Méfiance généralisée : les médias au pilori - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Méfiance généralisée : les médias au pilori

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Panne de journal télévisé depuis hier : plus aucune chaîne officielle sur notre écran : je trouverais cela plutôt réconfortant si l’événement concernait l’ensemble des téléviseurs de France. Hélas, je crois que cela ne se passe que chez moi…

Je suis donc allé sur BFM, qui fonctionne en compagnie de D8 et d’une autre dans les numéros 17 ou 18 : j’ai, dimanche soir, vu la pauvreté de leurs reportages à propos de la Manif pour tous, singulièrement déficients, ce qui n’avait pas été le cas le 13 janvier. Que se passe-t-il donc sur la chaîne qui se prétend la première en France pour l’information ? Comment peut-on baisser à ce point en qualité journalistique en à peine deux mois ?

Il est évident que les coups de téléphone ont du pleuvoir dès le 14 janvier sur le toit de la rédaction de BFM et que les nuques ont dû apprendre à s’assouplir et à plier sous l’amoncellement des oukases élyséens et matignonesques ! Chez les autres, le Monde, Libé, Marianne, Tétu, Canard enchaîné, Le Nouvel Obs, l’Express etc. cela a dû être plus facile, plus vite fait, on se retrouvait entre copains de longue date…

J’ai envoyé rédacteurs de chez BFM la dernière partie de mes réactions d’hier. Elle ne sera probablement pas lue de tous, mais peut-être éprouveront-ils quelque remords d’avoir obéi sans sourciller, de s’être montrés esclaves aussi facilement. Il faudrait que nous soyons nombreux à leur envoyer des photographies aériennes montrant les quatre avenues concernées grouillant chacune d’une foule compacte : en leur conseillant benoîtement de les faire « lire » par des logiciels spécialisés dans l’analyse des foules.

Comment n’être pas consterné ? L’état de l’information en France est calamiteux, du moins quand il s’agit d’un événement aussi formidable que celui auquel nous avons été si nombreux à participer. Ce qui émane de la Préfecture parisienne est à la fois d’un comique amer et d’un ridicule consommé. Ce qui nous arrive de l’Assemblée nationale est digne d’inspirer un nouveau Courteline, en plus féroce. Ce qui s’affiche dans les pages des « grands » journaux imprimés ou oraux est le signe d’un abaissement du métier qui m’afflige. Je mettais BFM à part : voilà que j’ai eu tort !

Tout est devenu « soumis » dans ce monde des « gras » médias au bruit que font les tiroirs-caisses :

« Mes amis, ne faisons pas de vagues », disait M. Bordeneuve, dans les années soixante candidat à l’élection municipale dans la bonne ville de Villeneuve-sur-Lot – alors entre les mains de l’ambassadeur Jacques Raphaël Leygues –, « car nous sommes dans la m… jusque-là ! », et ce disant il ondulait de la main droite juste sous sa bouche.

Reste une difficulté capitale : comment avertir les Français, absents à la Manif, de la fausseté de ce qu’ils entendent dire ou de ce qui leur est montré ? Bien entendu, le million et demi de manifestants – ôtons tout de même les enfants – se fera un devoir d’envoyer à leurs contacts sur l’Araignée des informations et des images : si se trouvent ainsi informés quatre ou cinq millions de citoyens de plus, ce sera déjà extraordinaire. Mais les autres ?

Il faut en effet que les Français sachent, par tous les moyens privés disponibles, qu’on les dupe, qu’on se joue d’eux, qu’on leur ment avec un aplomb stupéfiant, comme si l’on était certain de ne jamais être démasqué ! Il faut qu’ils sachent que l’on a, officiellement et volontairement, réduit cet immense événement à caractère historique à cette pauvre et lamentable échauffourée qui eut lieu à la limite des champs-élyséens et où furent aspergés d’un gel lacrymogène des vieillards, des femmes, des jeunes gens, des enfants avec leurs père et mère…

Et qu’on ne dise pas qu’après tout ces mensonges, pourtant médités, étudiés, « ne sont pas si graves » que ce que j’en laisse entendre… Mentir est indigne d’un chef, même si président de la République : il indique un mauvais vouloir qui ne saurait se limiter à la circonstance parce qu’il fait ostensiblement parti de la panoplie politique et que ce fait est en lui-même inacceptable, totalement insupportable.