Providence divine ou liberté humaine ? - France Catholique
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Pèlerinage de Chartres : la jeunesse de l'Église
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Providence divine ou liberté humaine ?

La question a provoqué des controverses interminables sans que l'on puisse trancher. Peut-on concilier deux approches qui semblent en totale opposition ?
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Paul V (1550-1621), le sage pape qui ne voulut pas trancher.

Paul V (1550-1621), le sage pape qui ne voulut pas trancher.

À la fin du XVIe siècle, la controverse fait rage entre les jésuites et les dominicains. Leurs deux champions s’opposent à coups de traités épais comme des bottins : l’austère et profond Domingo Bañez (o.p.) d’un côté, l’ingénieux et subtil Luis de Molina (s.j.) de l’autre. Deux Espagnols, car le royaume de Philippe II est alors le phare intellectuel du catholicisme.

L’objet de la dispute ? Savoir comment concilier la Providence divine et la liberté humaine. Autrement dit : si Dieu sait tout par avance, comment pouvons-nous être libres ? La prescience divine n’entraîne-t-elle pas une sorte de fatalité ? Tout n’est-il pas joué depuis toujours, dans notre dos ?

De nos jours, certains pourraient être tentés de refuser le problème, en abandonnant soit la prescience divine, soit l’idée de liberté humaine.

Mais l’une et l’autre échappatoires sont contraires à l’Écriture. On ne peut donc pas esquiver la difficulté : il faut l’affronter « en tenant les deux bouts de la chaîne », comme disait Bossuet.

Éternel présent

Du côté des Dominicains, on affirmait, à l’école de saint Thomas d’Aquin, que Dieu à proprement parler ne « prévoit » pas nos actes libres, mais qu’il les voit dans son éternel présent. S’il les connaît, ce n’est donc pas parce qu’ils seraient entièrement déterminés à l’avance, à la façon de la trajectoire prévisible d’une planète ; il les connaît éternellement parce qu’il les constate depuis son éternité atemporelle. Voilà qui semble devoir nous rassurer : si Dieu sait tout, c’est simplement parce qu’il jouit d’une position de surplomb atemporel – nullement parce que nous serions déterminés par les circonstances.

Mais tout se complique, car Bañez ajoute aussitôt que si Dieu voit éternellement tous nos actes, c’est essentiellement… parce qu’il en est la cause !

La métaphysique thomiste veut en effet que Dieu, comme Acte Pur, soit la cause d’absolument tout ce qui est. Ce qui recoupe, semble-t-il, saint Paul : « C’est Dieu qui produit en vous le vouloir et le faire, selon son bon plaisir. » (Ph. 2, 13). Bien sûr, insistait Bañez, quand Dieu cause nos actes, il ne nous ôte pas la liberté, il nous donne la liberté. Voilà qui n’est pas facile à comprendre.

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