Le réveil de l’Amérique - France Catholique
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Le réveil de l’Amérique

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Les « Knights of Colombus » 1 forment un ordre familier à la plupart des lecteurs de « The Catholic thing » Je suppose qu’il n’y a pas au monde d’organisme catholique aussi connu, et ce, depuis un siècle.

Mais plus récemment, sous l’influence du Grand Maître Carl A. Anderson, l’organisation est devenue plus qu’une œuvre essentiellement caritative ; C’est une voix qui s’impose sur la place publique, particulièrement dans les débats qui concernent la liberté religieuse et les menaces qu’elle subit.
Je suis certain que les prédécesseurs de Monsieur Anderson — les plus récents, Virgil C. Dechant, et John W. Mac Devitt — étaient d’excellents chefs. Pourtant, (n’étant pas un chevalier) je ne me rappelle pas avoir jamais rencontré ni entendu aucun de ces deux hommes, alors que dans nos discussions nationales courantes à propos des heurts entre la foi, la culture et la politique, Carl Anderson est, comme on dit, un acteur clé.

Nous avons eu ici l’occasion de parler de deux de ses derniers ouvrages: « Beyond a house divided » (Au-delà d’une maison divisée), et « Our Lady of Guadalupe » (Notre Dame de Guadeloupe — co-écrit avec le frère Edouardo Chavez) et voilà qu’arrive un nouveau livre numérique, essentiellement politique (que l’on pourra télécharger pour $2.99) « Proclaim Liberty: Notes on the Next Great Awakening in America » (Proclamons la liberté : Réflexions sur un prochain grand réveil de l’Amérique). Comme le suggère son sous-titre, Monsieur Anderson trouve des raisons d’être raisonnablement optimiste à une époque de cynisme triomphant.

L’argumentation de M. Anderson est en acier inox : L’Amérique est fondée sur la croyance que nos droits les plus fondamentaux viennent de Dieu, non du gouvernement, mais ce principe n’est pas couramment en vogue à Washington, où la vision dominante reflète la prétendue Doctrine Cuomo 2 : celle-ci tolère l’immoralité, quoique avec de légères réticences — c’est une ligne d’attaque contre l’enseignement de l’Eglise catholique que réaffirment souvent les politiciens catholiques. Inutile ici de citer des noms ou des arguments.

Pourtant, à force de recherches, M. Anderson est convaincu que la majorité des américains est en fait d’accord avec le fond de la doctrine sociale de l’Eglise Catholique, et, à mon avis de façon moins convaincante, que nous avons des chances d’apaiser le débat public fiévreux par la courtoisie, la charité, l’engagement et la coopération.

En un sens, je suis d’accord : nous ferions plus de progrès en politique, et peut-être aboutirions à une solution plus catholique sur les questions sociales si les gouvernants étaient davantage persuadés de la supériorité des vertus catholiques – particulièrement de l’amour. Mais « post hoc ergo propter hoc » (après celà, mais tout près) Et, comme le remarque M. Anderson lui-même, beaucoup de catholiques (et de non-catholiques) en sont arrivés à considérer la Doctrine Cuomo comme une sorte de trêve dans la guerre des cultures.

M. Anderson a une vision à long terme, un peu dans l’esprit de l’affirmation de Marshall Mac Luhan [philosophe canadien – 1911 – 1980] : « Il n’y a absolument aucune raison de considérer que c’est inévitable du moment qu’il y a la bonne volonté d’examiner ce qui se passe » et de le changer. Mais étant donné la manière dont chacun se retranche sur ses positions en ce qui concerne les questions sur la vie, la bonne volonté semble lointaine, sinon illusoire. Les électeurs votent selon leur quant-à-soi et les politiciens les y encouragent.

Je suppose que les choses commenceront à changer quand émergera un homme politique qui personnifie ce pour quoi plaide M. Anderson. En fait j’aimerais que Carl Anderson se présente comme président.

