Le tableau est brossé sur l’antenne de France Culture (03/09) pour détailler les résultats économiques du gouvernement de Giorgia Meloni : « Rome […] a augmenté sa balance commerciale, réduit son déficit public et désormais affiche un taux de chômage fortement réduit : un sursaut qui place notre voisine en meilleure position que la France sur de nombreux indicateurs. » Pour expliquer ce « taux de chômage qui n’a jamais été aussi bas depuis vingt ans » – 6 % en Italie, 7,6 % en France –, l’antenne du service public s’est efforcée d’aller rechercher des facteurs exogènes, dont l’indéniable vigueur de la reprise après le Covid, mais a dû se résoudre à le reconnaître par la voix de l’économiste italien Marcello Messori, interviewé pour l’occasion : « La bonne gestion des finances publiques par le gouvernement Meloni a permis de soutenir cette croissance. »
Baisse du chômage
On sent que, du côté de la Maison de la Radio, l’aveu a coûté. Alors on s’est efforcé de le relativiser : les bons chiffres du chômage ne seraient dus qu’au retour à l’emploi des plus de 50 ans ; ils ne seraient portés que par des emplois faiblement qualifiés ; pire encore, ils s’expliqueraient par l’obstination de plus 40 % des femmes italiennes à demeurer à leur domicile pour prendre soin de leurs foyers, lesquels – il faut le reconnaître – sont de moins en moins animés en raison d’un profond hiver démographique qui constitue l’un des principaux défis de Giorgia Meloni : « La démographie n’est pas une question parmi d’autres pour nos nations. Elle est la question dont dépendra l’avenir de nos nations », déclarait-elle en 2023. Un combat que Meloni, qui se présente comme « femme, mère, italienne et chrétienne », associe à la défense de la vie.
Ainsi, on aura beau chercher à minimiser par tous les moyens l’impact de la politique menée par la présidente du Conseil italien, les chiffres sont et demeurent têtus : le déficit public, qui s’élevait à 7,2 % du PIB en 2023, a été ramené à 3,4 % en 2024, et la dette publique a été ramenée de 155 % du PIB en 2022 à 135,3 % en 2024. « La France est devenue l’Italie et l’Italie la France », résumait, cruel, le correspondant italien en France du quotidien italien Il Foglio, dans un article confié à L’Opinion (02/09).
Si l’on écarte l’idée hâtive et malintentionnée que ce que La Tribune (03/09) appelle « la surprise économique de l’Europe » n’est que l’heureux fruit d’une conjoncture providentielle, comment expliquer la performance italienne ? Au début de l’été, l’IFRAP (03/06) a identifié 14 mesures qui ont dynamisé l’économie transalpine parmi lesquelles la limitation des départs anticipés à la retraite, la réduction des subventions en faveur de la rénovation énergétique, la fluidification des procédures judiciaires et donc des coûts associés, l’optimisation des ressources digitales des administrations…
Une approche pragmatique, concrète, dont on mesure les fruits aujourd’hui. Sur l’immigration, l’Italie a mis en place une politique de coopération avec le Sud, montré une grande fermeté avec les ONG transportant des migrants, et réduit de 60% l’immigration clandestine. Tout en signant le 30 juin un décret prévoyant d’accueillir 500 000 travailleurs étrangers jusqu’en 2028. Pragmatique et incernable.