Les adolescentes dans l’Amérique progressiste - France Catholique
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L'incroyable histoire des chrétiens du Japon
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Les adolescentes dans l’Amérique progressiste

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Vent chaud, Charles Conder, 1889.

Vent chaud, Charles Conder, 1889.

[National Gallery of Australia, Canberra]

Ce n’est pas facile d’être une adolescente. Pas plus que d’être un adolescent. Le lent processus qui sépare la rive de l’enfance à la rive opposée de la maturité peut être un passage épineux. Très épineux en vérité. Comme nous sommes nombreux à nous en souvenir.

Il y a une génération, des dizaines de milliers de jeunes filles (peut-être même davantage) avaient des troubles d’anorexie ou de maladies approchées. Les filles minces développaient l’idée saugrenue qu’elles étaient en réel surpoids. Aussi réduisaient-elles leur consommation de nourriture. Dans des cas extrêmes, des filles ultra-maigres essayaient de cesser totalement de manger. Nombreuses étaient celles qui se mettaient à ressembler à des prisonniers au retour d’Auschwitz. Elles étaient à la limite de mourir de faim.

Actuellement, un grand nombre d’adolescentes sont tourmentées par une idée nouvelle à la mode, l’idéologie transgenre, l’idée absurde que, en dépit du fait qu’elles ont un corps féminin, elles sont en réalité non pas des filles mais des garçons. D’une manière ou d’une autre, il leur est arrivé de naître dans le mauvais corps. Cette malchance ayant eu lieu, il est à présent impératif, croient-elles, qu’on leur permette de passer du féminin au masculin.

Et elles croient que les adultes qui les entourent – en particulier leurs parents, leurs professeurs et leurs médecins – ont le devoir de les aider à faire ce changement. Les aider par exemple en les traitant par des « soins de réattribution du genre » – des hormones mâles, des bloqueurs de puberté ou des mutilations du corps, c.a.d. des amputations chirurgicales de leurs seins naissants.

Si les adultes refusent de les aider, c’est sûrement par « haine » – on les en a convaincues. Ces filles ne ressentent pas seulement qu’elles sont dans le mauvais corps ; elles ont aussi l’impression que les adultes qui devraient le plus les protéger, sont leurs pires ennemis. Comme tout cela est horrible ! Beaucoup de ces filles très à plaindre/folles, menacent de se suicider, et plus d’une le tentent.

Les garçons aussi sont pris au piège et tourmentés par cette folie transgenre. Mais je soupçonne que ce problème est beaucoup plus courant en moyenne chez les filles.

Pour parler psychologie, il y a une grande similitude entre l’ancienne folie anorexique et la nouvelle folie transgenre. Cela pourrait nous donner des raisons d’être optimistes. L’ancienne folie a disparu, puisse la nouvelle en faire autant.

Mais il y a une différence gigantesque entre ces deux folies. Autrefois, personne ne soutenait les filles atteintes dans leur anorexie. Personne ne disait à une fille qui était maigre comme un cure-dents, « Oh mon Dieu, tu es si grosse ! C’est dégoutant ! Ne mange pas ton petit déjeuner. Et si on te force à manger, essaie de vomir dès que tu as fini. »

Toutefois, de nos jours pratiquement la moitié du pays conforte ces pauvres filles dans leur folie, la moitié progressiste, la moitié idéologique qui approuve et promeut les activités LGBTQIA+. Ce sont les mêmes personnes qui approuvent énergiquement d’autres choses curieuses, par exemple l’avortement, les mariages de même sexe, l’ouverture des frontières, l’athéisme, et l’idée que la plupart des américains blancs sont des racistes anti-noirs – et anti-bronzés par-dessus le marché. L’idéologie transgenre fait partie de ce paquet progressiste.

Ce sont ces progressistes qui dominent les grandes orgues de la propagande morale en Amérique – le journalisme (papier ou électronique) l’industrie de loisirs (TV , cinéma, musique populaire), l’enseignement secondaire et supérieur (et beaucoup d’établissements privés) , la chaire des religions « libérales » et le parti Démocrate (qui fut le mien autrefois).

Le Président Biden, catholique comme nous, est le commandant en chef non seulement des forces armées, mais aussi de la puissante centrale progressiste.

L’Eglise catholique aux Etats Unis n’est pas (en tous cas pas encore) une religion « libérale ». Mais elle y est à mi-chemin. A ce jour (contrairement aux églises protestantes franchement libérales) elle refuse d’approuver l’ordre du jour progressiste (sauf, peut-être l’ouverture des frontières), mais elle est réticente à le condamner.

Nos évêques, sauf quelques honorables exceptions, rappellent un des évêques de l’époque du roi Henri VIII. A l’exception d’un seul (John Fisher de Rochester) ils restaient assis timidement tandis que le roi fermait les monastères et chassait la papauté de l’Eglise. Dans l’ensemble, nos évêques catholiques font peu de choses pour défendre l’Eglise contre ses ennemis progressistes. Spécialement remarquables sont le silence et parfois le progressisme feutré de cardinaux nommés par le pape François : Tobin de Newark, Cupich de Chicago, Gregoire de D.C., et Mac Elroy de San Diego.

Alors voilà ces pauvres filles, en grande peine quotidienne à cause de leur conviction absurde qu’elles ne sont pas du tout des filles, mais des garçons. Et les voix les plus autorisées de la société américaine, les voix de nos élites spirituelles, au lieu de dire à ces filles ce qu’on disait aux filles anorexiques de la génération précédente, « Tu te trompes, tu te fais des illusions, laisse nous t’aider » – au lieu de dire cela nos élites progressistes disent « Beaucoup de personnes sont nées dans le mauvais corps. C’est peut-être ton cas. Laisse-nous t’aider par un traitement de réattribution sexuelle. Par exemple, nous pouvons te fournir un chirurgien qui te coupera les seins. »

Pendant de nombreuses années, j’ai cru que le but ultime du progressisme actuel était la ruine du christianisme, particulièrement du catholicisme. L’idéologie transgenre fait un pas de plus. Sous-jacents au christianisme, il y a deux convictions fondamentales exprimées dans le premier verset du Credo de Nicée : a) la certitude que Dieu existe ; b) la certitude que Dieu a créé un monde intelligible qui peut être compris, au moins partiellement, par un cerveau humain.

L’idéologie transgenre est une attaque à l’idée que le monde est compréhensible. Au lieu de cela, l’idéologie est une affirmation du contraire, c’est-à-dire que le monde n’a pas d’existence objective. Au contraire, les choses sont ce que nous DISONS qu’elles sont. Si nous disons qu’une fille est un garçon, alors, elle est un garçon. Et si nous disons qu’un bébé in utero n’est pas un être humain, alors il ne l’est pas, et si nous disons que les mariages de même sexe sont parfaitement naturels, alors ils le sont. La réalité est ce que NOUS pensons qu’elle est et non ce que Dieu pense qu’elle est.

Nous n’avons pas encore atteint le point où les progressistes diront « 2 plus 2 égale autre chose que 4 ». Et un certain recul face à la folie trans a commencé devant la mutilation d’enfants. Mais nous y sommes proches et sans une direction forte de l’Église et d’autres institutions, nous y allons tout droit.