« Notre histoire est enracinée dans le Ciel » - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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« Notre histoire est enracinée
dans le Ciel »

Pour perpétuer notre civilisation, nous devons nous réapproprier notre histoire : l’histoire nationale mais aussi l’histoire sainte, antidotes aux idéologies mensongères qui rabaissent l’homme. L’analyse de Jacques Trémolet de Villers.
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Clovis et Clotilde, 1811, Antoine-Jean Gros, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Clovis et Clotilde, 1811, Antoine-Jean Gros, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Que faut-il enseigner aux jeunes pour qu’ils perpétuent la civilisation chrétienne ?

Jacques Trémolet de Villers : La grande question, pour la France et pour les hommes qui la serviront après nous, c’est l’enseignement de l’histoire. La chronologie a été rompue de sorte que beaucoup n’ont plus aucun repère et ne savent si Jeanne d’Arc précède ou non Louis XIV… Nous avons perdu la mémoire de notre pays. Comment alors l’aimer, et l’aimer pour le servir, si l’on a oublié que la France commence avec le baptême de Clovis, et ce qu’elle doit à l’Église ? J’ajouterais à cet enseignement de l’histoire celui d’une géographie sérieuse car, s’il est nécessaire de situer la France dans le temps, il faut aussi savoir la situer dans l’espace. Connaître le jeu des puissances, savoir promouvoir et défendre nos intérêts – qui ne se résument pas à la défense des Droits de l’homme –, c’est poursuivre l’œuvre entreprise depuis des siècles. Si nous n’avons pas cette ambition, nous sortirons de l’histoire. Nous en sortons déjà, hélas.

Comment en est-on arrivé là ?

Par la démission des clercs – j’entends par là des « intellectuels » –, ces gens très savants qui ont estimé qu’il n’était plus nécessaire d’enseigner ce que leurs maîtres leur avaient appris ; par l’effet d’une certaine sociologie qui a renversé toutes les hiérarchies au sein de l’école, de l’État, de la famille aussi. Surtout, nous avons subi et subissons encore l’assaut de deux matérialismes. D’abord le marxisme : en réduisant l’histoire à la lutte des classes, à l’affrontement de deux blocs anonymes, le marxisme a banni l’homme de l’histoire. Il en a gommé les individus et leurs caractères, tout ce qui peut relever de l’ambition, de la générosité ou du sacrifice… Ensuite, aujourd’hui, l’heure est au libéralisme débridé. L’air du temps favorise l’immédiat : une consommation irréfléchie qui suppose que l’on cède à nos pulsions. Nul besoin, dès lors, de former des « honnêtes hommes » au sens où on l’entendait au XVIIe siècle. En promettant l’abondance et le Paradis sur terre, par le communisme ou par la consommation, ces deux idéologies ont effacé toute perspective historique – et, ce faisant, la promesse du Salut.

Est-ce à dire qu’il n’y a pas d’autre histoire que celle du Salut ?

Je le crois ! Les idéologies ne sont que des ersatz de religion qui toutes échouent et broient l’homme car elles ont voulu « éteindre les étoiles dans le Ciel », selon le mot, terrifiant d’orgueil, du socialiste René Viviani. Ce sont des mensonges. Au contraire, l’histoire du Salut est une histoire incarnée qui se poursuit jusqu’au Ciel. L’histoire sainte, c’est à la fois l’histoire des hommes et celle de Dieu, puisqu’il s’est fait homme. C’est la plus belle histoire qui soit. Elle n’est plus guère enseignée, mais on ne saurait trop conseiller aux jeunes de la relire. Notre histoire est enracinée dans le ciel.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.