Le « droit à l’avortement » été célébré parmi ses dévots comme le remède au problème persistant de la condition humaine : la grossesse « non désirée », qui arrive hors saison, au mauvais moment, avec le mauvais partenaire.
Question : quand avons-nous entendu parler pour la dernière fois d’un couple homosexuel surpris d’avoir « conçu », sans le vouloir vraiment ? Ce fait de la nature, brutal et évident aurait dû être un guide révélateur en soi pour expliquer pourquoi une loi sur le mariage a été établie pour régler les relations entre un homme et une femme.
Roberts, le Président de la Cour Suprême a finalement pris la peine de faire ressortir cet argument élémentaire. Mais maintenant il l’a fait dans un avis contraire alors que le tribunal prenait les dernières mesures vendredi dernier et déclarait que le « mariage homosexuel » était un droit constitutionnel.
La race humaine doit procréer pour survivre. La procréation a lieu par les relations sexuelles entre un homme et une femme. Quand le résultat des relations sexuelles est la conception d’un enfant, les perspectives d’avenir de cet enfant sont généralement meilleures si la mère et le père restent ensemble au lieu de s’en aller dans des directions différentes. Donc, pour le bien des enfants et de la société, les relations sexuelles pouvant conduire à la procréation ne devraient se produire qu’entre un homme et une femme engagés à un lien durable.
Voilà le fond élémentaire du problème. Comme Ryan Anderson le fait remarquer sans cesse, l’Etat n’a pas la responsabilité de donner un permis aux amitiés et autres relations « intimes, affectueuses». Mais il existe un besoin critique de créer un cadre d’engagement pour envelopper la procréation et les soins des enfants.
Et cependant, ces questions fondées dans la nature la plus simple, accessible aux gens ordinaires, sont apparemment trop primaires, trop simples pour changer l’avis du Juge Anthony Kennedy, attiré par des théories de personnes cherchant toujours à « exprimer leur identité » dans leur recherche toujours élusive de « sens » dans leurs vies.
Certains d’entre nous s’accrochaient à l’espoir très mince que ce cas de Obergefell v. Hodges pourrait avoir une issue moins surprenante. Mais personne ne doutait qu’Anthony Kennedy était déterminé à continuer sur le chemin qu’il avait suivi il y a dix neuf ans pour Romer v. Evans et arriverait à la conclusion vers laquelle cette logique visait inéluctablement : L’aversion envers la vie homosexuelle pourrait être expliquée avant tout par un « animus » irrationnel. Les lois qui refusent d’accepter le mariage pour homosexuels doivent être affectées par le même animus irrationnel. Donc, ces lois ne peuvent pas être absolument « justifiées. Elles ne peuvent donc pas revendiquer justement le statut de loi.
Nous avons déjà entendu parler, et nous entendrons encore justement parler, du fait que cinq avocats ont pris l’initiative de remanier une institution qui est liée aux lois depuis que les lois existent. De cette manière ils ont aussi retiré le sujet du mariage de l’arène politique, où les citoyens ordinaires pouvaient résoudre leurs différences grâce aux lois qui gouvernaient leurs vies. Tout cela est vrai, mais cela reflète aussi le vice actuel de « jurisprudence conservatrice » : les conservateurs sont beaucoup plus à leur aise quand ils parlent de « procédure » que quand ils parlent de la substance de la chose.
Et ainsi le lendemain de la décision pour Obergefell, le Wall Street Journal s’est plaint de ce que « la Constitution ne parle pas du mariage et des préférences sociopolitiques, qui sont censées être réglées par le peuple et les branches politiques. » Les éditorialistes n’ont rien à redire, en somme, avec la substance de la décision, mais avec la manière par laquelle on y est arrivé.
Et pourtant, la Constitution n’a pas parlé non plus du mariage quand le Tribunal a aboli les lois qui interdisaient le mariage entre personnes de races différentes. Il s’agissait d’expliquer pourquoi la race n’était pas un critère justifié pour juger de la capacité de quelqu’un à se marier. On devait donc expliquer pourquoi il n’était pas injustifié de la même manière d’insister que le mariage n’avait de sens qu’entre un homme et une femme.
Au cœur du problème se trouve le fait incontournable du « sexe » au sens le plus strict, le sexe qui a comme telos, ou but, la procréation d’enfants. C’est ce but qui explique pourquoi « Il les a créés homme et femme. ». Ce qui semblait toujours embarrasser les hommes de loi c’était d’expliquer qu’il y avait une correspondance naturelle entre les actes corporels d’accouplement chez les hommes et les femmes et la procréation des enfants qui incarneraient, dans une seule chair, le mariage de cet homme et de cette femme.
Oui, les couples peuvent n’avoir pas d’enfants, et ils peuvent adopter des enfants, comme les couples homosexuels peuvent adopter des enfants. Mais rien de tout cela ne change le sens qui doit toujours être attaché à l’union des corps dans ce que l’on appelle délicatement cet « acte reproducteur. » Tout clinicien qui choisit d’utiliser cette attitude pour se « rapprocher » de son malade serait accusé.
Naturellement, cela aiderait la discussion si les gens avaient le sens des sacrements – un sens plus grand que celui attaché à de simples actes corporels. Il y a vingt-cinq ans, l’avocat activiste- Nan Hunter a eu l’honnêteté de dire que le but de la campagne pour le mariage gai était d’« exposer et de dénaturaliser la construction historique du genre au cœur du mariage. »
Après tout le litige, aux théories ambitieuses, cette question de « nature »est restée le centre du problème, et c’est le sujet que les hommes de loi ont trouvé trop délicat ou trop simple pour l’expliquer.
Source : http://www.thecatholicthing.org/2015/06/29/marriage-and-the-court-the-expected-arrives/
Illustration : “Adam and Eve”de Rosario de Velasco, 1932 (Musée Reine Sophie, Barcelone).
Hadley Arkes est professeur de Jurisprudence à l’Université Amherst.
Pour aller plus loin :
- Affaire Ulrich KOCH contre Allemagne : la Cour franchit une nouvelle étape dans la création d’un droit individuel au suicide assisté.
- A propos du projet de loi espagnol sur l’avortement
- Le droit au mariage des personnes transsexuelles devant la Cour européenne
- Mariage gay : Trente-deux à zéro pour le mariage "vrai de vrai".
- Du « mariage pour tous » à la « PMA pour tous »