Lundi 19 mai 20147 - France Catholique
Edit Template
L'amour du travail bien fait avec saint Joseph artisan
Edit Template

Lundi 19 mai 20147

Copier le lien


L’événement-1

par Serge Plenier

L’étrange destin de Jérôme Kerviel

Rentrera ? Rentrera pas ? Jusqu’à son interpellation, Jérôme Kerviel aura entretenu le suspense, à défaut de son innocence, des capacités de grand communicant. L’ancien trader de la Société Générale s’est révélé un maître dans l’art de manipuler les médias. On a pu le constater à l’occasion de sa vraie-fausse « audience » avec le pape François, et surtout lors de son apparition à Canal Plus. Il n’en faut pas plus pour devenir une icône.

Le scénario semble imparable : c’est l’histoire d’une rédemption. Après sa longue pérégrination (un pèlerinage ?), celui qui a fait perdre 4,9 milliards d’euros à la
Société Générale paraît aujourd’hui purifié, sinon sanctifié.

Il est vrai que l’affaire Kerviel met tout le monde mal à l’aise. En témoigne la réaction de François Hollande qui parle d’une demande de grâce alors que l’intéressé lui demande la protection de « ses » témoins. En témoigne aussi les propos de l’UMP Xavier Bertrand qui, tout en soulignant avec raison que la justice s’est définitivement exprimée sur le plan pénal, affirme que l’ancien trader « porte quand même une vraie part de responsabilité ». Une part seulement ?

En fin de compte, le destin personnel de Jérôme Kerviel est passé au second plan. Celui que certains présentent comme le nouveau capitaine Dreyfus semble surtout coaliser autour de lui une confuse – et sommaire – idéologie. Peu importe qu’il ne manifeste guère de regrets, encore moins de repentir, et que lui ou son défenseur abusent de la manipulation. Nous sommes ici dans un domaine où la matérialité des faits pèse peu en face de l’emballement médiatique et des vieux réflexes idéologiques (voire démagogiques) sur la haine de l’argent. C’est ainsi que l’on doit comprendre la liste pour le moins hétéroclite des soutiens qui va de Jean-Luc Mélenchon à Mgr Di Falco, en passant par Eva Joly.

Jérôme Kerviel est coupable. La justice en a décidé ainsi et définitivement ; mais ceux qui le défendent contre toute raison ne sont pas forcément innocents. Nourrir une méfiance raisonnable envers un système bancaire trop souvent opaque est une chose. Voir dans une décision judiciaire le fruit d’un complot de la haute finance en est une autre. Le complotisme n’a jamais rien apporté à la démocratie.

Plutôt que de transformer un simple délinquant en martyr, ne vaudrait-il pas mieux chercher ce qui a rendu possibles les dérives d’un Jérôme Kerviel ?


L’événement-2

par Jean-Gabriel Delacour

Les armées amputées face à l’Afrique instable

Les présidents du Niger, Mahamadou Issoufou, du Tchad, Idriss Déby, du Nigeria, Goodluck Jonathan, du Cameroun, Paul Biya, et du Bénin, Thomas Boni Yayi, se sont réunis autour de François Hollande le 17 mai, avec des représentants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, pour mettre en œuvre un « plan global » face à la « menace majeure » que constitue le groupe islamiste Boko Haram ; en outre, la Chine et Israël ont proposé leur aide au Nigeria. De son côté, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé le lendemain en fin d’après-midi à Bangui pour une visite surprise, afin de rencontrer la présidente Catherine Samba Panza, juste après s’être rendu en Côte d’Ivoire et au Sénégal ; il s’agit de son quatrième déplacement en Centrafrique après ceux des mois de décembre, janvier et février derniers.

Tout cela témoigne de l’intense activité que déploie la France pour essayer non seulement de contrer les poussées islamistes en Afrique occidentale et centrale mais tout autant de préserver la paix dans des régions traversées par des lignes de fracture ethniques, religieuses et politiques. Toujours très isolé dans son action, Paris a le sentiment que le reste de l’Europe et les États-Unis, tout en approuvant son action, répugnent à véritablement s’engager.

