Après le scandale du Médiator, voici celui des prothèses mammaires de la société PIP. Là encore, il aura fallu attendre le premier décès pour que des mesures soient prises en urgence, y compris sur le plan judiciaire, même si les prothèses suspectes ont été retirées du marché depuis plus d’un an. Une nouvelle fois, notre système de santé se retrouve sur la sellette.
Au scandale médical, il faut ajouter les propos pour le moins cyniques du patron de la société PIP, mis en examen pour ‘tromperie aggravée’ et ‘homicide involontaire’, qui a reconnu avoir utilisé un produit non homologué dans une logique purement financière. Quelque part, il faut rendre hommage à cet aveu ingénu et accablant.
Qu’on le veuille ou non, le secteur de la santé est un secteur économique à part entière. Qu’il s’agisse des laboratoires ou des fournisseurs de matériel médical, il y a des entreprises qui travaillent dans un secteur concurrentiel et qui doivent dégager des bénéfices pour demeurer viables et poursuivre leur activité. Ces sociétés ne sont bien sûr pas dirigées par des assassins ou des empoisonneurs, mais il suffit que la pression financière atteigne un certain niveau pour que les considérations strictement sanitaires soient parasitées par d’autres réalités moins nobles.
En face d’eux, ces acteurs économiques trouvent une puissance publique manquant singulièrement de moyens et où le mélange des genres est inévitable. Les organismes de contrôle sont généralement constitués de spécialistes et de chercheurs qui, forcément, auront d’une façon ou d’une autre, travaillé pour ceux qu’ils contrôlent, avec tous les risques de connivences que cela implique. On peut limiter les dérives, les éliminer complètement est une autre affaire.
Enfin, il y a ce redoutable paradoxe : jamais la santé n’a coûté aussi cher et jamais notre système sanitaire n’a été aussi pauvre. Allongement de la durée de vie, progrès technologiques constituent, rappelons-le, autant de réalités qui creusent le fameux « trou de la Sécu ». Résister à la logique du moindre coût ne peut que devenir de plus en plus difficile, aussi bien pour les entrepreneurs privés que pour les médecins et les organismes sociaux.
L’affaire des prothèses mammaires n’a pas fini de poser de redoutables questions à notre système de santé.
