Combien de fois dans les films policiers, avez-vous vu une scène où l’on confie à un espion un message secret, écrit selon un code, et où après l’avoir déchiffré, l’agent le mange. Eh bien, peut-être que la réponse est : pas très souvent à l’ère numérique. Mais, croyez-moi, en son temps, c’était d’usage courant.
Par contre, cette sorte de restauration rapide n’était pas particulièrement nourrissante. Mais il y a dans la littérature judéo chrétienne des histoires – 2 dans la bible, et d’autres dans la tradition – de prophètes et de saints à qui des anges, (ou la sainte Vierge) donnaient à manger des Paroles, des rouleaux dont la consommation et la digestion avaient une action transformante. Un ange donne à Ezéchiel un rouleau à manger (« et dans ma bouche il était doux comme le miel ») à la suite de quoi le prophète est capable d’aller prêcher – en les comprenant – les propres paroles que l’ange lui a données à mâcher et avaler.
Il est certain que c’est une leçon sur la façon dont nous « consommons » notre connaissance des textes. Combien de fois a-t-on pu entendre un étudiant souhaiter pouvoir simplement placer un livre contre son crâne et absorber ainsi l’information par « osmose » ? Et l’idée est très séduisante : Que Dieu verse simplement en nous en un instant les visions qui feront de nous des saints !
Il y a eu cet épisode dans la synagogue de Capharnaüm où Jésus a dit une parole qui a dû être aussi controversée qu’aucune de celles qui aient été prononcées devant un auditoire :
Je suis le pain vivant descendu du ciel ; qui mange ce pain vivra éternellement ; et le pain que je lui donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde (Jean VI– 51)
C’était tellement outrageant qu’un bon nombre de disciples cessa de suivre Jésus, et l’on a le sentiment que les Douze n’étaient pas particulièrement à l’aise. Le Seigneur se demande si eux aussi vont le quitter, et certains semble-t-il auraient pu y penser, si Pierre ne s’était pas écrié : « A qui irions-nous Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ».
Et tout ceci, comme l’a clairement exprimé Scott Hahn dans son livre «Consuming the World » (Consommer le monde), était un présage de l’institution de l’Eucharistie.
Vatican II le dit dans « Lumen Gentium » : « Le sacrifice de l’Eucharistie est le fondement et le sommet de la vie chrétienne<. » C’est unique parmi les religions, car cela se reproduit une ou plusieurs fois par jour dans presque toutes les églises catholiques du monde entier. Le Docteur Hahn décrit le processus selon lequel les premiers chrétiens mêlaient la sainte communion et la lecture de l’Ecriture, particulièrement celle du Nouveau Testament ; En effet, ce terme est synonyme à la fois de la liturgie de la parole, et de l’eucharistie, chacune exprimant (et même renouvelant) la proclamation historique de notre nouvelle alliance avec Dieu à travers Jésus Christ. Le nouveau Testament est un sacrement. Il est difficile, si on lit « Consuming the World ») de ne pas penser que les Pères de l’Eglise se sont trompés en ne s’en tenant pas aux usages communs des premiers siècles de l’ère chrétienne : Ancienne alliance et nouvelle alliance. Ce n’est pas que je veuille suggérer que « testament » n’est pas un mot approprié, mais que quelque chose d’essentiel a été perdu en l’utilisant. Mais « alliance » me paraît un mot beaucoup plus fort. C’est une chose d’être attaché à Dieu par des mots et des traditions, c’en est une autre de lui être lié par la chair et le sang. Hahn écrit que pour les premiers chrétiens, le Nouveau Testament n’était pas un livre, c’était l’Eucharistie, et quand, à la dernière Cène, Jésus a établi une « nouvelle alliance en son sang » (Luc XXII 3 - 20) : Il déclara que c’était le Nouveau Testament – et le Testament n’était pas un texte, c’était une action. Il n’a pas dit « lisez » ceci, ou « écrivez » ceci, mais « faites » ceci en mémoire de moi. Quand les évangiles et les épîtres ont été écrits, l’église avait déjà été fidèle aux instructions de Jésus depuis des dizaines d’années. Le Nouveau Testament était un sacrement au moins une génération avant qu’il ne devienne un document. En effet, Saint Paul a prêché l’Evangile avant qu’il n'y ait des Evangiles. A travers sa prédication, Paul insistait auprès de ceux qu’il convertissait, sur le fait qu’ils ne sont plus qu’un avec le Christ sacrifié, c’est-à-dire la célébration eucharistique, et que ceci impliquait qu’il y ait des prêtres, et avec l’office sacerdotal fut institué le baptême, le mariage, etc. Il y a là une correction subtile à la vision uniquement scripturaire de la foi. Non que la valeur des Alliances soit diminuée, mais nous reconnaissons que le sacrifice a précédé les documents. Cependant Scott Hahn ne se sépare en aucun cas d’une foi orthodoxe en ce qui concerne la Bible. De Jésus jusqu’à l’Eglise apostolique, et aux pasteurs et aux théologiens du deuxième siècle il y a unanimité complète de conviction eu égard à l’origine, l’autorité et la vérité divines des Ecritures. Et c’est aussi vrai maintenant qu’à l’époque. Nous croyons à la Parole de Dieu, parce qu’elle a proclamé la vérité de ces paroles au temps de son ministère terrestre. Et il y a aussi un message important ici pour la nouvelle Evangélisation : Nous en faisons tous partie. Hahn écrit que « l’histoire du Salut ne s’est pas terminée à l’Ascension du Christ, » elle continue jour après jour – dans l’Eglise et en dehors. Bien que nous entendions proclamer au cours de chaque messe ces paroles dans les lectures de l’ancien testament, des épîtres et des évangiles, les catholiques auraient vraiment besoin de lire davantage la Bible – et de savoir comment la lire : comment la consommer. On n’y trouvera pas de meilleure introduction que dans le livre de Scott Hahn. --- Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/eating-truth.html





