Les reproches de misogynie faits à l’Église sont fréquents et variés, mais ils se cristallisent autour de la question du sacerdoce des femmes : comment comprendre qu’au XXIe siècle, les femmes soient « écartées » de la prêtrise ?
L’enseignement du Christ
Tout d’abord, cette règle n’est pas une « invention » de l’Église. Elle remonte au Christ lui-même. Les femmes, en effet, sont très présentes dans l’Évangile. Elles entourent Jésus, l’écoutent attentivement ou se soucient de bien l’accueillir. Et le Seigneur les guérit, les relève, les cite souvent en exemple. Certaines l’accompagneront jusqu’à la Croix et elles prépareront avec amour son embaumement, se rendant au tombeau dès que la loi le permet – aux premières lueurs du jour. C’est à des femmes que le Seigneur apparaîtra en premier et les femmes ne sont dépréciées nulle part dans l’Évangile. Pourtant, après une nuit de prière (Lc 6, 12) et uni à son Père, le Christ choisira explicitement et nommément douze hommes pour être apôtres – ils devront célébrer l’Eucharistie et gouverner l’Église naissante. Ceux-ci finiront torturés, crucifiés, décapités – des fins atroces que le Seigneur épargna à ses disciples féminines.
Le Christ a choisi délibérément des hommes comme prêtres, tandis que la plupart des religions antiques admettaient des prêtresses. C’est pourquoi, la réponse la plus solide à la question « Pourquoi l’Église n’ordonne-t-elle pas les femmes ? » sera toujours : le Seigneur en a décidé ainsi. Croit-on le Christ incapable de s’extraire de la mentalité et des préjugés de son temps, lui qui malmenait tant d’« idées reçues » ? C’est une mauvaise théologie de se demander ce que le Seigneur aurait dû faire ; la vraie démarche théologique, humble et fidèle, consiste à essayer de mieux comprendre pourquoi le Seigneur a fait ce qu’il a fait.
Du reste, le Christ a continué d’apparaître au cours des siècles. Mais ni sainte Catherine, ni sainte Thérèse d’Avila, ni Marguerite-Marie n’ont entendu le Seigneur leur demander d’être prêtre ou de réformer l’Église sur ce point. Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus a dépassé les limites de la spiritualité de son époque et a renouvelé en profondeur la spiritualité. Peu avant sa mort, dans la nuit de la foi, elle écrivit ces mots célèbres : « Je voudrais éclairer les âmes comme les Prophètes, les Docteurs, j’ai la vocation d’être Apôtre… Je voudrais parcourir la terre, prêcher ton nom et planter sur le sol infidèle ta Croix glorieuse, mais, ô mon Bien-Aimé, une seule mission ne me suffirait pas, je voudrais en même temps annoncer l’Évangile dans les cinq parties du monde… » Elle voulait être missionnaire et, par-dessus tout, martyre, et embrasser spirituellement toutes les vocations. Mais à aucun moment, elle n’a exprimé le désir de remplacer les prêtres en tant que tels. Qu’on nous permette de suivre le témoignage unanime des saintes plutôt que de comités auto-missionnés pour réformer l’Église.
Les sacrements sont intangibles
Que l’Église doive sans cesse chercher à promouvoir les femmes, à reconnaître leurs richesses propres et à les valoriser, c’est incontestable. Elle le fait déjà depuis des siècles, ne cessant jamais de s’enrichir du génie féminin : de sainte Geneviève à Thérèse d’Avila, de Jeanne d’Arc à Edith Stein. Elle pourrait sans doute mieux valoriser les talents féminins dans son organisation. Mais être soucieux des femmes ne signifie pas modifier les sacrements. Comme le soulignait le pape Jean-Paul II : « Le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu et Mère de l’Église, n’ait reçu ni la mission spécifique des Apôtres ni le sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à l’ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu’elles auraient une dignité moindre ni qu’elles seraient l’objet d’une discrimination. » (Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis, 3, 1994).
Dans un monde qui a peur de la différence, maintenir la distinction fondamentale entre les hommes et les femmes a quelque chose de prophétique : tout n’est pas interchangeable… Non une femme ne peut être un père ; oui, les hommes et les femmes ont des qualités propres. Par sa fidélité à ces vérités, l’Église constitue une véritable contre-culture. Elle appelle à se réjouir des richesses incomparables de l’un et l’autre sexe. À ne pas regarder les relations sous le prisme déformant des jeux de pouvoir, de domination, de violence. À ne pas voir les rôles, les vocations, comme des rapports de force déguisés, mais comme des lieux où Dieu nous a placés pour répandre son amour. Car dans l’Église, le plus grand est celui qui aime davantage et non celui qui trône. C’est en contemplant le Christ qui s’est fait serviteur, qui s’est abaissé et a lavé les pieds des disciples avant de mourir sur la Croix, que nous comprenons la vraie nature du sacerdoce. Car la prêtrise n’est pas un « poste », c’est un appel divin ; ce n’est pas une domination, mais un service.
Tous appelés à la conversion
Hélas, l’être humain est marqué par le péché et tout ce qu’il touche est souillé. Il se sert effectivement de sa place pour conforter son orgueil, s’accrocher au pouvoir, se mettre en avant, etc. Et cela concerne tous les chrétiens. Et si des femmes accèdent à des postes de responsabilité, il n’y a aucune raison qu’elles soient moins avides de pouvoir que les hommes, car le péché originel nous touche tous, sans distinction de sexe. Mais si la racine de ce mal est spirituelle, le remède à nos dissensions ne serait-il pas dans l’adoration ? Mettons-nous d’abord à genoux ensemble, puis nous discuterons. Car comme l’écrivait le pape François : « Adorer, c’est mettre le Seigneur au centre pour ne pas être centrés sur nous-mêmes. C’est remettre les choses à leur place, en laissant à Dieu la première place. Adorer, c’est mettre les plans de Dieu avant mon temps, mes droits, mes espaces. »





