un esprit trop critique de la part des chrétiens à l’égard des prêtres et de l’Église : « On montre du doigt ce qui ne va pas alors qu’il y a plein de belles choses qui vont bien ! Je trouve ça un peu dommage… », regrette-t-il, craignant que ce regard trop critique « freine les jeunes pour s’engager ».

Montrer la beauté de l’engagement sacerdotal à une époque où la figure du prêtre subit de violentes attaques, c’était bien le dessein de cette veillée de prière, lors de laquelle les fidèles ont pu s’imprégner des écrits du Curé d’Ars sur la beauté du sacerdoce. De quoi réhabiliter largement la figure du prêtre qui, malgré ses fragilités d’homme, demeure le représentant du Christ et « l’un des plus grands dons de la Miséricorde divine », selon le saint prêtre.

À la suite de celui-ci, le Père Leclerc voit dans l’exemple des prêtres de paroisse un moyen essentiel pour éveiller des vocations : « On entendait tout à l’heure, dans la vie du Curé d’Ars, que sa pastorale et sa vie tout entière étaient un vrai exemple pour ses paroissiens, souligne ce jeune vicaire en soutane. Il a converti sa paroisse aussi par son exemple. Je pense donc que nous, prêtres, nous devons nous convertir sans cesse, être plus ancrés dans la prière et montrer l’exemple auprès des plus jeunes. »

Former les jeunes à l’engagement et au service

La question de la vocation demeure toutefois délicate pour les collégiens présents ce soir-là. Dans une société régie par la loi de la consommation et du moindre effort, la radicalité de la vie consacrée peut facilement décourager. Pour le vicaire, il est d’autant plus nécessaire de transmettre aux jeunes le sens du service et de l’engagement : « Le monde matérialiste ne favorise pas l’éveil des vocations, il n’apprend pas à consacrer sa vie, concède-t-il. Il faut leur apprendre à se donner, à servir, à prier parce que des jeunes qui se donnent, qui servent et qui prient, ce sont des jeunes qui sont prêts à répondre au Bon Dieu. »

À Lisieux, cet apprentissage se fait au sein de l’aumônerie qu’anime avec entrain le Père Quentin. Il réunit une fois par mois une vingtaine de collégiens et autant de lycéens pour des soirées d’enseignement, de prière, d’adoration mais aussi de jeu et d’amitié. Cette année, le groupe de l’aumônerie a même pu se rendre à Rome et assister à la messe de funérailles du pape François.

Par cette veillée, le Père Leclerc ne pouvait pas mieux répondre au vœu de Léon XIV, dont il anticipait même l’exhortation aux évêques. Le 28 mai, le Saint-Père invitait le clergé français à célébrer l’anniversaire de ces trois canonisations dans un esprit missionnaire, soulignant  qu’ils sauraient « parler à la conscience de nombreux jeunes de la beauté, de la grandeur et de la fécondité du sacerdoce ».