Les résultats officiels des évaluations nationales CM2 : inespérés ! - France Catholique
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Les résultats officiels des évaluations nationales CM2 : inespérés !

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par l’équipe de lire-ecrire.org

Nous avons longuement analysé les épreuves de l’évaluation nationale de CM2, passées dans les écoles, à partir du 19 janvier (voir : La vérité sur les nouvelles évaluations CM2,

http://www.lire-ecrire.org/dossiers/objectifs-examens-notations/evaluations-nationales-primaire/la-verite-sur-les-nouvelles-evaluations-en-cm2-2009.html)

Sur cette base, et sur les résultats connus du niveau des élèves à l’entrée en 6ème, nous avions pronostiqué
– qu’un grand nombre d’élèves, peut-être 50 %, auraient des résultats inférieurs à 20 sur 60 en français et 14 sur 40 en mathématiques
– qu’un petit nombre d’élèves auraient plus de 39 sur 60 en français et 26 sur 40 en maths.

Le Ministère a présenté les premiers résultats officiels le 30 mars (voir www.education.gouv.fr).

Il nous inflige un démenti cinglant. Qu’on en juge :
– au niveau national, seuls 7 % des élèves ont moins de 20 sur 60 en français, et 15 % moins de 14 sur 40 en maths
– 45 % ont plus de 40 en français et 35 % plus de 27 sur 40 en maths.

Trop beau pour être vrai ?

Les raisons de douter de la véracité de ces résultats ne manquent pas :

• Avant la passation des épreuves, nous avions assisté à des critiques virulentes de ces nouvelles évaluations, à des tentatives de désinformation, à des appels au sabotage. Certains enseignants et certains syndicats annonçaient qu’ils n’appliqueraient pas les consignes de notation, qu’ils « prépareraient » les épreuves avec leurs élèves, ou qu’ils ne communiqueraient pas les résultats. C’est pourquoi nous avions assorti nos pronostics de la réserve suivante : « ce ne sera peut-être pas le cas, du fait des conditions dans lesquelles se sont déroulées les nouvelles évaluations ».

• Le ministère fait état de statistiques nationales concernant 553.263 élèves sur 700.000 environ, soit 79 %. Cet écart, plus de 2 mois après les épreuves, n’est pas expliqué. En deux mois, les aberrations statistiques ou les erreurs de transmission auraient dû être corrigées, ne serait-ce qu’en revenant aux cahiers remplis par les élèves.
Une hypothèse vient à l’esprit : les 20 % manquants se trouvent dans les écoles les plus faibles, car on imagine mal une autocensure des écoles ayant les meilleurs résultats.

• Pourquoi, à l’époque d’Internet et de l’informatique, a-t-il fallu deux mois pour centraliser des informations aussi simples ? La lourdeur de l’administration ne peut pas tout expliquer !

Nous croyons volontiers le ministère lorsqu’il nous indique que « les résultats ont été connus par les maîtres dès fin janvier ». Et, paraît-il, « les directeurs ont fait remonter au niveau national des données anonymes et agrégées ». Nous savons que les directeurs d’école sont très occupés, cependant quelques additions et la saisie des résultats ne devaient pas prendre plus de huit jours. La remontée au ministère et l’exploitation informatique – additions, calculs de quelques pourcentages, tri par académies et départements – devaient être quasiment instantanés.

• Sauf si … la remontée des directeurs au niveau national était un aimable raccourci, si certains directeurs avaient « négocié » les résultats avec les instituteurs et avec l’académie.

Un syndicat d’inspecteurs (SNPI-FSU) a publié un texte « Non à la manipulation des statistiques sur les évaluations CM2 », selon lequel des inspecteurs auraient reçu des instructions, généralement orales, pour transformer les fichiers transmis par les directeurs d’école.

Certes, ce syndicat est peut-être lui-même manipulateur. Mais ce qu’il avance cadre bien avec ce qu’on sait des habitudes de l’Education Nationale concernant les résultats des examens, les consignes aux correcteurs pour « normaliser » les notes d’épreuves déjà très accommodantes, etc …

De l’optimisme officiel

De façon compréhensible, le ministère se félicite de ces résultats inespérés : « on le voit, notre école fait réussir beaucoup d’élèves » car « ces évaluations sont strictement conformes aux exigences des nouveaux programmes de l’école ».

Nous avons montré qu’elles sont à peu près conformes aux exigences des programmes 2008 de CE2, CM1 et CM2, avec pour CM2 des épreuves particulièrement faciles.

Plus précisément, en français, sur 60 points
11 correspondent au programme de CE2
28  »  » CM1
21  »  » CM2
En mathématiques
17 correspondent au programme de CE2
16  »  » CM1
7  »  » CM2
De façon très schématique, on pourrait dire que les élèves qui ont plus de 11 + 28 = 39 en français maîtrisent le programme 2008 de CM1.
Or, d’après les résultats officiels, 45 % des élèves seraient au-dessus de ce niveau, par conséquent capables au mois de janvier de traiter des questions du niveau de CM2, en bonne voie pour la fin de l’année scolaire.
Cependant le ministère nous annonce que « 75 % des élèves sont au niveau attendu ou au-delà », ce qui correspond aux élèves ayant plus de 30 points sur 60, qui, selon nous, ne maîtrisent pas tous le niveau de CM1. Tout ceci évidemment dans l’hypothèse où les résultats seraient avérés.
Cet optimisme officiel aura certainement les effets recherchés sur la plupart des médias, qui n’ont pas de mémoire. (1) Dans l’intérêt général, nous aurions préféré un peu plus de retenue.

Optimistes, nous aussi !

Nous avons salué ces nouvelles évaluations comme une étape positive et importante de la refondation de l’école. Pour nous, l’important ne se trouve pas dans les péripéties de l’affaire, ni dans les résultats officiels. L’important, ce sont des constatations qu’ont pu faire les maîtres, ce qu’ils en ont pensé dans leur for intérieur, et ce qu’ils ont appris à cette occasion. En effet, beaucoup d’entre eux, englués dans les pratiques d’évaluation des « compétences », ne savent pas quelles sont les connaissances effectives de leurs élèves.
L’important, c’est que ces évaluations soient renouvelées l’an prochain, avec les améliorations qui s’imposent, mais dans le même esprit de vérification des connaissances acquises, de savoirs transmis.


(1) Relevé dans la Presse le 31 mars : »Evaluation des écoliers : plus d’un tiers de très bons élèves. Quatre écoliers sur 10 ont un très bon niveau, mais 1 sur 10 devra bénéficier de soutien scolaire (…) »


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