À Rome, la dynamique paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney - France Catholique
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Le saint Curé d'Ars
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À Rome, la dynamique paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney

Construite dans une zone longtemps insalubre, cette paroisse dynamique rayonne, portée par l’héritage spirituel du Curé d’Ars.
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Église Saint-Jean-Marie-Vianney à Rome. En 2012, Benoît XVI l’a érigée en titre cardinalice. Aujourd’hui, le cardinal Rainer Woelki, archevêque de Cologne, en est le titulaire.

© Val n doe

« Borghesiana. » Le nom de la zone de Rome où se trouve la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney rappelle que l’illustre famille Borghèse avait de nombreuses terres sur ce site. Elle en céda une partie pour la construction du chemin de fer entre Rome et Fiuggi et plus tard du métro. Située dans cette campagne romaine, appelée Agro Romano, zone de marécages insalubre pendant des siècles, c’est seulement au milieu du XXe siècle, que cette bourgade se peuple de pauvres ouvriers agricoles habitant des maisons rurales. Ils viennent pour développer l’agriculture aux portes de Rome et assainir la région. Aujourd’hui, les fermes ont laissé place à des immeubles de plus en plus concentrés.

Zone insalubre

Auparavant, les Romains ne faisaient que traverser cette zone agreste et insalubre, par la Via Casilina ou la Via Tuscolana, pour aller se détendre à Frascati, à l’orée des Castelli Romani, au doux climat contrastant avec les chaleurs suffocantes de Rome. Quand il meurt, contaminé par la peste, en 1591 à l’âge de 23 ans, le jeune Louis de Gonzague était tellement apaisé et confiant que l’on disait de lui : « Il parle de son départ pour le ciel comme d’une promenade à Frascati » ! Il faut dire que depuis toujours cette bourgade, connue pour son bon vin, était une cité de villégiature où il faisait bon vivre. Au IVe siècle, les chrétiens avaient trouvé à Frascati, à l’est du centre-ville, un lieu retiré et à l’abri des intrusions, pour y enterrer leurs morts, martyrs ou non. Ainsi en a-t-il été des saints Zotique et Amante, auxquels furent adjoints Irénée et Hyacinthe – fêtés le 10 février. Au début du IXe siècle, sous le pontificat de Léon III, sans doute à cause de l’affluence des pèlerins, une véritable église souterraine fut bâtie qui subsista jusqu’à l’effondrement de sa voûte au XVIIIe siècle. Sans doute, Pascal Ier, grand bâtisseur et décorateur, fit-il transporter une partie des reliques dans des basiliques romaines. Notons qu’il est fêté le 11 février, au lendemain de Zotique et ses compagnons. À cette époque, les pèlerins venaient principalement de Frascati. La catacombe fut ensuite abandonnée et pillée jusqu’au milieu du XXe siècle. Ce cimetière antique donna à cette zone le nom lugubre de « Vallée de la mort ».

Entourée d’églises mariales

La vie chrétienne prend donc place au XXe siècle au milieu d’un peuple laborieux. Aujourd’hui, la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney est entourée de plusieurs lieux de culte, tous consacrés à la Vierge Marie invoquée sous les titres suivants : de la Confiance, de l’Orient, de l’Espérance, Mère de l’Église. Une première pauvre église en préfabriqué fut édifiée dès 1952. Sa construction, sur un terrain acheté par Don U. Terenzi, recteur du Sanctuaire du Divino Amore, était due à la libéralité de Mgr Georges Roche (1910-1990), prêtre de Poitiers, vivant à Rome, secrétaire du cardinal Tisserant (1884-1972). Érigée en paroisse en 1963, elle est desservie par les prêtres du Prado – fondés à Lyon par le P. Chevrier, qui rencontra le Curé d’Ars – jusqu’en 1974. Elle fut confiée au clergé séculier du diocèse de Trévise jusqu’en 1999 et est aujourd’hui desservie par le clergé de Rome. En 1961, Jean XXIII offrit la principale relique du Curé d’Ars. Ce reliquaire est porté chaque année en procession dans les rues de la paroisse. En 1976, les Sœurs de Notre-Dame Auxiliatrice de Montpellier offrirent à la paroisse ornements, linges liturgiques et objets personnels du saint Curé. Elles les conservaient depuis 1896.

