Comme prêtre ayant des décennies d’expérience, ayant entendu plusieurs milliers de confessions, je peux attester de l’importance de ce sacrement pour une société en bonne santé. Comme le déclare le Catéchisme de l’Église Catholique, aux yeux de la foi, il n’est pas de mal plus grave que le péché et rien n’a autant de conséquences néfastes sur les pécheurs eux-mêmes, sur l’Église et sur le monde entier. Par conséquent, il nous a été donné ce sacrement comme moyen de recouvrer la grâce de Dieu, lui qui est riche en miséricorde et soucieux de notre salut. De plus, les grâces reçues dans le sacrement nous aident à combattre la tentation de pécher à nouveau.
On doit demander ce don précieux tant pour soi que pour les autres. Dans mon expérience d’amener au sein de l’Église, par la grâce de Dieu, un bon nombre de convertis, quand je leur demande pourquoi ils veulent devenir catholiques, une réponse fréquente est : « Père, je veux être lavé de mes péchés… » Et souvent, ils poursuivent en disant : « …et alors je serai digne de recevoir Notre Seigneur et Sauveur dans l’Eucharistie. »
Tout ceci comme prologue à un fait nouveau intéressant : les prêtre catholiques sont représentés avec respect dans leur rôle de confesseur dans plusieurs séries télévisées. Celles auxquelles je pense (qui sont loin de transmettre les valeurs chrétiennes à tous les niveaux) dépeignent généralement les prêtres de façon positive, même quand leurs pénitents n’acceptent pas forcément les conseils qui leur sont donnés.
Retournons quelques années en arrière à la toute première série que j’ai à l’esprit. Elle concerne l’épouse de Tony Soprano dans Les Soprano. Toute pauvre femme qu’elle est (engagée dans un très mauvais mariage, c’est peu de le dire) elle se confesse fréquemment, assiste à la messe et encourage ses enfants à faire de même.
Plus récemment, la série populaire aux multiples Emmy Awards Mad Men, qui vient juste de s’achever, présente plusieurs scènes poignantes de direction spirituelles entre un prêtre et une femme ayant avorté mais trouvant néanmoins difficile de le lui avouer. C’est particulièrement remarquable parce que la série est pleine d’hommes et de femmes ne vivant que pour le plaisir et la richesse et sans cesse en train de briser leurs vœux de mariage. A ce que j’en sais, aucun des personnages n’est catholique à l’exception de cette femme.
La dernière série que je signale à votre attention s’appelle Daredevil. Le héros est avocat le jour et justicier la nuit, dans le quartier de New-York où il a grandi, Hell’s Kitchen. Plus important, c’est un catholique consciencieux qui confesse ses péchés et bénéficie de la direction spirituelle de son curé de paroisse.
A juger de ce que j’ai vu jusqu’ici, je ne le vois pas bon candidat à la canonisation si sa vie s’arrêtait au stade de développement spirituel où il en est. Mais il est rafraîchissant de voir un jeune personnage de la télé se confessant et cherchant à être guidé par un excellent confesseur. Qui sait, le personnage de ce prêtre a peut-être été inspiré en partie par le curé actuel de Hell’s Kitchen : le père George Rutler, un grand confesseur dont certains lecteurs de The Catholic Thing connaissent peut-être les écrits.
Quoi qu’il en soit, on ne peut nier qu’il y a dans le monde du divertissement des preuves d’une résurgence du respect pour le rôle de confesseur. Je suis sûr que Frank Capra, John Ford et Alfred Hitchcock – tous des réalisateurs catholiques qui n’avaient pas peur de le montrer – approuveraient.
Un premier exemple d’incorporation créative du catholicisme d’Hitchcock survient dans son film de 1953, La loi du silence, où Montgomery Clift campe un prêtre accusé de meurtre. Il ne peut pas se défendre convenablement parce qu’il ne peut pas trahir la confession du véritable meurtrier. Une intrigue pleine de rebondissements tournant autour du secret de la confession a depuis longtemps fasciné de nombreux auteurs, y compris des scénaristes de films, en raison de l’importance des enjeux : d’un côté l’emprisonnement ou l’exécution, de l’autre une damnation éventuelle.
Un autre film classique présentant la confession est Le fugitif de John Ford, adaptation du roman percutant de Graham Greene Le pouvoir et la gloire. Le livre décrit un prêtre adonné au whisky qui tourne martyr durant les persécutions mexicaines du 20e siècle, qui ont produit de vrais martyrs, tel le bienheureux Miguel Angustin Pro. (Le prêtre de Ford est ravagé par le doute et la lâcheté plutôt que par l’alcool et la luxure). Le prêtre est piégé en se dévoilant lors de l’appel d’un mourant qui désire se confesser.
Et il y a aussi pas mal de bons livres valant la peine d’être consultés sur les films et réalisateurs catholiques. On peut commencer avec profit avec Catholics in the Movies (Catholiques dans les films) édité par Colleen McDannell. En plus Oasis : Conversion Stories of Hollywood Legends, de Claire Kendall et Dolores Hart présente quelques histoires extraordinaires de convertis ou de repentants dans la cité du clinquant.
En l’occurrence, grâce au pape François, nous allons célébrer une année de la miséricorde à partir du 8 décembre prochain. On ne peut qu’espérer que des millions de personnes profitent de l’immense sacrement de la miséricorde. A cette fin, nous devrions faire de notre mieux, par la parole et l’exemple, pour entraîner les gens au confessionnal, qui a son tour les conduira à l’autel recevoir valablement le Seigneur Jésus dans l’Eucharistie. Et ces exemples issus de films et téléfilms populaires pourraient être d’une grande aide.
Le père C. John McCloskey est historien de l’Eglise et chercheur non résidant à l’institut Foi & Raison. Il écrit depuis Menlo Park.
Illustration : Henri Fonda joue le prêtre dans le film de Ford « Le fugitif »
source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/21/the-sacrament-of-penance-and-hollywood/