Léon XIV, saint Jean Paul II, et la crise de la fertilité - France Catholique
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La sainteté : dire oui à Dieu
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Léon XIV, saint Jean Paul II, et la crise de la fertilité

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La famille Martin. Basilique Notre-Dame d'Alençon, chapelle Louis et Zélie Martin.

La famille Martin. Basilique Notre-Dame d'Alençon, chapelle Louis et Zélie Martin. © Julian Kumar / Godong

Le pape Léon XIV s’est joint au chœur de ceux qui se lamentaient sur l’implosion des taux de la fertilité mondiale. Parlant après une visite au Président de l’Italie, le pape a réclamé instamment une action contre l’implosion de la fertilité et l’effondrement de la natalité. Pour l’encourager, il a prôné d’utiliser spécifiquement des noms sexués pour les membres de la famille : « père », « mère », « fils », « fille », « grand-père », « grand-mère », … (ce sont des mots qui dans la tradition italienne, expriment naturellement et évoquent des sentiments d’amour, de respect et de dévouement – quelquefois héroïques – pour le bien de la famille, de la communauté, et de ce fait pour celui de la société dans son ensemble. » Ils expriment également ce qui est nécessaire pour – et le résultat de – la procréation, quelque chose que « parent un » et « parent deux » comme le disent de nombreux pays, ne font pas.

Les remèdes à cet état de choses se concentrent souvent sur des réformes sociales : congé parental, allocations, et suppression de taxes pour les familles, soin pour les enfants, etc. En effet, il y a dans nos structures socio-économiques des éléments qui militent contre les familles. Il est bon que le pape les ait remarqués. Mais je pense que son accent pourrait être ailleurs.

Comme son prédécesseur saint Jean Paul II (élu il y a quarante-sept ans aujourd’hui [NDT : le 16 octobre]) l’a remarqué, la culture se situe en amont de la politique et de l’économie. Et notre « fameuse stérilité » est un problème culturel – à la fois dans la société élargie, et au sein de l’Église catholique. Comme il l’a dit dans Amour et responsabilité :

Ni dans l’homme, ni dans la femme, l’affirmation de la valeur de la personne ne peut être séparée de la conscience et l’acceptation volontaire qu’il peut devenir père et qu’elle peut devenir mère…Si la possibilité d’être parent est délibérément exclue des relations conjugales, le caractère de la relation entre les partenaires change automatiquement. Le changement est loin de l’union dans l’amour et se dirige plutôt vers un plaisir mutuel ou plutôt « bilatéral ».

Les sociétés humaines ont toujours reconnu que le mariage et la parentalité, bien que distincts l’un de l’autre, vont normalement ensemble. En d’autres termes, dans le cours naturel des choses – en l’absence de maladie, âge avancé, ou autres empêchement – à terme, les époux deviennent parents. Ce n’est pas une doctrine catholique ésotérique, mais une réalité de la loi naturelle que les sociétés humaines reconnaissent depuis longtemps. C’est pourquoi la procréation était comprise comme normalement liée au mariage – du moins jusqu’à ce que le nouvel oxymore du « mariage de même sexe » apparaisse.

Ce fait de la loi naturelle, cependant, est élevé à un niveau plus significatif par l’enseignement théologique catholique de Vatican II : « Les enfants sont vraiment le cadeau suprême du mariage et contribuent de façon très substantielle au bienêtre de leurs parents. » (Gaudium et Spes, 50) Le concile a également affirmé que la coopération des époux avec le Seigneur par la procréation fait partie de l’œuvre de création et de salut de Dieu. Voilà pourquoi la bénédiction nuptiale dans le sacrement de mariage comprend une invocation pour que des époux d’âge approprié puissent être « bénis avec des enfants, et prouver être des parents vertueux qui vivront pour voir les enfants de leurs enfants. »

Maintenant, à quand remonte la dernière fois où vous avez entendu un prêtre – ou même un évêque – parler de ces choses ?

Notre société séculière a brisé le lien entre le mariage et la procréation, traitant celle-ci non pas tellement comme un « choix », mais comme ce que l’ancien archevêque de Paris, Michel Aupetit appelait un « projet parental » – un élément optionnel du paquet d’identité de deux personnes, découpé selon leurs désirs et réalisé avec les moyens qu’ils jugeront adaptés.

La tolérance sociale générale de la conception d’enfants hors mariage, la GPA, « l’adoption » homosexuelle, et les arrangements similaires attestent d’une culture plus largement tolérante à l’idée que les enfants ne sont pas nécessairement reliés au mariage, et encore moins qu’un enfant a le droit d’être conçu, né et élevé au sein d’un mariage permanent.

Si vous en doutez, considérez si le fait d’affirmer qu’un enfant a le droit de vivre dans un environnement conjugal ferait vibrer les oreilles modernes.

Cette déconnexion culturelle plus générale se reflète souvent maintenant au sein de l’Église. Les catholiques, immergés dans cette anti-culture dominante – respirant pour ainsi dire les émanations de sa vision sociale toxique – ont besoin d’aide pour ne pas assimiler ses idées par osmose. Cependant, encore une fois, dans une paroisse ordinaire, quand est-ce qu’on entend parler de fornication ou de GPA ? Ce silence suggère soit que l’Église ne pense pas que ces questions soient importantes, soit qu’elles sont trop banales pour être mentionnées. Aucune de ces raisons n’est vraie.

Aussi, tandis que j’accueille avec plaisir l’Église comme partenaire dans la promotion des politiques sociales qui favorisent la parentalité et la vie de famille parmi les pressions économiques qui militent contre elles, l’essence même du travail de l’Église se trouve ailleurs.

La mission de l’Église est la formation au long cours des esprits et des cœurs, commençant avec les vérités basiques dont des générations de catholiques se sont imbibées autrefois par l’intermédiaire de leurs mères et de leurs pères (en même temps qu’ils apprenaient le « Notre Père » et le « Je vous salue Marie ».)

  • Le mariage est une partie de la vie naturelle, normale et bonne, vers laquelle la plupart des adultes se dirigent et qui devrait être encouragée, surtout par les familles et l’Église.
  • Le mariage précède la procréation, mais la procréation découle normalement du mariage.
  • Bien que distincts intellectuellement, ils ne sont en général pas séparables.

Une personne normale ne devrait pas penser à la parentalité comme à quelque chose comme un « supplément facultatif » au mariage. Le schéma normal devrait être que le mariage mène à la procréation, et non que la procréation doive se justifier séparément, même après le mariage.

Présenté grossièrement, le catholique lambda (qui n’éprouve pas une vocation à la prêtrise ou à la vie religieuse) devrait se marier et ensuite, avoir des enfants.

Ce serait une grande chose de la part des lobbyiste ecclésiastiques de presser les parlements et les assemblées législatives de mettre en œuvre des soutiens sociaux encourageant le mariage parmi les conditions économiques modernes. Ce serait une chose encore plus grande pour les pasteurs, spécialement ceux qui insistent sur la valeur de sentir comme leurs ouailles – de commencer à parler beaucoup plus souvent et plus explicitement du mariage et de la procréation.

Ce n’est pas pour rien que le déclin démographique menace maintenant de nombreuses nations. Si votre culture est orientée vers la stérilité, la stérilité est ce que vous obtiendrez. Il est temps maintenant de changer de cap, pour le salut de nos sociétés et de nos âmes.

John M. Grondelski, traduit par Isabelle

Source : https://www.thecatholicthing.org/2025/10/16/pope-leo-xiv-st-john-paul-ii-and-the-fertility-crisis/