Après avoir maté le début de mutinerie déclenché sur son bateau, Manuel Valls a remis le reste de l’équipage au pas, tout le monde au garde-à-vous sur le pont : la main dans la poche de son gilet pour calmer ses aigreurs d’estomac et pour vérifier que personne ne cherche à lui chiper son portefeuille, il dévisage chacun des quartiers-maîtres et des matelots.
Désormais, la double consigne est claire sur le Valls II : primo, toujours la rigueur économique, pour l’utilisation des provisions, afin qu’au bout de cinq à six semaines les vivres ne viennent pas à manquer. Secundo, on continue à avancer hardiment dans le sens du vent des réformes sociétales de nouveau « genre » du type « mariage pour tous », à voile et à vapeur, comme il semble convenir aux faiseurs d’opinion. Et c’est ainsi que la sémillante Najat Vallaud-Belkacem, figure de proue du « Meilleur des mondes » à venir comme propagandiste zélée de l’idéologie du Genre, vient d’être nommée ministre de l’Education Nationale, et que Mme Christiane Taubira, idole indéboulonnable de cette idéologie officielle et d’un laxisme imperturbable vis-à-vis de la délinquance, reste à son poste au ministère de la Justice.
Le capitaine catalan fixe désormais d’une façon très personnelle le cap de la navigation gouvernementale sous les yeux écarquillés du président François Hollande rentré transi de l’île de Sein et peut-être resté à quai, cette fois au bord de la Seine. Toutefois, le vœu du président rejoint sans doute l’objectif du Premier ministre capitaine du Valls II : « Fluctuat nec mergitur », la devise de la ville de Paris, capitale des Bobos, de Pierre Bergé et du Marais.
Hélas, la météo est incertaine pour ce nouvel équipage, avec des nostalgiques de la Fronde au coeur même des Palais nationaux et un électorat qui semble avoir basculé soit vers une Droite radicalisée, soit vers une abstention massive. Le drame pour la trajectoire future du Valls II est que la force d’inertie est la plus grande force du monde. On souhaite quand même bien du courage à son capitaine…
Denis LENSEL