La situation apparaît d’autant plus tendue qu’on parle de plus en plus de diminutions budgétaires. À ce sujet, deux anciens chefs d’état-major, le général Bentégeat et l’amiral Lanxade, viennent de lancer conjointement un avertissement clair : « Toute nouvelle réduction de crédits ou d’effectifs conduirait à un déclassement militaire et stratégique de notre pays sans commune mesure avec les sommes économisées ». Or, selon l’ancien ministre Xavier Bertrand, l’air, la marine et la force de dissuasion sous-marine se verraient amputés de 1,5 à 2 milliards d’euros de crédits. Le député Philippe Meunier, secrétaire de la commission de la Défense nationale et des Forces armées, pense que sera finalement adoptée « une solution qui sera jugée moins douloureuse, mais qui sera tout aussi mortifère pour nos troupes », condamnées d’une manière ou d’une autre à réduire leur action faute de moyens. 

Cela intervient au moment où les armées françaises devraient assurer de façon définitive le contrôle des divers verrous de la région sahélo-saharienne et centrafricaine permettant d’empêcher que les zones de tension aujourd’hui limitées ne se rejoignent pour créer un espace d’insécurité plus large dont les premiers bénéficiaires seraient évidemment les islamistes. On risquerait du coup d’envoyer au feu les militaires français sans les équipements adéquats, par exemple avec des hélicoptères Gazelle non blindés ou des vieux véhicules P4 incapables de résister à la moindre mine au Mali et en Centrafrique. Voilà pourquoi certains, y compris au sein du ministère de la Défense, demandent que les hauts gradés en activité alertent solennellement le chef de l’État sur l’impossibilité dans laquelle se trouveront bientôt les troupes de pouvoir mener leurs missions.

____________________________________________

Politiques

par Alice Tulle

Croissance zéro

On se souvient de l’inversion de la courbe du chômage, qui devait avoir lieu à la fin de l’année 2013. On a peut-être oublié que le président de la République et certains experts invoquaient plus généralement la fin d’un cycle dépressif qui devait également se produire à la fin de l’année dernière. Ces heureux événements n’ont pas eu lieu mais François Hollande n’a pas perdu son optimisme : au début du mois, il annonçait que « le retournement économique arrive », donc la croissance et la baisse du chômage qui, selon certains ministres, devrait passer sous la barre des trois millions — du moins pour la catégorie des demandeurs d’emploi sans aucune activité.

Malheureusement, à la mi-mai, la publication des comptes nationaux trimestriels a provoqué une déception : la croissance a été nulle depuis le début de l’année. Les explications données sont préoccupantes : la consommation des ménages a fortement baissé (— 0,5 %) et les investissements des entreprises ont chuté de 0,9 %. La France serait en récession s’il n’y avait pas eu de reconstitution des stocks (+ 0,6 %) et si le déficit budgétaire, que l’on veut réduire, ne soutenait pas l’activité économique, car les exportations restent faibles.

Le Président — qui fait fonction de Premier ministre depuis le début du quinquennat — est-il responsable de cette conjoncture défavorable ? Oui sans doute, puisque François Hollande a choisi une politique d’austérité et de prétendu soutien aux entreprises qui ne produit pas, ou n’a pas encore produit, les effets attendus. Mais la responsabilité est partagée avec la Commission de Bruxelles et plusieurs de nos partenaires de la zone euro qui ont fait les mêmes choix et qui se trouvent actuellement en mauvaise posture.

