Offensive en Iran : quelles conséquences ? - France Catholique
Edit Template
La France à Rome
Edit Template

Offensive en Iran : quelles conséquences ?

En décidant de bombarder des sites stratégiques iraniens, les États-Unis ont fait franchir une étape majeure au conflit engagé par Israël contre le régime des mollahs. Au risque de réveiller d’autres conflits ?
Copier le lien

Dans la nuit du 21 au 22 juin, presque dix jours après le déclenchement de l’opération « Rising Lion », « Lion qui se dresse » [tiré du Livre des Nombres NDLR], des B-2 américains ont procédé à des bombardements sur des sites nucléaires situés à Ispahan, Natanz et Fordo. Après avoir hésité plusieurs jours, Donald Trump – « qui ne jurait que par la paix, le commerce et les seuls intérêts nationaux », comme l’écrit Piotr Smolar dans Le Monde (22/06) – s’est décidé à soutenir Israël, au prétexte que l’État hébreu ne disposait pas d’armes assez puissantes pour détruire des installations situées parfois à des dizaines de mètres de profondeur. « Notre objectif était de détruire les capacités d’enrichissement nucléaire de l’Iran et de mettre un terme à la menace nucléaire posée par le principal État soutenant le terrorisme au monde », a déclaré le président américain, peu après le lancement de cette opération, « Midnight Hammer », « Marteau de minuit ».

Mettre l’Iran à genoux

Du point de vue israélien, les raisons de l’attaque engagée contre l’Iran sont nombreuses, à commencer par la nécessité de mettre fin à la fabrication d’une arme nucléaire, et de mettre à genoux le principal soutien du Hamas palestinien, du Hezbollah libanais et des Houthis yéménites. Et puis, de manière plus générale, comme le rappelle Franz-Olivier Giesbert dans Le Point (19/06), « voilà bientôt un demi-siècle que le régime abject des mollahs impose sa loi cruelle aux Iraniens, ce peuple magnifique, héritier d’une des grandes civilisations de la planète, incarnée par Cyrus le Grand, fondateur de l’empire perse et protecteur des Juifs, qu’il laissa retourner en Judée pour reconstruire le Temple de Jérusalem »

Néanmoins, la question se pose de savoir si les conséquences de cette offensive ne seront pas plus dommageables que le mal qu’elle est censée traiter. « Il s’agit d’une escalade dangereuse dans une région déjà au bord du gouffre – et d’une menace directe pour la paix et la sécurité internationales. Le risque que ce conflit échappe rapidement à tout contrôle est croissant – avec des conséquences catastrophiques pour les civils, la région et le monde », a commenté António Gutteres, le secrétaire général de l’ONU. L’histoire des interventions des États-Unis dans la région au cours des dernières décennies, en Afghanistan ou en Irak, montre en effet que ces risques sont réels, sans compter qu’elles alimentent l’image d’une superpuissance arrogante, qui se délie de toutes les règles internationales dès lors que ses intérêts bien compris, ou ceux d’Israël, sont en jeu. C’est la rhétorique bien huilée du Grand et du Petit Satan.

Un précédent dangereux

De fait, en décidant de bombarder l’Iran sans même requérir l’autorisation du Congrès, Donald Trump crée un précédent dangereux. Comment dénoncer avec crédibilité les bombardements russes sur Kiev lorsque – d’une certaine façon – on procède de même sur le territoire souverain de l’Iran ? Quelques heures après l’annonce de l’attaque, les responsables de la sécurité sud-coréenne se sont réunis pour étudier ses conséquences possibles sur les intentions de la Corée du Nord qui pourrait voir dans l’action américaine un blanc-seing idéal pour concrétiser ses intentions agressives. Et demain, que pourra-t-on dire à la Chine si elle engage l’offensive contre Taïwan dont chacun ne se demande pas si elle aura lieu, mais quand ? S’affranchir du droit pour défendre le droit, ce paradoxe – pour ne pas dire plus – de la politique étrangère américaine, est-il tenable à terme ?