Visiblement lassé du traitement qui lui a été réservé par les médias dominants pendant la campagne de la « primaire de la droite et du centre », Jean-Frédéric Poisson, candidat du Parti chrétien-démocrate, a préféré quitter en direct le plateau d’une chaîne de télévision nationale, plutôt que d’entrer dans le cadre d’une interview réduite à un temps d’antenne très restreint.
Un temps d’expression concédé en forme de peau de chagrin, une inégalité de traitement par rapport à d’autres candidats – sans doute plus « politiquement corrects » – auxquels un écho et des tribunes disproportionnés ont été indûment accordés dans un contexte boboïsant, des présentations tendancieuses et déformantes de sa candidature, l’effet d’annonce répété apporté complaisamment aux turbulences provoquées par la candidature Macron, cet OVNI de l’espace politique… Décidément, non, le système médiatique dominant n’a été ni correct ni objectif à l’égard de M. Poisson.
Quant à la « Primaire de la Droite ( ?) et du Centre ( ?) », établie d’avance par un appareil politique pesant, cette combinaison pré-électorale pose un sérieux problème qui parasite ces derniers jours de la Ve République. Censée pré-mastiquer le choix final des électeurs de la nébuleuse de l’ex-UMP rebaptisée à l’américaine « Les Républicains », cette grande machinerie risque d’apporter plus de complexité que de clarté, tant son processus est filtré ou biaisé par le système opaque des instituts de sondage et des grands médias.
Aux États-Unis, au lendemain des résultats d’une élection présidentielle qui fera probablement date, l’attitude des médias a récemment fait l’objet de très vives critiques, du fait d’un gigantesque cafouillage, procédant d’un décalage énorme et scandaleux entre un establishment solitaire et la population vivant dans le même pays.
En France, de plus en plus de citoyens commencent à se poser des questions fondamentales sur le hiatus croissant qui sépare un microcosme politico-médiatique rongé par un mélange d’autisme et d’arrogance et le peuple français, gagné par un mélange de colère et d’inquiétude. M. Poisson s’est rebiffé l’autre soir à la télévision, face à un traitement médiatique qu’il était en droit d’estimer inique. Mais plus généralement, il n’est pas le seul à être mécontent d’une culture généralisée du mépris.