Le spirituel envahi par le temporel ? - France Catholique
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Le spirituel envahi par le temporel ?

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Dans notre monde moderne survolté, la façon de vivre sa foi inclut le fait d’éviter l’intrusion du terre-à-terre matériel dans notre vie de foi quotidienne.

Il y aurait bien des raisons d’examiner cette espèce de résistance, car c’est bien de la place qu’occupe notre foi dans notre vie que doit dépendre le sens que nous donnons aux mots, aux actes, aux comportements culturels; notre vie ne doit pas donner priorité aux gestes et évènements profanes.

Prenons un exemple simple, tel que le fait de savoir à quel moment je pars à la fin de la messe. Si je participe vraiment à celle-ci, je devrais alors ne sortir qu’après avoir joint ma voix au chant final. Alors, après une brève action de grâce, je pourrais sortir en ayant le sentiment d’avoir vraiment participé avec respect à l’évènement important de ma semaine.

Si, au contraire, plutôt que de donner priorité à ma foi, je me préoccupe de ma sortie du parking ou de vite aller au supermarché, je me précipite pour sortir en vitesse en faisant l’impasse sur prière et chant avec la communauté. Bien sûr, cette simple remarque devrait nous faire réfléchir quelques minutes, sur quoi ?

L’intrusion de préoccupations pratiques peut paraître innocente, très insignifiante, mais, une fois vécue, elle peut m’avoir privé de quelque chose d’essentiel.

Une simple petite réflexion nous interpelle: quand nous faisons quelque chose, quelle valeur lui attribuons-nous ? Selon notre foi, ou selon ce que le monde qui nous entoure nous suggère de lui accorder comme valeur ? En prolongeant en conscience cette idée, nous sommes transportés dans un domaine inépuisable de réflexions.

Un coup d’oeil sur le mariage catholique. Si un homme et une femme devaient s’engager à examiner soigneusement selon les critères de la foi tout ce qu’ils font, en tant qu’individus ou en couple, je peux dire avec certitude qu’ils découvriraient avec grande surprise la profondeur de leur vie conjugale, ainsi que la place jouée par leur mariage au sein de leur paroisse (et même au sein de la collectivité laïque).

Un bon point de départ serait « la Constitution de l’Eglise dans le Monde Moderne » de Vatican II: « Gaudium et Spes », en particulier au Chapitre 1 de la 2ème partie, le chapitre sur le mariage. Des gens qui pensent qu’ils contrôlent bien leur union, ou en arrivent peut-être à penser que leur vie conjugale est bêtement banale, trouveraient là des trésors inestimables en cherchant à assimiler les leçons enseignées par l’Eglise, et à en vivre.

Le secret consiste à reconnaître à quel point il est important de mettre en application les vérités selon la foi, plutôt que se comporter en fonction d’idées et habitudes de comportement dictées par la culture standard. Cette dernière, nous le savons bien, peut être parfois utile, mais, plus souvent aujourd’hui, elle peut prendre une tournure franchement contraire à la vie chrétienne. A une époque comme la nôtre, nous sommes aveugles si nous ne le reconnaissons pas dans le monde qui nous entoure; c’est-à-dire ce qui est représenté par nos voisins, les gens qu’on rencontre au supermarché, aussi bien que dans ce que distractions et blagues sont censées apporter.

Jean-Paul II a dû expliquer aux sportifs et amateurs que « l’importance du sport aujourd’hui invite ceux qui y participent à en profiter pour faire un examen de conscience. Il est important d’identifier et promouvoir les nombreux aspects positifs du sport, mais il n’est que juste aussi de reconnaître les diverses transgressions auxquelles on peut succomber de son fait. » Il faisait là une digression dans un discours axé sur les célébrations du Jubilé de l’An 2000, en évoquant la vie de beaucoup de monde aujourd’hui. Ainsi, même le terme relativement neutre de « distraction » implique la conscience personnelle. Dans une perspective catholique, ce qui signifie que notre travail a pour objectif une humanité authentique, la distraction prend une signification puissante et originale.

Avec sa clarté habituelle, l’expert en droit canon Ed Peters affirmait récemment que « la conscience est utilisée avant tout pour juger si une action concrète personnelle est en accord avec les enseignements de l’Eglise, et non pour déterminer d’abord si on est d’accord ou non avec eux ». Remarquez au passage que l’idée même de décider si on est d’accord ou non avec les enseignements de l’Eglise est un signe fallacieux de laïcité moderne s’insinuant dans la vie des fidèles, sous prétexte d’évoquer « les Lumières ». Ainsi les « Lumières » s’attaquent à l’Eglise d’une façon agressive.

Le Pape François a offert au moins trois leçons qui ont été ignorées ou insuffisamment appréciées. Il ne vit pas dans un palais, contrairement aux habitudes multiséculaires du haut-clergé; il a écrit sur l’environnement, en rappelant aux coeurs chrétiens l’inquiétude qu’ils doivent avoir pour la Création (l’écologie étant devenue par ailleurs comme une religion laïque pour beaucoup); et il a proclamé la Sainte Année de la Miséricorde, choisissant là la plus dure des vertus que montre le monde moderne. Le sens du mot « Amour » a déjà été largement galvaudé à travers les comportements actuels et, finalement, permet à chacun de lui donner le sens qu’il imagine.

Il est facile de multiplier les exemples, mais le point essentiel est simple: si nous ne vivons pas une profonde vie de foi, nous finirons par mener une vie sous la dépendance d’habitudes d’ordre temporel, n’ayant que peu ou pas du tout de lien avec la présence du Christ dans le monde.

Source : http://www.thecatholicthing.org/2016/01/17/letting-the-secular-in/

Le Fr.Bevil Bramwell, OMI, PhD, est l’ancien doyen de la Catholic Distance University.