Le mariage est ce qu'il est - France Catholique
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Pontificat de François - numéro spécial
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Le mariage est ce qu’il est

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Des Pharisiens s’approchèrent de lui et lui dirent, pour le mettre à l’épreuve : Est-il permis de répudier sa femme pour n’importe quel motif ? Il répondit : N’avez-vous pas lu que le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et qu’il a dit : Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair ? Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Eh bien ! ce que Dieu a uni l’homme ne doit point le séparer.

Pourquoi donc, lui disent-ils, Moïse a-t-il prescrit de donner un acte de divorce (apostasiou – apostasie) quand on répudie sa femme? C’est, leur dit-il, en raison de votre dureté de cœur que Moïse vous a permis de répudier vos femmes, mais dès l’origine il n’en était pas ainsi. (Mt, 19: 3,8).

Veuillez pardonner cette citation de l’évangile selon saint Matthieu. Il fallait être aussi clair que possible quant à la nature de ce que Jésus exprimait à propos du mariage. Le mot « commencer » implique la stimulation. Le coup d’envoi dans un match. La lettre « A », première de l’alphabet. Alors le match se déroule, les lettres s’assemblent en mots, et ce qui suit n’avait guère de lien avec ce qui précédait. Mais ce n’est pas le cas du mot grec archè [primitif].

Ce mot est plus qu’une stimulation. Il est ontologiquement fondateur. De même que la tête est la première partie du corps, l’archè [le tout-premier] est le premier principe de tout, et ne saurait être limité à une période spécifique. C’est tout-à-fait ce que Jésus exprime à propos du mariage. Il ne dit pas qu’à telle ou telle époque, quelque part au loin, les hommes et les femmes ne divorçaient pas. Il dit que l’union indissoluble de l’homme et de la femme est bâtie selon l’ordre naturel du monde, telle qu’elle l’était, l’est, et le sera.

Remarquez qu’il ne fait pas référence à une loi précédente, antérieure à la permission de divorcer donnée par Moïse. La question n’est pas là. Il n’y a pas de raison de préférer une loi ancienne à une nouvelle loi, simplement au bénéfice de l’antériorité. Cette loi n’a pas d’âge. On peut bien l’abroger ou l’ignorer, on ne peut la changer ou la rejeter, pas plus qu’on ne peut nier la nature propre du genre humain.

Les pharisiens attendaient un commentaire rabbinique sur la Torah, au lieu de quoi ils eurent à réfléchir sur la signification de la création, d’un être « homme » et d’un être « femme ». Signification qui s’étend à tout le genre humain, pas seulement aux Juifs. Jésus se garde bien de faire dans l’humanité la distinction entre le peuple élu et tous les autres.

Et donc tout chrétien croyant que le mariage religieux est une chose, et le mariage civil en est une autre, rejette le message porté par les paroles du Christ. Nous ne croyons pas que, si nous sommes catholiques, nous n’avons pas le droit de divorcer. Nous croyons que la loi interdisant le divorce concerne tout le monde, et que les bénédictions accompagnant le mariage peuvent s’étendre à tous, hommes et femmes qui se marient sans même connaître l’Évangile ou le nom du Christ. Quand Adam épousa Ève, il n’y avait nul témoin, pas d’église, il n’y avait qu’eux deux, leur union, et Dieu au-dessus d’eux.

Il s’ensuit que toute attaque contre le mariage est inévitablement une rébellion, une apostasie envers le Créateur, et une agression contre l’homme lui-même. La violence du divorce se trouve dans les métaphores portées par les verbes grecs: se débarrasser, s’entre-déchirer, s’agresser mutuellement. C’est d’autant plus déplorable quand l’attaque est menée dans une société réputée chrétienne; mais c’est un mal toujours et partout, et, comme pour tout ce qui est mauvais, la punition tombe sur ceux qui le pratiquent, l’encouragent ou l’excusent.

Nous n’avons pas besoin d’entendre le monde entier proclamer le nom de Jésus, ni de voir les merveilles de la création — y-compris la majesté et la divinité du genre humain, homme et femme. Ces merveilles, la majesté, la divinité, existent déjà. Il existe déjà un côté sacramentel dans l’union par le mariage d’un homme et d’une femme, même chez les incroyants. Je ne dis pas que leur mariage est un sacrement mais j’affirme la sainteté de leur geste, même noyé dans les erreurs humaines, l’ignorance et la folie.

Ne nous trompons pas en isolant de leur contexte les propos de Jésus sur le mariage — la Création, et le plan du Créateur — pour en faire une espèce de loi néo-mosaïque. Nous deviendrions alors tels des pharisiens ; le mariage est mon propos, tant-pis pour les autres. Nous serions pour sûr des pharisiens d’un genre plus affable (et un peu poltron), affublés de notre supériorité morale tout en évitant de heurter les sentiments des incroyants.

Soyons bien clairs. Nous ne pouvons pas plus approuver le divorce, et moins encore la fornication, la sodomie et autres aberrations qu’approuver le vol, le meurtre, ou toute forme de mépris pour la vie humaine. On peut le tolérer dans certains cas pour éviter de tomber dans des conditions encore pires, mais jamais l’approuver. Le divorce est mauvais, il faut qu’il disparaisse. Être tolérant sur ce point n’est pas plus permissible qu’être tolérant envers le meurtre.

Mais ne nous congratulons pas, nous autres catholiques, en constatant que nos frères chrétiens ont succombé à la folie et à l’incohérence sur cette question — comme au sujet d’autres questions sur la sexualité. On ne se réjouit pas quand un frère a attrapé le typhus. Dans ce combat nous avons besoin de tous les alliés possibles. Et nous devons nous battre. Au nom de la vérité et de la charité.

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Source : http://www.thecatholicthing.org/columns/2013/marriage-is-what-it-is.html