L’Église est face à « une question de vie ou de mort » selon le cardinal Zen - France Catholique
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Ces Papes qui ont fait l'histoire
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L’Église est face à « une question de vie ou de mort » selon le cardinal Zen

L’allocution prononcée par le cardinal Joseph Zen durant les Congrégations générales est d’autant plus forte que l’évêque émérite de Hong Kong, âgé de 93 ans, ne peut que difficilement quitter la Chine.
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Le cardinal Joseph Zen, évêque émérite de Hong Kong, ici en 2008. © Rock Li / CC by-sa

Il s’est rendu à Rome « parce que l’Église se trouve à un moment crucial de confusion et de division ». Les autorités chinoises l’ayant autorisé à se rendre à Rome pendant dix jours, le cardinal Zen, 93 ans, a adressé de sévères mises en garde aux cardinaux réunis en Congrégations générales contre la « réforme », un mot « magique » mais aussi « dangereux », rappelant que la Réforme protestante « nous a arraché une grande partie de l’Église. » « La réforme est toujours nécessaire parce que nous sommes pécheurs, a remarqué le cardinal Zen. Mais une réforme qui sape les éléments essentiels de l’Église fondée par Jésus – une, sainte, catholique et apostolique – n’est pas une vraie réforme. »

« Prétexte pour remanier la constitution de l’Église »

Dans la suite de son intervention – commencée par un éloge du pape François –, le cardinal Zen est revenu sur la crise des abus sexuels et sur la « crise profonde de l’Église » qu’elle a provoquée. Mais « au lieu d’en identifier la cause dans la révolution sexuelle qui s’est infiltrée jusque dans les séminaires, on a rejeté la faute sur le ‘cléricalisme’, redoublant l’humiliation et le découragement du clergé fidèle, et utilisant même la crise comme prétexte pour remanier complètement la constitution de l’Église » a estimé le prélat hongkongais. « Nous ne pouvons pas ne pas y voir une tentative malencontreuse de s’adapter à l’esprit du monde au lieu de le combattre vigoureusement » a continué le cardinal Zen, relevant toutefois les cas « tolérés de manière incompréhensible » du cardinal Theodore McCarrick et du Père Marko Rupnik, tous deux accusés d’abus sexuels.

La charge contre le processus synodal

L’évêque émérite de Hong Kong en est ensuite venu au sujet sur lequel il a réservé ses coups les plus violents : le Synode sur la synodalité. Relevant que le Synode n’a pas tenu compte du droit canon, selon lequel il devait se tenir « pour le maintien et le progrès de la foi et des mœurs, pour conserver et affermir la discipline ecclésiastique », pour plutôt promouvoir le « changement », le cardinal Zen a partagé sa grande perplexité vis-à-vis du procédé de « conversation dans l’Esprit » promu par le Synode pour traiter des grandes questions concernant l’Église et censé permettre aux participants « d’entendre » ce que l’Esprit Saint leur dit. « [Il s’agit d’une] méthode inventée par les jésuites canadiens, non pas pour aider au discernement, mais pour apaiser les émotions avant la discussion. […] L’Esprit vous dira-t-il maintenant qu’il s’est trompé pendant vingt siècles et qu’il va maintenant vous dire la vérité ? » a-t-il fait mine de s’interroger.

La conclusion du cardinal, d’une grande sévérité, a été sans appel : « Les électeurs du prochain pape doivent être conscients qu’il aura la responsabilité de poursuivre ce processus synodal ou de l’interrompre de manière décisive. C’est une question de vie ou de mort pour l’Église fondée par Jésus. »