Finalement, la visite prévue par Vladimir Poutine à Paris n’aura pas lieu. Du moins, pas maintenant. Après les critiques formulées par la diplomatie française à l’encontre de son action militaire en Syrie, où les bombardements continuent sur Alep, le maître du Kremlin a annulé son voyage en France. La controverse qui oppose Paris à Moscou réveille l’opposition entre partisans et adversaires de Poutine, un clivage profond qui traverse presque toutes les familles politiques en France.
Les poutinophiles, dont certains manifestent un parti pris systématique qui tend à la poutinolâtrie, révèrent Poutine comme le Messie, et accusent des pires intentions l’auteur de la moindre critique… Aujourd’hui, ils reprochent à François Hollande d’avoir raté un rendez-vous historique, et de rabaisser la place de notre pays en liant étroitement son sort à celui des méchants Américains accusés de tous les péchés d’Israël… Certains poutinophobes sont tentés de comparer exclusivement Poutine à Staline en lui attribuant, à l’excès, de façon caricaturale, tous les traits du tyran des années 30 et 40, dans un contexte cependant assez différent.
Dans ce contexte polémique qu’il n’a pas peu contribué à alimenter, Poutine se démène avec ses réseaux internationaux d’agents d’influence, et il court, il court comme le furet de la chanson. Animal politique racé, tantôt de chasse, tantôt de compagnie, jouant souvent un ou plusieurs coups à l’avance sur l’échiquier mondial, il prépare aujourd’hui une « Europe » eurasiatique aux racines pas seulement chrétiennes, mais multiples…
Poutine devient le grand ambassadeur d’une Europe élargie de l’Atlantique à… Pékin, en passant par Istanbul, avec l’appui inévitable et pesant de son puissant voisin, la Chine du belliqueux XiJinPing, dont il devient peu à peu l’obligé pour raisons économique, et avec l’aimable collaboration de son nouvel ami Erdogan … Voilà qui pourra faire réfléchir ses amis et admirateurs d’Europe occidentale, quand ils s’en apercevront, désillusionnés et dégrisés de leurs rêves d’intégristes naïfs.
A Paris ? Poutine, ce furet, est déjà passé par ici. Repassera-t-il par là, comme dans la chanson ? L’avenir le dira. Toujours est-il que sa propagande moderne démultipliée en plusieurs discours adaptés à plusieurs grandes « cibles » publicitaires lui a déjà gagné des relais zélés, souvent inconditionnels, quoi qu’il fasse, dans presque tous les milieux politiques, en France et à travers la vieille Europe de Brest-Litovsk à l’Atlantique. Alors, pourquoi ne pas en profiter ?