La nouvelle église

L’église en préfabriqué, qui devait être provisoire, demeura en service pendant 37 ans, jusqu’à ce 12 avril 1989, où le bulldozer ne mit pas longtemps pour la réduire en miettes. Les paroissiens pleuraient de la voir disparaître car elle avait accompagné leur vie chrétienne et avait reçu le pape Jean-Paul II en 1982. Mais elle était devenue trop vétuste et trop étroite, si bien que les grandes célébrations se déroulaient à l’extérieur ! Aussi, ils se réjouissaient car sa disparition laissait la place à la construction d’une nouvelle église en béton armé, considérée comme l’une des plus modernes de Rome, à la structure véritablement unique, en forme de tente. La première pierre avait été bénie le 23 octobre 1988, à l’occasion du 25e anniversaire de la fondation de la paroisse par le cardinal-vicaire de Rome, Ugo Poletti. Il la consacrera le 4 novembre 1990. Cet édifice construit au cœur de la paroisse, offert par le marquis Alessandro Gerini, a été conçu par l’architecte Tommaso Sbardella. Il réalisera plus tard l’église S. Maria Addolorata. Son projet est de construire des églises visibles, évocatrices avec un clocher haut semblable aux campaniles antiques.

Paroisse exemplaire, Saint-Jean-Marie-Vianney témoigne d’une vitalité extraordinaire. « L’esprit de famille est fort mais aussi l’esprit d’hospitalité, comme c’était typique du charisme du Curé d’Ars, n’est-ce pas  ? » disait le précédent curé, Don Paolo Pizzuti. Si 800 enfants y sont catéchisés, si 300 personnes sont aidées chaque mois, ce qui fait le cœur de cette communauté, c’est l’adoration eucharistique et la vie liturgique. Une vitalité exceptionnelle aux portes de Rome. 

« Le Curé d’Ars continue à nous montrer la voie »

Entretien avec Mgr Marco Gandolfo, curé de la paroisse Saint-Jean-Marie-Vianney.

Quel est l’esprit que le saint Curé d’Ars inspire dans la paroisse ?
Mgr Marco Gandolfo : Saint Jean-Marie Vianney est patron de la paroisse depuis le 26 juillet 1963. Ce patronage a vraiment insufflé un fervent élan spirituel dans la communauté paroissiale. On retrouve ses deux grands amours au cœur de la vie de la paroisse : l’Eucharistie et le sacrement de pénitence. Il me semble que l’attachement des paroissiens à ces deux sacrements – que le saint Curé d’Ars aimait tant, on le sait – témoigne bien des grâces qu’il nous obtient et que, près de 200 ans après sa mort, il continue à nous montrer la voie. Enfin, il nous inspire une vraie attention aux plus démunis.

Concrètement, comment cela se manifeste-t-il ?
Par exemple, toutes les semaines, la paroisse organise trois distributions pour les pauvres : une d’habits, une de nourriture et une de médicaments. Au total, ce sont près de 130 familles qui en bénéficient. Tous les jours, de 8 h 30 à 13 h, nous avons l’adoration eucharistique. Et un salut du Saint-Sacrement solennel tous les vendredis de 17 h à 19 h.

Léon XIV, dans sa rencontre avec les prêtres du diocèse de Rome, a parlé du fait d’être des prêtres « crédibles et exemplaires ». Indique-t-il ici le modèle de saint Jean-Marie Vianney ?
Oui, c’est fort probable que le Saint-Père y ait pensé car la crédibilité du prêtre vient de sa foi : du respect qu’il a vis-à-vis de l’eucharistie, du temps qu’il passe dans le confessionnal… Le prêtre ne doit pas simplement être prêtre quand il célèbre les sacrements, mais dans toute sa vie. La charité du Curé d’Ars, son attention aux pauvres venaient justement de sa foi et de son amour pour les sacrements. C’est la foi qui engendre la charité, pas l’inverse. 

Propos recueillis par François Mennesson