Les « intermittents du spectacle » vont-ils devenir les absents d’un été culturel désertique, comme pendant la canicule de 2003 ? Depuis le 3 juin, au « Printemps des comédiens » à Montpellier, la quasi-totalité des représentations a déjà été annulée. Dès maintenant, le déroulement du célèbre Festival d’Avignon est menacé : un nouveau drame se profile à l’horizon comme un revenant, le spectre de l’annulation de cette manifestation déjà imposée en 2003.
Huit théâtres toulousains ont voté la grève. A Besançon, l’électricité de Pôle-Emploi a été coupée… Et mardi dernier, à Châlons-en-Champagne, des intermittents ont jugé bon de se déshabiller jusqu’à se mettre tout nus devant Mme la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, fille d’un mineur de fond, dans l’espoir de la sensibiliser à leur sort précaire…
Les intermittents se mobilisent contre une décision du 22 mars sur l’assurance-chômage, thème auquel ils attachent beaucoup d’importance, avec de sérieuses raisons, mais peut-être en employant des méthodes dignes des remèdes des médecins de Molière… Et s’ils continuent ainsi à scier la branche sur laquelle, bon an mal an, ils parviennent encore à s’asseoir même par intermittence, et si la France des festivals périclite faute de spectateurs fidèles, la nudité que certains d’entre eux ont cru devoir adopter risque de devenir un terrible symbole de leur avenir. Il arrive hélas que des sources intermittentes se tarissent aussi en matière de revenus.
Denis LENSEL