En Italie, le PIB a reculé de 0,1 % au premier trimestre (après un recul de 1,9 % l’année dernière). Aux Pays-Bas, le recul est de 1,4 %, la récession est de — 0,7 % au Portugal. Seules progressent l’Espagne (+ 0,4) et l’Allemagne (+ 0,8) mais cela ne suffit pas à tirer vers le haut la croissance de la zone euro (0,2 % au premier trimestre alors qu’on attendait le double). Dans le même temps la Grande-Bretagne affiche un + 0,7 %, le Japon un exceptionnel 1,5 %, la Chine un 7,4 % cependant considéré comme inquiétant…

Que faire ? Au moment des élections européennes, il ne fallait pas transformer le pessimisme général en désespoir. Le ministre des Finances, Michel Sapin, a curieusement déclaré au vu des mauvais chiffres : « Ce n’est pas grave mais cela conforte toute la politique que nous menons aujourd’hui. » Le Premier ministre a pour sa part annoncé pour l’automne prochain une baisse des impôts en faveur de 1,8 million de Français qui gagnent de « 1,2 à 1,3 fois le smic », alors qu’il s’agit plutôt de la suppression d’une hausse prévue.

Pour l’essentiel, le gouvernement va persévérer dans ses efforts selon une ligne inchangée : après le choc électoral du 25 mai, on va mettre en œuvre le « choc de compétitivité » en espérant que les entreprises parviendront à créer des emplois malgré la faiblesse de la demande intérieure et extérieure.

À l’exception phénoménale de l’Allemagne, la zone euro reste en crise et les regards se tournent vers la Banque centrale européenne en espérant qu’elle pourra faire baisser l’euro et augmenter le volume des crédits.

En attendant, les grandes entreprises françaises souffrent, doivent se réorganiser ou sont menacées par des prédateurs en provenance d’économies en meilleure position que la nôtre. Le ministre Arnaud Montebourg a fait prendre d’urgence un décret de protection complétant le décret Villepin de 2005, visant à protéger d’abord Alstom… Mais, comme en 2005, la Commission européenne y mettra un frein et il ne s’agit que de mesures défensives et provisoires, sans doute utiles, mais insuffisantes.


Monde

par Yves La Marck

Nigeria : La France s’engage

A la demande du président du Nigeria, le président français a réuni à Paris le 17 mai un sommet des voisins du Nigeria, le Niger, le Tchad, le Cameroun et le Bénin, tous francophones. Jonathan Goodluck se sert de la France pour conserver sa liberté de manœuvre par rapport aux Américains et aux Britanniques qui ne sont pas trop appréciés de cette puissance africaine qui s’affirme la première par sa population (170 millions d’habitants) et son économie qui dépasse celle de l’Afrique du Sud.

Le président Hollande était le 27 février dernier l’invité d’honneur des festivités du centenaire du pays. C’est en effet le 1er janvier 1914 que le pouvoir colonial a « amalgamé » la colonie du Sud et les protectorats du Nord, créant le Nigeria (alors au féminin : la Nigeria), sous l’autorité du théoricien du « pouvoir indirect », Frederick Lugard. Or tous les problèmes subséquents du Nigéria viennent de cet acte fondateur.

Le prix Nobel de littérature Wole Soyinka a déclaré qu’au lieu de se féliciter des succès obtenus, les dirigeants du pays devaient au contraire s’interroger sur l’héritage.

La violence qui sévit dans les trois États du Nord-Est du pays et se propage à la capitale Abuja et à la zone intermédiaire entre Nord et Sud porte un nom : Boko Haram, groupe islamiste devenu au fil des années djihadiste et terroriste.

L’opinion internationale avait été sensibilisée par les attaques menées contre les églises chrétiennes comme à la Noël 2011. Mais depuis la proclamation de l’état d’urgence dans les trois États du Nord-Est en mai 2013, c’est à une véritable guerre civile que l’on assiste. L’enlèvement le 14 avril de 276 collégiennes, dont 53 ont pu s’échapper, ce qui en laisse 223 depuis plus d’un mois aux mains de leurs ravisseurs, a été revendiqué le 5 mai par le chef du groupe, Aboubakar Shekau, qui réclamait en échange la libération de prisonniers. Le caractère spectaculaire de ce coup de main ne doit pas faire oublier que presque chaque jour les morts s’ajoutent aux morts : les festivités du 28 février suivaient de près la mort de 48 pensionnaires dans leur sommeil dans l’incendie de leur pensionnat ; le 14 avril, 70 morts à la gare routière d’Abuja ; le 5 mai, l’attaque du village de Gambora Ngola a fait au moins 315 morts.

