Samedi 3 décembre après-midi, l’association des « Écrivains catholiques de langue française » avait réuni à Paris une centaine d’auteurs dans le grand salon des fêtes de la Mairie du VIe : tous adhérents ayant publié au minimum trois ouvrages mais certains ayant poussé l’audace jusqu’à en avoir écrit plus de cinquante, parfois davantage encore, ce qui est mon cas puisque j’en suis en effet à plus de soixante (seulement une quarantaine publiés), sans pour autant être un écrivain professionnel, n’écrivant que lorsqu’il me semble avoir quelque chose à dire, fut-ce hélas à mon seul tiroir.
Cette année, quelque chose a dû bouger dans le monde parisien en et hors les murs : le salon, n’ouvrant que de 14 h 30 à 18 h 30, a été parcouru nettement par un plus grand nombre de lecteurs que les années passées. Cette foule incessante n’était pas venue juste pour « voir » les écrivains – quoique certains individus filent devant eux sans même leur jeter un coup d’œil… –, mais pour se choisir, en ces quelques quatre à six centaines de publications, des ouvrages susceptibles de les aider à mieux comprendre leur temps, leur pays ou leur foi ; aussi à se fournir en cadeaux pour leurs enfants, grands et petits…
Quand on pense à ces plus ou moins petits, plus ou moins intéressés par la lecture, nombre de ces passants ne sont là que pour leur faire plaisir au soir de Noël, leur offrir des ouvrages dont ils savent d’avance qu’ils ne trouveront sur les étals des auteurs ni horreurs ni cochonneries : choses qui hélas se multiplient dans les salons profanes.
Sans oublier naturellement leurs amis soucieux de s’alimenter en lectures agréables ou précieuses.
La grande salle qui accueille le salon est très sympathique, sans courants d’air, bien éclairée, chauffée juste à point. Des bénévoles distribuent aux écrivains des cafés quasi trop chauds et des bouteilles d’eau de source, tandis que les visiteurs peuvent, à un bar spacieux, boire des boissons sans alcool… Un service spécial permet aux auteurs de n’avoir pas à se soucier de la monnaie qu’ils n’ont jamais, sinon au plus profond de leurs inaccessibles poches : avantage plus précieux qu’on ne le pense ! Les lecteurs, surtout ceux qui se promènent avec cinq ou six ouvrages sous leurs bras, parfois encore davantage, apprécient de pouvoir régler en une seule fois le prix de leurs achats sans avoir à sortir leur porte-monnaie. Quant aux auteurs délivrés de cette ennuyeuse charge, ils peuvent réserver leur talent à préparer de subtiles dédicaces pour ces ouvrages que l’on va nécessairement leur acheter et qu’ils auront la joie de voir partir entre les mains de vrais lecteurs… – espoir, espoir ! mais parfois un seulement, parfois aucun… !
Parfois beaucoup plus, sur une longue file, quant l’invité majeur est très connu… Il est vrai que sur la centaine que nous sommes, malgré les lettres envoyées, les cartons, les coups de téléphones donnés, certains restent parce que totalement inconnus sans avoir la moindre visite. La première fois où je suis venu à ce Salon, à part un ami, je n’ai vu personne se pencher sur mes ouvrages. J’avais beau invoquer saint Joseph, personne ! La seconde fois, un seul de mes titres me fut demandé tandis qu’une autre personne fut curieuse de les regarder. Au troisième salon, deux ou trois, et cette année, qui est au moins ma neuvième présence, neuf titres, oh gloire ! Voyez, chers lecteurs, ce qu’accomplit la patience !
Chers amis de la « France Catholique », n’oubliez donc plus que ce salon existe entre chaque fin de novembre et début de décembre : excellentes dates pour se charger de cadeaux utiles avant Noël et le Jour de l’An…