«Je regrette d’être engluée dans le rôle de mère »… Sous le hashtag #regretmaternel ou #RegrettingMotherhood, de plus en plus de femmes expriment, sur les réseaux sociaux, leur regret d’avoir enfanté. Des regrets relayés – et alimentés – par la presse féminine et l’édition, comme en témoignent plusieurs publications récentes : Le regret d’être mère, de la sociologue israélienne Orna Donath (2015) et, plus récemment, Mal de mères, de Stéphanie Thomas, paru en octobre. La journaliste décrit ainsi les mères qu’elle a interviewées : « Des femmes qui donneraient tout pour pouvoir revenir en arrière et retourner à cette époque presque bénie où elles avaient encore le choix de ne pas avoir d’enfant. »
Pour Pascale Morinière, médecin et présidente des Associations familiales catholiques (AFC), cette souffrance s’explique en partie par « le choc physique que les femmes ressentent aujourd’hui avec la maternité – en particulier celles qui travaillent dans le tertiaire –, lié au décalage entre leur vie intellectualisée et l’hyper-engagement physique que demande la maternité, car un tout-petit demande énormément de soins et de temps ».
Un choc également psychologique, au regard de l’autonomie des femmes aujourd’hui, parfois peu compatible avec l’attachement maternel : « Certaines mères peuvent ressentir le lien fusionnel avec l’enfant comme une chaîne. » Si, autrefois, l’instinct maternel était inné pour la plupart d’entre elles, « il ne l’est plus nécessairement aujourd’hui, en raison de cette dualité corps-esprit », constate le médecin.
Graines féministes
Difficile de ne pas reconnaître, par ailleurs, dans ces regrets maternels, les fruits des graines semées par la génération des féministes, telles Simone de Beauvoir, qui a œuvré en première ligne à affaiblir la figure maternelle, dénonçant la maternité comme une aliénation des femmes par une société patriarcale.
Ces regrets sont sans doute aussi les fruits des fausses promesses de bonheur de la société aux femmes, devenues de véritables injonctions au bonheur. Pour la psychologue Christine Naschberger, « ce n’est pas l’enfant en tant que tel qu’elles regrettent, mais le rôle que celui-ci leur impose, ainsi que les attendus pesants de la société ».
Des attendus contradictoires, comme avoir un enfant au moment planifié – fruit de la mentalité contraceptive –, en ayant recours à la PMA s’il ne vient pas naturellement ; être une mère parfaite, sur le modèle idéalisé renvoyé par les médias féminins ; réussir sa carrière comme un homme ; s’épanouir pleinement dans sa vie personnelle ; être comblée par sa vie de mère et de couple ; profiter de la vie librement, etc.
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