Boko Haram semble profiter de deux facteurs. Premier facteur : l’état d’urgence s’est presque aussitôt retourné contre le pouvoir central. Les éléments de l’armée nationale engagés dans ces confins délaissés n’ont réussi qu’à monter la population contre eux ; ils ne se sont pas battus car ils partaient non motivés en territoire hostile et inconnu ; ils ont étalé leur corruption ; pauvres en renseignement, ils ont cherché à constituer des milices locales, désignées à l’opprobre de la majorité et aux représailles de Boko Haram.

Second facteur : la perméabilité des frontières. On l’a vu en 2013 lors de l’enlèvement au Nord-Cameroun d’une famille française au prin-temps puis du P. Georges Vandenboeche, à l’automne, heureusement relâchés après quelques semaines. Le sommet de Paris du 17 mai trouve ici sa justification mais aussi ses limites.

Si le président nigérian est accusé d’avoir longtemps refusé toute aide extérieure et d’être resté discret pendant deux semaines sur l’enlèvement des jeunes filles, c’est bien qu’il pensait que toute internationalisation du conflit était contreproductive. Sa régionalisation est une évidence géographique — l’État de Bornou, épicentre du groupe Boko Haram, est au carrefour de trois frontières, Niger, Tchad et Cameroun — mais jusqu’à présent elle n’a pas été érigée en réalité politique. Il ne s’agit pas d’impliquer ces États dans le problème mais au contraire de leur éviter d’être contaminés, avec à la clé la question d’une présence militaire française directe au Nord-Cameroun. 


Clefs

par Jean Gentaz

L’esclavage toujours d’actualité

Jean Étèvenaux vient de publier une histoire générale de l’esclavage à travers les siècles et les continents montrant l’universalité du phénomène. Cet ouvrage rencontre une double actualité, avec, en France, la commémoration de l’abolition de la traite transatlantique et, au Nigeria, l’enlèvement de jeunes filles promises à ce statut si elles ne deviennent pas musulmanes.

Pour l’auteur, cela permet de rappeler que, dans certains pays, l’esclavage vise non seulement les femmes, mais aussi tous ceux qui ne sont pas musulmans et même ceux des adeptes de l’islam considérés depuis des siècles comme des esclaves-nés, tels les fameux haratines de Mauritanie. Il faut toutefois prendre garde à ne pas faire de cette religion un vecteur obligatoire de l’esclavage, car un hadith du Prophète, considéré comme particulièrement authentique, affirme : « Dieu n’a rien créé qu’il aime mieux que l’émancipation des esclaves » et on ne peut non plus contester que le Coran pousse à leur libération et en fait un acte expiatoire ou une aumône — Mohamed a affranchi le premier les siens, qui sont devenus ses compagnons et ses frères. Il n’empêche que la pratique a été tellement importante que, aujourd’hui encore, il ne suscite guère qu’un silence gêné, à part quelques exceptions comme l’anthropologue et islamologue Malek Chebel qui l’a dénoncé dans L’esclavage en terre d’islam. D’ailleurs, la traite arabo-musulmane a touché, à partir du VIIIe siècle, quelque 17 millions de personnes et elle n’a cessé qu’à cause des opérations menées par les pays occidentaux dans le cadre de la colonisation du XIXe siècle. Par ailleurs, l’islam n’a produit aucun mouvement abolitionniste et n’a non plus jamais demandé pardon aux descendants des victimes. Enfin, explique Jean Étèvenaux, les raids autrefois effectués par les Barbaresques ont été à l’origine de millions de captifs, parmi lesquels Cervantès et saint Vincent de Paul, et ont concerné non seulement les pays de la Méditerranée mais aussi les côtes anglaises et même islandaises.

