Le Pouvoir - France Catholique
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Chez nous, soyez Reine !
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Le Pouvoir

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Je pourrais avoir le pouvoir.

Si j’avais la foi, je pourrais faire des miracles. Mais je ne l’ai pas donc c’est impossible. Dieu merci car nul ne peut dire ce que j’en ferais !

Mais en fait, c’est faux car si j’avais cette sorte de Foi, je ne ferais aucune manigance : Il ne serait pas question de demander à Dieu de frapper al Quaïda et les Talibans là où ils sont. Encore moins d’invoquer les saints pour avoir un Bugatti Veyron dans mon allée.

Dans ce cas là, le pouvoir ne corrompt pas, et le pouvoir absolu sauve le monde.
Par la prière, je serais peut-être capable de guérir les malades ou de déplacer une montagne (cependant pourquoi j’aurais envie de déplacer une montagne, et où je la mettrais, sont des questions auxquelles je ne peux pas répondre), mais il y a sûrement des choses que même une personne profondément croyante ne peut pas accomplir – quelle que soit la perfection de sa prière.

En ce qui concerne le déplacement des montagnes, Jésus exposait un fait, décrivait un aspect de ses capacités divines. Mais cela ne veut pas dire que même le plus saint des hommes pourrait accomplir la même chose. Jésus aurait pu soulever le Mont Thabor et le plonger dans la vallée de la mort, mais dans quel but ? Pour se faire remarquer ? Tout de même pas !

La puissance de la prière seule est insuffisante pour amener une autre personne à croire en Jésus Christ. La prière n’est pas une matraque destinée à rosser quelqu’un, genre passe de basket, et le tirer à l’église. Ma prière ne peut pas remplacer son consentement – ni sa résistance.

A ce titre, j’admire la sagesse du satiriste protestant Jonathan Swift : « Cela ne sert à rien d’essayer de tirer un raisonnement de quelqu’un qui n’en a jamais reçu. » Mais la puissance de la prière aide… Surtout si la personne pour laquelle on prie sait que l’on prie pour elle.

Cela peut l’amener à penser que Dieu, s’il existe, a le pouvoir de répondre aux prières. En d’autres termes, cela tourne son esprit vers Dieu.

Comment y arrivons-nous, demandait le pape François, rhétoriquement le mois dernier dans une allocution au moment de l’Angélus. Nous l’obtenons de Dieu dans la prière. La prière est la respiration de la foi, de l’amour, on ne peut pas faire abstraction du dialogue, et la prière est un dialogue entre l’âme et Dieu.
Prier, c’est reconnaître le fondement de l’être. Prier chaque jour, c’ est se souvenir toujours de Qui est aux commandes. Quand on a une intention pour laquelle prier, on prie. Habituellement, on prie pour quelque chose qu’on ne peut pas obtenir par soi-même. Personne ne prie « O Seigneur, fais qu’il y ait du lait dans le frigidaire. » Non, on va soi-même en acheter un litre au magasin. On prie pour la guérison d’un ami malade. On prie pour être délivré de son propre égoïsme, et de son péché.

Tout le monde a l’une ou l’autre intention à présenter à notre Dieu Trinité. Et il y a des moments dans nos vies où le conflit, la maladie, la mort imminente –ajoutez vos propres besoins- donnent à nos prières une intensité intéressée qui franchement, n’est pas spécialement chrétienne.

J’ai prié pour mon fils aîné, militaire, quand il était en Iraq pour une mission d’un an. Je pense que c’était bien que je prie pour lui. Mais dès le début, j’ai réalisé que je devais aussi offrir des prières pour tous les autres soldats, marines, marins ou aviateurs stationnés là-bas, en Afghanistan, et partout où l’armée américaine était engagée dans ce monde troublé. Je voudrais bien prier pour la paix du monde, mais je ne veux pas perdre mon temps, (ou celui de Dieu) à espérer ce que tout chrétien intelligent sait que nous ne verrons pas arriver avant que le Seigneur ne revienne.

J’ai eu le genre d’éducation qui m’amène quand je prie à dire des choses comme : « O Jésus, prends mon fils sous ton égide…. » Le mot égide vient d’un mot grec qui désigne une peau de chèvre et se réfère, à l’origine, au bouclier de Zeus , ou de sa fille aux yeux brillants Athena, qui offrait protection du danger à tous ceux qui le transportaient. Diable, je me serais contenté de la cape d’invisibilité de Harry Potter, sauf que, comme l’égide, elle n’existe pas vraiment.
Mais tous les jours, je priais (c’était programmé sur l’agenda de mon ordinateur, et y apparaissait chaque matin) pour que les paroles de Notre seigneur dans Luc X 19, soient une « égide »  pour mon soldat : « Voici que je vous ai donné le pouvoir de fouler aux pieds serpents, scorpions, et toute la puissance de l’ennemi, et rien ne pourra vous nuire. » Voilà une définition plus moderne et complètement réelle de l’égide : « Appui, soutien, parrainage, spécialement quand il est fourni par une organisation, un groupe ou un individu qui sont notables et qui font autorité.

Je me moque de moi-même quand, pendant la messe, il m’arrive de penser : « Notre notable individu qui fais autorité, que ton nom soit sanctifié… » Parfois, mon esprit caustique est complètement à côté de la plaque. Quand même, je suis à la messe.

Mais des appels à une autorité supérieure (pensez à la prière que font les alcooliques anonymes, tirée de la « prière de sérénité » de Reinold Niebuhr) sont souvent le fait de non croyants. Un athée devant un désastre imminent ne restera pas muet, il va s’écrier : « Oh, mon Dieu, non ! » Il le fait parce qu’il ne peut rien faire d’autre.

Le paradoxe de la puissance de la prière est dans le fait qu’elle nous rappelle que si nous cherchons quelque chose de grand, nous devons nous réduire à presque rien. Parce que ce n’est pas le saint qui guérit, mais Dieu à travers le saint dont l’humilité rend la chose possible, fait d’un simple homme une voie de communication pour l’amour et la puissance de Dieu.

A propos de la Bugatti, c’est une automobile magnifique et un mariage presque miraculeux d’art et de mécanique d’une puissance de 1000 chevaux, mais son empattement est trop large pour passer à travers la grille.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/the-power.html