Mgr Marc Aillet : « La réforme de l'Église passe par notre réforme intérieure. » - France Catholique
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Mgr Marc Aillet : « La réforme de l’Église passe par notre réforme intérieure. »

Alors que se tient à Rome le synode sur l’Église, Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, rappelle que seule une profonde réforme intérieure, avec pour cap la sainteté, peut venir à bout des crises qui secouent l’institution.
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Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, Fra Angelico.

Les précurseurs du Christ avec les saints et les martyrs, Fra Angelico.

© Sailko / CC by

En tant que pasteur, que prônez-vous à chacun pour redonner de l’Espérance ?

Mgr Marc Aillet : J’ai écrit Le temps des saints pour rappeler des exigences de foi au moment où il est de bon ton de profiter de la crise de l’Église pour démolir la légitimité de son enseignement moral et la vérité du sacerdoce. Nous ne pouvons réformer l’Église sans prendre conscience de son mystère ! Cependant, cela implique de notre part une conversion intérieure basée sur une exigence de sainteté. Qu’est-ce qu’être saint ? Être saint c’est appartenir à Dieu, donc être relié à Dieu par tout ce que nous sommes. Les membres de l’Église ne sont pas d’abord des citoyens mais des personnes incorporées au Christ par la grâce du baptême. Nous devons donc tous avoir conscience de notre vocation à la sainteté. C’est selon moi la clef de la vie de l’Église et de sa réforme qui passe par notre réforme intérieure. Sommes-nous capables de voir au-delà des dysfonctionnements structurels la profondeur de l’enseignement de l’Église ? Savons-nous vraiment écouter l’Évangile et en vivre ? Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle ! Voilà ce que Jésus nous demande.

Concrètement, comment revivifier l’Église de l’intérieur ?

Il n’y a pas d’Église sans prêtre et tous sont concernés par l’exigence de sainteté. Comment être un saint prêtre ? Comment être cohérent avec la mission confiée ? Le prêtre est mis à part mais pas séparé des fidèles. Il doit toujours penser à se convertir en marchant comme pasteur au milieu de son troupeau. La crise du sacerdoce est une crise de la transmission, car l’Église a été marquée par l’idéologie contestataire des années 1960-1970. La crise du clergé est une crise de la vie spirituelle des prêtres trop délaissée au profit d’un activisme pastoral, voire d’un engagement social ou politique. Quand on refuse un héritage ou qu’on ne sait plus comment l’accueillir, qu’a-t-on à transmettre ? Il faut donc revenir à une pastorale de l’engendrement avec des prêtres qui aient conscience de la dimension paternelle qu’ils incarnent en témoignant de la foi reçue pour la transmettre. Pour revivifier l’Église de l’intérieur il faut aussi donner aux séminaristes une formation sur la liturgie qui demeure le sommet et la source de la vie et de la mission de l’Église ! En ce sens, elle n’est pas un en-soi séparé du reste de notre vie : étant la célébration du Mystère pascal du Christ, elle nous aide toujours plus à passer concrètement, dans l’ordinaire de notre existence, de la mort à la vie : une vie de charité ici-bas dans l’espérance de la vie éternelle.

Enfin, je crois que l’Église connaît de nouveau une période que je qualifierais de néo-païenne. Les laïcs ont un rôle important à jouer. Dans mon diocèse j’ai initié un parcours dit « Cleophas » pour former des disciples missionnaires. La première année est un temps de formation, mais tout est centré sur la rencontre avec le Christ. La deuxième année est consacrée à la mission. Une cinquantaine de fidèles participent, à chaque promotion, à cette aventure placée sous le signe de l’Esprit Saint car je peux témoigner qu’elle donne de très beaux fruits. L’avenir de l’Église passe par la formation d’esprits éclairés de laïcs rendant témoignage à la vérité et de prêtres formés pour notre temps, cohérents dans leur vie et leur ministère.

Retrouvez l’entretien complet dans le magazine.

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le_tempsdessaints.jpgLe temps des saints, Mgr Marc Aillet, éd. Artège, 18 octobre 2023, 320 pages, 20,90 €.