L’auteur aborde aussi l’action de Christiane Taubira, à l’origine d’une loi, votée à l’unanimité des députés de l’Assemblée nationale dès la première lecture en 2001, qualifiant la traite européenne de crime contre l’humanité — responsable de l’état de 12 à 15 millions d’esclaves. Pour lui, celle qui allait devenir garde des Sceaux a oublié la traite la plus ancienne, l’interafricaine, qui a peut-être causé la privation de liberté pour 14 millions de personnes, ainsi que les victimes de la traite arabo-musulmane, car, a-t-elle ensuite argumenté, il fallait que les « jeunes Arabes [d’aujourd’hui…] ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes ».

Souvent considéré comme un état de dégradation plus ou moins inévitable ou comme une condition temporaire résultant des avanies de la vie telle l’impossibilité de rembourser ses dettes, avec même parfois la possibilité de se racheter, l’esclavage suppose en fait des conditions très diverses pouvant coexister dans le même lieu. Cela explique pourquoi des civilisations hautement raffinées s’en sont accommodées, dans l’Antiquité comme chez les Amérindiens, dans le califat de Damas comme à la cour de Chine.

Aujourd’hui, les camps de travail dans des pays d’Asie, l’exploitation des travailleurs sans papier dans les pays occidentaux et la traite des Blanches — et des Noires — constituent nos modernes esclavages. Ils sont même parfois légitimés par ceux qui, au nom de la liberté de faire ce que l’on veut de son corps, justifient qu’il soit vendu ou que son intégrité soit violée.

Jean Étèvenaux, Histoire de l’esclavage. Les Européens, les Arabes et les autres, Chouzé-sur-Loire, Éditions Feuillage, 2014, 190 pages


Humeur

par Erwan Violin

La jupe pour tous

Avec l’idée saugrenue de faire venir des lycéens nantais à leur établissement vêtus d’une jupe pour lutter contre les « stéréotypes », les tenants du « gender » ont encore une fois nourri la polémique. Ce faisant, ils ont aussi oublié que la jupe en question peut-être aussi un vêtement parfaitement masculin comme la fustanelle grecque ou le kilt écossais.

A propos de ce dernier, ont peut également rappeler que l’Ecossaise Marie Stuart débarquant à Roscoff en 1548 fut si émue de l’accueil des Bretons qu’elle leur accorda le droit de porter le kilt. En somme, les lycéens qui ont laissé voir le jeune poil de leurs jambes n’ont finalement fait que rappeler l’identité bretonne de Nantes.

Voilà qui a dû faire plaisir au président du conseil régional des « Pays-de-Loire ».


Livres

par Catherine Pauchet

Roman

Trois mille chevaux vapeur

Birmanie, 1852. La Compagnie des Indes orientales entre en guerre contre les Birmans. Le commandant de la flotte britannique confie au sergent Arthur Browman une mission secrète : arraisonner un bateau transportant des armes destinées aux rebelles. L’opération échoue, le sergent est capturé et torturé ainsi que tous ses hommes. A peine dix d’entre eux retrouveront la liberté. De retour à Londres, Browman, devenu alcoolique et opiomane, découvre un cadavre mutilé selon le rituel birman. Seul l’un de ses compagnons d’armes rescapés a pu commettre un tel crime. Sa recherche du meurtrier le conduit en Amérique.

Il embarque à bord du Sea Persia, un navire en acier, trois mille chevaux vapeur, et arrive à New York. Il a trente-six ans et va découvrir les côtés sombres du rêve américain. Dans cette fresque qui tient à la fois du polar et du western et s’étale sur trois continents, Antonin Varenne dépeint un mercenaire en quête de sa rédemption.

« Trois mille chevaux vapeur », Antonin Varenne, Albin Michel, 554 p., 22,90 €.