En attendant, chez nous la politique concerne le pouvoir, et non les principes
Pardonnez-moi de citer le passage familier de Robert Bolt dans « Man for All Seasons » [Un homme pour l’éternité ], où Thomas More conteste l’affirmation de son futur gendre, Will Roper, quand il dit que le diable est lâché en Angleterre, et que toutes les lois devraient être abolies afin de l’arrêter. Roper déteste l’injustice, mais More, futur martyr et futur saint, ne veut pas en entendre parler :

Et quand la dernière loi sera abolie, et que le diable tournera autour de toi, où te cacheras-tu Roper, puisque toutes les lois seront abolies ? Ce pays est couvert d’une épaisse couche de lois, d’une côte à l’autre — des lois humaines, pas des lois divines — et si tu les abolis, crois tu pouvoir rester debout dans l’appel d’air qui se produira ?

Je pense à cela chaque fois que quelqu’un trouve normale l’habitude qu’a l’administration de refuser d’appliquer une loi, ou considère comme démontrée sa bonne volonté alors qu’elle contourne le Congrès pour poursuivre sa propre vision de la justice. Et ne vous y trompez pas : chaque régime, qu’il soit démocratique ou totalitaire, croit qu’il cherche la justice. Il y a bien sûr des différences fondamentales, mais qu’une élite aux commandes du pays assassine ses opposants ou qu’elle lui offre un procès, cette élite croit toujours agir pour le mieux ; pour le futur bien du peuple.

Une des causes de l’hostilité des Américains envers la politique, est la volonté utilitaire des « deux bords » de chercher à atteindre des buts spécifiques, sans égards pour les moyens de la morale ou de la loi ; mises sur écoute sans garanties ; politique de l’immigration régie par décrets. Ce qu’aucun des deux bords ne semble prêt à reconnaître est à quel point ce choix illégal de l’exercice du pouvoir (et l’inflation de la légifération) est à double tranchant. Le pouvoir passe inévitablement d’un parti à l’autre, ce qui veut dire que si vous êtes démocrate [gauche], vous avez mis au point une vaste autorité fédérale uniquement pour la remettre entre les mains des républicains [droite]. Et vice et versa.

Sommes-nous assez myopes pour croire que nos « adversaires » ne reprendront jamais le pouvoir ? Le va-et-vient s’est il arrêté ?
Dans la poursuite immorale d’impératifs moraux, les deux bords ont forgé des armes puissantes qui dans les mains d’ennemis se retournent contre eux.
Carl Anderson est un fan de « Un homme pour l’éternité » et un admirateur de Saint Thomas More, et finalement, il recommande dans le domaine public une réserve de type More. More n’était pas d’accord avec l’autorité séculière d’Henri VIII, mais il ne l’a pas discutée, et il est mort « Bon serviteur de sa Majesté, mais Dieu premier servi ».

Si les catholiques américains évitaient de voter, ce qui — paix à l’USCCB 3 — à la suggestion d’Anderson est un moyen légitime et pacifique de protester quand les positions des deux candidats sont moralement déficientes, serait-ce vraiment imiter l’exemple de More ? Anderson demande : Quel « candidat ou parti politique pourrait supporter la perte de millions d’électeurs catholiques ? »

Bonne question, mais je redoute la réponse !

J’espère que l’optimisme de Carl Anderson prévaudra et que ma tristesse s’evaporera. Ce serait possible s’il était candidat à la présidence.


Brad Miner est éditeur senior de The Catholic thing, membre senior de l’institut Foi et Raison, et membre du conseil de l’Aide à l’Eglise en détresse aux Etats-Unis.

Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2012/awakening-america.html

Photo : Carl Anderson

  1. Chevaliers de Christophe Colomb
  2. La « Doctrine de Cuomo » (Mario Cuomo, ancien gouverneur de l’État de New York) a engendré une génération de « pro-choix / pro-avortement » se réclamant du catholicisme, et prétendant aboutir à une sorte d’armistice en ce domaine.
  3. Conférence Épiscopale aux États-Unis