L’agence de notation chinoise Dagong Global Credit Rating Co a déclaré le 4 août — soit la veille du jour où Standard and Poor’s allait rétrograder les Usa — avoir abaissé la note de crédit des États-Unis à A+, avec surveillance négative pour une éventuelle dégradation. Ce procédé a montré que la très communiste Chine procédait comme les grandes nations capitalistes et qu’elle ne se gênait dorénavant pas pour faire la leçon aux Occidentaux, particulièrement aux Étasuniens.
Dagong a en effet expliqué prévoir une récession économique à long terme de la première économie mondiale, en raison de sa gouvernance et de sa politique économique. Elle a ajouté que, selon elle, la croissance économique américaine descendrait à 2,5 % pour 2011 et 2012, avec un resserrement des politiques monétaires et fiscales aggravé par la faiblesse des moteurs de la croissance domestique. Elle a également précisé que le déficit budgétaire de Washington représenterait toujours 10 % du produit intérieur brut durant les deux prochaines années.
Or, à peine un mois plus tôt, plusieurs pays notés AAA avaient vu leur note abaissée par Dagong, les Usa perdant deux rangs, avec un simple AA, et le Royaume-Uni et la France reculant de trois crans, à AA-, tandis que la Belgique, l’Espagne et l’Italie glissaient plus bas, à A-, en compagnie de la Malaisie. En revanche, la Chine se hissait au niveau de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Canada, avec AA+, sans atteindre toutefois encore la Norvège, le Danemark, la Suisse, Singapour, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, crédités du must que constitue AAA. Du coup, Dagong n’a pas craint de critiquer les divers organismes et gouvernements de l’Occident en prétendant devoir « corriger les défauts » du système actuel non seulement en s’émancipant des agences américano-européennes mais aussi en prenant davantage « en compte la capacité de remboursement des États ».
En réalité, la santé de l’économie chinoise s’explique en partie par la sous-évaluation du yuan, artificiellement maintenu à 0,15 dollar et à 0,11 euros, alors que le Fonds monétaire international en situe la valeur réelle à 0,25 dollar et 0,21 euro. En regard, la désindustrialisation des pays occidentaux amène chez eux une croissance grippée, un chômage endémique et un commerce extérieur de plus en plus déficitaire. On peut donc craindre, notamment en raison de la difficulté pour l’Union européenne et les États-Unis de se montrer fermes en matière douanière, un asservissement économique et financier à la Chine « communiste ». On peut juste espérer qu’il sera provisoirement enrayé par les ratés de la technologie chinoise, illustrés par le fait que 54 trains à grande vitesse de la ligne Pékin-Shanghai — construits grâce à la technologie acquise lors de transferts de l’Occident — ont été rappelés pour « problèmes techniques » après l’accident qui a provoqué près de 40 morts à côté de Wenzhou. Mais cela risque de n’être qu’un simple délai.