Polar

Suspect

Un homme, un chien, un destin commun. Lors d’un braquage, l’officier de police Scott James a vu Stéphanie, sa partenaire, se faire tuer sous ses yeux. Depuis, ses nuits sont un cauchemar. La chienne Maggie aussi est traumatisée. Après des années passées en Irak et en Afghanistan à la recherche d’explosifs, son maître a été soufflé par une bombe. Tous les deux se retrouvent dans la brigade canine de Los Angeles et vont apprendre à travailler ensemble. La présence de Maggie aidera Scott James à reprendre confiance en lui et à mener à conduire l’enquête sur le meurtre de Stéphanie. Robert Craig signe un polar bien construit fondée sur une jolie amitié.

« Suspect », Robert Craig, Belfond Noir, 316 p., 20,50 €.

Jeunesse

Le voyage dans le temps de la famille Boyau

Nous sommes en 4014 (déjà !) et les Boyau, une famille très spéciale, les parents et leurs trois enfants : Victor et les clones H1 et N1, décident de remonter le temps pour voyager incognito (ce n’est pas gagné d’avance) au 21ème siècle. Un périple qui offre l’opportunité aux jeunes lecteurs de résoudre les quarante jeux et énigmes qui ponctuent cette histoire délirante.

« Le voyage dans le temps de la famille Boyau », Yves Grevet (texte), Julien Meyer (illustrations), Syros, 144 p., 13,90 €. Dès 8 ans.

Musique

Gondoles

Ce livret au format carré, illustré de gravures et de peintures sur Venise, est l’occasion de découvrir l’univers de Donna Leon et de son héros le commissaire Brunetti, à travers une suite d’anecdotes. Il s’accompagne d’un cédérom consacré aux chants des gondoliers interprétés par Cécilia Bartoli, Vincenzo Capezzuto et l’orchestre Il Pomo d’Oro.

« Gondoles », livret + Cd présentés par Donna Léon, Calmann-Lévy, 20, 90 €.


Cinéma

par Marie-Christine Renaud d’André

Deux jours, une nuit

Après une absence pour dépression, Sandra apprend que son patron a fait voter ses collègues de travail en leur proposant de choisir entre une prime de mille euros et la réintégration de Sandra. Seuls deux collègues ont voté pour elle. La jeune femme, qui a obtenu un nouveau vote, n’a que deux jours et une nuit pour convaincre, un par un, ses quatorze collègues de modifier leur vote. 

En suivant l’héroïne, qui frappe aux portes et demande à parler à ses collègues, on se dit que cette histoire va vite devenir lassante et répétitive. Pourtant, grâce à leur immense talent, les frères Dardenne ont réussi à transformer ce sujet austère en un bouleversant suspense humain. 

Car chacune des personnes que l’héroïne va rencontrer est différente et a de vraies et justes raisons de préférer sa prime à la réintégration de la jeune femme. Sans didactisme ni jugement sur les personnes, les cinéastes décrivent la tragique réalité d’une crise qui dure et malmène les gens, en leur faisant oublier les belles envolées sur la solidarité. 

Marion Cotillard est exceptionnelle de justesse. Elle ne joue pas, elle est vraiment cette ouvrière, à la fois forte et fragile, qui se bat pour conserver son emploi. Et le spectateur suit son combat de la dernière chance le cœur serré et en priant pour qu’elle réussisse.

Les frères Dardenne filment la vie dans toute sa dureté, mais aussi dans sa beauté (c’est une habitude chez eux !). Le personnage du mari, toujours aux côtés de sa femme, qui la soutient, l’encourage et la dynamise avec tendresse, est magnifique. 

Mais c’est la scène finale, d’une extraordinaire humanité, qui donne tout son sens à ce film bouleversant. 

Drame franco-italo-belge (2014) de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Marion Cotillard (Sandra), Fabrizio Rongione (Manu), Pili Groyne (Estelle), Simon Caudry (Maxime), Catherine Salé (Juliette), Olivier Gourmet (Jean-Marc) (1h35). (Adolescents) Sortie le 21 mai 2014.

Gaudí, le mystère de la Sagrada Família

L’histoire de la construction de cette magnifique basilique de Barcelone, imaginée par Antoni Gaudí, dont l’édification est toujours en cours. 
Avec des images impressionnantes de cette basilique à nulle autre pareille et différents témoignages de ceux qui y travaillent encore, Stefan Haupt retrace l’histoire de Gaudí et celle de la construction inachevée de son chef d’œuvre. Et même si le cinéaste se contente de filmer l’ensemble un peu platement, le sujet est si extraordinaire que l’on se laisse emporter par cette histoire étonnante.
Documentaire suisse (2013) de Stefan Haupt, avec les témoignages de Jaume Torreguitart, Etsuro Sotoo, Jordi Savall (1h29). (Tous) Sortie le 14 mai 2014. 


Grace de Monaco

Six ans après son mariage, Grace de Monaco souffre de voir peu son époux. 
Malgré une belle photo et une magnifique Nicole Kidman, on s’ennuie ferme avec ce film si léché qu’il ne laisse aucune place à l’humanité des personnages. Surtout, pour aborder la vie de personnages réels, il faut respecter leur crédibilité. Faire discuter au téléphone le général de Gaulle et le prince Rainier en anglais relève du ridicule. Quant à la fin, résoudre les problèmes entre la France et la principauté avec un discours de la princesse sur l’amour est risible. 
Il n’y a pas grand-chose à dire humainement parlant sur ces héros de papier glacé, sans épaisseur humaine.

Comédie dramatique franco-americano-belgo-italienne (2014) de Olivier Dahan, avec Nicole Kidman (Grace Kelly), Tim Roth (le prince Rainier), Frank Langella (Francis Tucker), Paz Vega (Maria Callas), Robert Lindsay (Artistote Onassis), André Penvern (Charles de Gaulle) (1h42). (Adultes) Sortie le 14 mai 2014.

Le promeneur d’oiseau

Un grand-père emmène sa petite-fille dans son village natal.

Une fillette odieuse et un grand-père gâteau, le thème n’est pas nouveau, et il ressemble fort à celui du Papillon, du même Philippe Muyl, qui a fait un malheur en Chine. C’est la raison pour laquelle le cinéaste, qui a passé beaucoup de temps dans le pays et a même appris le mandarin, a choisi d’y tourner ce film, en chinois. Malgré un début un peu lent, on est sous le charme d’une œuvre qui pénètre dans la Chine profonde, celle qui a conservé ses traditions. Les images sont superbes (en particulier celles de ces arbres plus que centenaires), et l’histoire est pleine de poésie. 

Au contact de la nature et de ces gens si accueillants, l’enfant gâtée va s’humaniser et apprendre à vivre simplement, sans ses béquilles électroniques. Surtout, avec beaucoup de finesse, elle réussira à réunir ses parents au bord du divorce. 

Comédie dramatique franco-chinoise (2012) de Philippe Muyl, avec Li Baotian (Zhigen, le grand-père), Yang Xin Yi (Renxin), Li Xiao Ran (Qianing, la mère), Qin Hao (Chongyi, le père) (1h40). (Adolescents) Sortie le 7 mai 2014.


LE CHIFFRE DE LA SEMAINE

40 mètres

C’était la taille, en longueur, des 7 dinosaures dont les fossiles ont été découverts dans la province patagonne de Chubut, en Argentine, selon une information publiée par le quotidien britannique The Telegraph. Avec leur hauteur de 20 mètres (un immeuble de 7 étages) et leur poids de 80 000 kilogrammes, ces dinosaures de l’espèce des titanosauridae sont sans aucun doute les animaux les plus grands ayant jamais vécu sur terre. Les fossiles découverts remontent à 95 millions d’années.

Leur long cou, leur longue queue et leur petit crâne permettent de classer les individus dans la famille des sauropodes. D’après les paléontologues, ces dinosaures herbivores pourraient être morts de déshydratation avant d’être dévorés par des carnivores dont les dents ont été également retrouvées.